Qui n’a jamais commandé un livre, un billet de train ou un voyage sur Internet ? Si la pratique est désormais monnaie courante dans le secteur des loisirs et du tourisme, l’achat de produits financiers, lui, peine à s’imposer dans les habitudes de consommation des Français.

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    Si les Français réalisent régulièrement des achats de produits culturels et de tourisme sur le net, ils ne semblent pas encore prêts à souscrire de cette façon à des produits financiers, contrairement à leurs voisins d'Europe du Nord. © Ferenc Cegledi

    Si les Français réalisent régulièrement des achats de produits culturels et de tourisme sur le net, ils ne semblent pas encore prêts à souscrire de cette façon à des produits financiers, contrairement à leurs voisins d'Europe du Nord. © Ferenc Cegledi

    Selon une étude récente, en France, moins d'une personne sur cinq (19 %) utilise InternetInternet dès lors qu'il s'agit de souscrire à une assurance-vie ou d'ouvrir un compte par exemple. La France est ainsi « significativement en retard par rapport aux pays scandinaves, au Royaume-Uni, aux États-Unis et à l'Espagne, mais les choses commencent à bouger », explique à l'AFP Amélie Oudéa-Castera, directrice marketing de l'assureur Axa France.

    Outre la nature même des produits financiers, qui est pointée du doigt à cause de leur complexité, plus prosaïquement, des difficultés pratiques à l'achat viennent s'ajouter. Parmi celles-ci figure notamment la nécessité de fournir de nombreux papiers pour procéder à l'ouverture d'un compte : rares sont les internautes qui disposent de tous les documents immédiatement à portée de main, ou déjà numérisés sur ordinateurordinateur pour faciliter un envoi par e-mail.

    Les Français sont encore attachés à la vente en agence, pour la souscription de produits financiers, tels que les assurances ou les crédits. © Ganderssen, Flickr, cc by 2.0

    Les Français sont encore attachés à la vente en agence, pour la souscription de produits financiers, tels que les assurances ou les crédits. © Ganderssen, Flickr, cc by 2.0

    D'autre part, le poids du réseau d'agences, l'un des plus denses en Europe, pousse davantage les consommateurs à souscrire sur place plutôt que depuis leur domicile. Et ce, même s'ils utilisent préalablement des comparateurs en ligne pour faire leur choix. « La présence des comparateurs constitue un élément important de pédagogie pour les clients, mais elle ne permettra que partiellement de préparer le marché à un recours plus fréquent à la vente par Internet, car le point clé reste l'importance de la démarche de conseil », souligne la directrice marketing.

    Moins de 1 % des crédits immobiliers souscrits via Internet

    Les différents produits financiers n'en sont néanmoins pas au même stade de développement. Selon le cabinet Roland Berger, les produits d'épargne et d'investissement sont les plus avancés, avec 12 % des ventes totales réalisées sur le Web en 2012. La proportion tombe à 4 % pour les produits d'assurance et à 1 % pour le crédit immobilier, très loin du tourisme et des transports (42 %) et des produits culturels (18 %).

    « On peut anticiper que le poids des produits financiers vendus par Internet va croître, mais il restera toujours inférieur à celui du tourisme. Pour l'assurance, on devrait passer de 4 % d'affaires nouvelles en 2012 à une fourchette comprise entre 5 et 10 % en 2016. À l'horizon 2030, la proportion ne devrait pas dépasser 20 % », avance Christophe Angoulvant, responsable du centre de compétences services financiers à Roland Berger.

    Il fait également valoir que l'assurance directe a du mal à s'imposer en France, car les assureurs traditionnels proposent des tarifs bas, ce qui laisse peu de place pour de nouveaux entrants 100 % Web, dont la spécialité est souvent de casser les prix.

    L’union Web fait la force pour vendre des produits financiers

    Pour convaincre les récalcitrants de franchir le pas, diverses initiatives voient le jour. Un nouvel acteur propose ainsi un système d'achats groupés de produits financiers sur Internet, à l'image de ce que propose l'américain Groupon pour des services ou des repas au restaurant. Le principe serait donc le même : un nombre minimal d'internautes devraient souscrire à une offre fixée à l'avance et, une fois le quota atteint, la promotion est définitivement validée.

    Pour Maxime Camus, directeur général de finansemble.fr, cette démarche permettrait au consommateur de profiter d'une offre attractive, avec des frais d'entrée sur une assurance-vie offerts par exemple. Quant à l'entreprise, elle aurait la possibilité de recruter des clients avec un coût d'acquisition beaucoup plus faible. Gagnant-gagnant peut-être... mais quid des commissions ?