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    L'architecture participative est née dès 1975 au Royaume-Uni alors que des résidents souhaitaient davantage s'impliquer dans la conception architecturale. Le mouvement s'est amplifié face à l'inquiétude montante envers les grands travaux de réaménagement urbain. Walter Segal a été l'un des premiers à lancer la tendance de l'autoconstruction avant d'être suivi par les habitants du Byker Wall, à Newcastle (Royaume-Uni).

    L'architecture participative naît avec Walter Segal. Le système Segal d’autoconstruction a servi de modèle à de nombreux projets collaboratifs, comme c'est le cas du lotissement Byker Wall, à Newcastle, construit entre 1969 et 1980. © Holger Ellgaard, DP
    L'architecture participative naît avec Walter Segal. Le système Segal d’autoconstruction a servi de modèle à de nombreux projets collaboratifs, comme c'est le cas du lotissement Byker Wall, à Newcastle, construit entre 1969 et 1980. © Holger Ellgaard, DP

    L'un des pionniers anglais de l'architecture participative est Rod Hackney, qui présida le Royal Institute of British Architects (Riba). Alors étudiant en doctorat à l'université de Manchester, il achète une maison sur Black Road, à Macclesfield, pour finalement découvrir qu'elle est promise à la démolition. Travaillant avec d'autres familles, il lance un plan de rénovationrénovation, dont une bonne part sera réalisée par le travail des habitants. Hackney ayant un vrai talent de communication, cette initiative devient le catalyseur de nombreux projets participatifs.

    Walter Segal, un pionnier de l'autoconstruction

    Walter Segal, d'origine suisse, est quant à lui un précurseur de l'autoconstruction. Dans les années 1960, il conçoit lui-même sa maison à ossature bois, dans le quartier de Highgate, à Londres, qui devient le prototype du système Segal d'autoconstruction. Dans les années 1970, le district londonien de Lewisham met un terrain à la disposition d'un groupe précurseur. À la mort de Segal en 1985, une fondation est chargée de poursuivre son œuvre.

    Les projets d'architecture participatifs sont très estimés pour leur intérêt social, mais peu d'entre eux ont produit des travaux présentant un véritable intérêt architectural. Il existe tout de même des exceptions notables. Le lotissement de Byker Wall, à Newcastle (1969-1980), par RalphRalph Erskine, très admiré, a été conçu en étroite collaboration avec les résidents. En Belgique, la Maison médicale du campus de l'université catholique de Louvain, à Woluwe-Saint-Lambert (1970-1982), offre un aspect anarchique contrôlé, qui reflète délibérément le rôle joué par les étudiants dans la conception.

    Samuel Mockbee et le Rural Studio de l'université d'Auburn, en Alabama

    L'effort le plus systématique pour théoriser un processus de conception participative revient à l'architectearchitecte et universitaire britannique Christopher Alexander, longtemps professeur à l'université de Californie, à Berkeley (États-Unis). Son livre de 1977, A Pattern Language, s'appuie sur une analyse exhaustive des constructionsconstructions traditionnelles pour révolutionner les méthodes de conception et redécouvrir les valeurs universelles de « l'art de la construction intemporelle » (The Timeless Way of Building, titre d'un ouvrage publié en 1978).

    Plus récemment, l'exemple d'architecture participative le plus intéressant est le Rural Studio, de l'université d'Auburn, en Alabama (États-Unis). Fondé par le très influent architecte et Professeur Samuel Mockbee (1944-2001), le Rural Studio est à la fois un support éducatif et un moyen d'améliorer les conditions de vie dans l'une des régions les plus pauvres des États-Unis. Son premier projet marquant, le Hay Bale House, date de 1994. Il s'agit d'une maison bâtie pour un couple de personnes âgées élevant trois petits-enfants dans une baraque délabrée. Déployant une esthétique radicalement contemporaine ancrée dans le respect des formes vernaculaires du vieux Sud, Mockbee et ses étudiants enchaînent alors une série de projets inventifs, utilisant pour la plupart des matériaux recyclés.