Doit-on interdire l’usage de cuisinières au gaz ? Depuis quelques semaines, le débat fait rage aux États-Unis. Car la question se pose aussi bien d’un point de vue environnemental que de santé publique. Un expert de la question livre aujourd’hui quelques réflexions à ce sujet.


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    Ces derniers mois, plusieurs études ont montré la dangerosité des cuisinières à gazgaz. Non seulement pour le climatclimat, puisqu'elles fonctionnent au gaz fossilefossile -- essentiellement du méthane (CH4), un puissant gaz à effet de serregaz à effet de serre -- qui émet du dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) lorsqu'il brûle, mais qui peut aussi s'échapper tout simplement profitant de fuites dans l'installation. La combustioncombustion du gaz fossile est aussi connue pour émettre d'autres gaz, mauvais pour notre santé. Des oxydes d'azoteoxydes d'azote (NOx), notamment. Ils peuvent provoquer toutes sortes de difficultés respiratoires. Aux États-Unis, quelque 13 % des cas d'asthmes infantiles pourraient ainsi être attribués à l'utilisation de cuisinières à gaz ! Certaines études ont aussi montré l'émissionémission de benzènebenzène, connu pour être cancérigène.

    Alors faut-il interdire l'usage de cuisinière au gaz ? Aux États-Unis, le débat fait ragerage. Il suscite de vives émotions. Peut-être parce que le sujet est sensible. Parce qu'il touche à l'intimité. À notre cuisine. Celle où nous préparons les repas pour notre famille. C'est l'analyse d'un chercheur de l'université de Boston (États-Unis), Jonathan Levy. Il étudie l'impact des cuisinières à gaz sur la qualité de l'airair intérieur depuis la fin des années 1990 déjà.

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    Selon lui, il y a à la fois des changements structurels et des changements de comportement qui peuvent faire une grande différence. L'un d'entre eux, bien sûr, c'est d'arrêter d'utiliser une cuisinière au gaz. Et de la remplacer pour une cuisinière électrique. Surtout si le mix électrique du pays est bas carbone. C'est d'autant plus important que la maison est petite et son volumevolume intérieur réduit. D'ailleurs, plusieurs villes aux États-Unis ont d'ores et déjà éliminé les raccordements au gaz fossile dans les nouvelles constructionsconstructions.

    En plein débat sur la dangerosité des cuisinières au gaz, on apprend que les constructeurs auraient développé des brûleurs moins polluants il y a plusieurs dizaines d’années. Mais ils ne les ont jamais mis sur le marché. Parce qu’ils sont plus chers, moins durables, plus difficiles à nettoyer et parce que la demande n’y était pas. Cela pourrait changer… © Photocreo Bednarek, Adobe Stock
    En plein débat sur la dangerosité des cuisinières au gaz, on apprend que les constructeurs auraient développé des brûleurs moins polluants il y a plusieurs dizaines d’années. Mais ils ne les ont jamais mis sur le marché. Parce qu’ils sont plus chers, moins durables, plus difficiles à nettoyer et parce que la demande n’y était pas. Cela pourrait changer… © Photocreo Bednarek, Adobe Stock

    Des astuces pour se protéger de la pollution

    En matièrematière de pollution de l'air intérieur par l'utilisation d'une cuisinière au gaz, il se pose aussi la question de l'aération de la maison et de la circulation de l'air. Mais ce n'est pas aussi simple que de penser à ouvrir une fenêtre lorsque l'on cuisine. « Parce que selon le schéma de circulation de l'air dans la maison, ouvrir une fenêtre peut effectivement faire sortir l'air pollué. Cependant, cela peut aussi bien le faire voyager vers une autre pièce de la maison », note Jonathan Levy, dans un communiqué de l’université de Boston.

    Parmi les petits conseils que donne le chercheur pour minimiser l'impact sur notre santé de cette pollution de l'air intérieur : utiliser plutôt les brûleurs situés à l'arrière de la cuisinière qui exposent moins aux émissions que ceux situés à l'avant. Et de manière plus générale, il recommande d'éloigner les personnes potentiellement les plus vulnérables -- les enfants ou ceux qui souffrent de maladies respiratoires -- de la cuisinière.

    Le chercheur rappelle aussi qu'il peut potentiellement exister d'autres sources de pollution de notre air intérieur. Les bougies ou l'encens, par exemple. Même si tout le monde n'en utilise pas, ils peuvent même être à l'origine d'émissions de particules finesparticules fines dans la maison. Plus largement, tout ce qui crée une flamme et suffisamment de fumée peut polluer l'air intérieur. Les cheminées sont donc également surveillées de près. « Mais elles ont a priori l'avantage d'être ventilées vers l'extérieur », remarque Jonathan Levy.


    Les cuisinières à gaz sont non seulement dangereuses pour le climat, mais aussi pour la santé

    Le gaz dit naturel est essentiellement composé de méthane (CH4), un puissant gaz à effet de serre. Lorsqu'il brûle, ce gaz fossile émet du dioxyde de carbone (CO2). En cas de fuite, les conséquences peuvent être graves pour notre climat. Et pour notre santé. Des chercheurs montrent aujourd'hui que ces fuites sont plus fréquentes qu'on ne le pensait jusque-là.

    Article de Nathalie Myer paru le 27/01/2022

    Il n’y a pas que les fuites de gaz fossile dans les pipelines qui posent un problème environnemental. Des chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) montrent que les cuisinières à gaz libèrent des quantités non négligeables de méthane non brûlé. © by-studio, Adobe Stock
    Il n’y a pas que les fuites de gaz fossile dans les pipelines qui posent un problème environnemental. Des chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) montrent que les cuisinières à gaz libèrent des quantités non négligeables de méthane non brûlé. © by-studio, Adobe Stock

    C'est sur des feux de boisbois que nos ancêtres faisaient cuire leur viande. Et nous avons peut-être un peu gardé en nous cette nostalgie. L'envie de voir danser les flammes sous nos casseroles. De quoi expliquer, en partie au moins, le succès des cuisinières à gaz. Mais des chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) nous mettent aujourd'hui en garde. Ces cuisinières-là représentent un danger à la fois pour le climat et pour notre santé.

    Les travaux menés par les chercheurs ne portent certes que sur une cinquantaine de foyers de Californie, mais leurs résultats sont sans appel. Les cuisinières émettent entre 0,8 et 1,3 % du gaz qu'elles consomment sous forme de méthane (CH4) non brûlé. Et les trois quarts de ces émissions sont enregistrés lorsque la cuisinière est... éteinte ! La faute, sans doute, à des raccordements fuyards.

    Le saviez-vous ?

    Le dioxyde de carbone (CO2) est plus abondant des gaz à effet de serre dans notre atmosphère. Mais le potentiel de réchauffement climatique du méthane (CH4) est environ 86 fois plus important sur une période de 20 ans et au moins 25 fois plus important un siècle après sa libération.

    Le méthane nuit aussi à la qualité de l’air en augmentant la concentration d’ozone troposphérique responsable d’environ 1 million de décès prématurés chaque année dans le monde.

    La concentration relative du CH4 a augmenté plus de deux fois plus vite que celle du CO2 depuis le début de la révolution industrielle.

    En extrapolant à tous les ménages américains - soit quelque 40 millions de cuisinières à gaz -, les chercheurs estiment donc que les cuisinières à gaz ont, par le méthane - un puissant gaz à effet de serre - qu'elles laissent échapper, un impact sur le climat comparable aux émissions de CO2 d'environ 500.000 voituresvoitures à essence. Un impact qui augmente d'un tiers celui qui leur était déjà connu, puisque lorsque ces cuisinières brûlent du gaz fossile, elles émettent naturellement du CO2. Une mauvaise nouvelle pour la planète.

    Les chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) ne notent aucun lien entre l’âge et le coût des cuisinières et la quantité de méthane perdue. © Rob Jackson, Université de Stanford
    Les chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) ne notent aucun lien entre l’âge et le coût des cuisinières et la quantité de méthane perdue. © Rob Jackson, Université de Stanford

    Une solution, électrifier les cuisinières

    Une mauvaise nouvelle aussi pour la qualité de notre air intérieur. Car les chercheurs ont observé que ces émissions de CH4 s'accompagnent d'émissions d'oxydes d'azote, les fameux NOx. Leurs mesures montrent que l'utilisation d'une cuisinière à gaz pendant quelques minutes seulement peut exposer une personne à des quantités de dioxyde d'azote (NONO2) supérieures à la limite d'exposition pour une heure en extérieur fixée par les autorités. Notamment si la cuisine est petite, si la ventilation est mauvaise ou si la hotte n'est pas utilisée. Ce qui arriverait dans 60 à 75 % des cas.

    Rappelons que l'inhalation de NOx - ou d'autres produits non mesurés dans cette étude comme le formaldéhydeformaldéhyde ou le monoxyde de carbonemonoxyde de carbone - peut provoquer des quintes de toux, des crises d'asthmecrises d'asthme, des difficultés respiratoires et parfois même, entraîner une hospitalisation ou une mort prématurée. « Je ne veux plus respirer tout ça », commente Rob Jackson, l'auteur principal de l'étude, dans un communiqué.

    Justement, le mois dernier, la ville de New York a décidé d'interdire les raccordements au gaz pour toutes les nouvelles constructions. Et l'initiative est de plus en plus suivie ailleurs dans le pays. Sauf dans les États dans lesquels les exploitants de ce gaz fossile conservent encore leur influence. Pourtant, « pour réduire le risque, il n'y a qu'une solution : le passage à des cuisinières électriques. Cela permettra de réduire à la fois les émissions de gaz à effet de serre - si l'électricité en question est produite à partir de sources bas carbone - et la pollution de l'air intérieur », conclut Rob Jackson.

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