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    Epi B, l'un des volcans sous-marins les plus actifs de l'archipel

    Epi B, l'un des volcans sous-marins les plus actifs de l'archipel

    Décoloration de la zone d'EPI B, 1958. © Roland Priam

    Décoloration de la zone d'EPI B, 1958. © Roland Priam

    Le volcan sous-marinvolcan sous-marin, situé à proximité de l'île volcanique d'Epi et repéré par le nom d'EPI B, est animé d'une activité périodique qui se traduit généralement à la surface de la mer par des taches jaunes ou des explosions.

    Bathymétrie de la zone est d'Epi. Monts sous-marin Epi A, B, C. Carte réalisée au cours de la campagne à la mer VATATERM à l'aide du sondeur Simrad EM1002 du N.O. Alis de l'IRD (14 mars 2004) (Ballu, Calmant et al, 2004). Isobathes : 20 m

    Bathymétrie de la zone est d'Epi. Monts sous-marin Epi A, B, C. Carte réalisée au cours de la campagne à la mer VATATERM à l'aide du sondeur Simrad EM1002 du N.O. Alis de l'IRD (14 mars 2004) (Ballu, Calmant et al, 2004). Isobathes : 20 m

    • A - Un peu d'histoire

    Une violente activité est reportée entre les îles Lopévi et Epi en 1920 (William et Warden, 1964). En février 1953 une éruption majeure accompagnée de projection de produits volcaniques (d'une centaine de mètres de hauteur) est signalée ; elle provoque des radeaux de poncesponces sur environ 1000 km2 et l'émergenceémergence possible d'un cônecône qui est rapidement démoli (Warden, 1967).

    Novembre 1997 : décoloration de la zone d'EPI B. © Vanair/Andrew Dwyer

    Novembre 1997 : décoloration de la zone d'EPI B. © Vanair/Andrew Dwyer

    Une coloration des eaux est notée en 1958. Suite à une nouvelle éruption importante en juillet 1960, seules des colorations des eaux semblent avoir été observées (en 1971, 1972, 1973, 1974, 1979, 1988, 1997 et 2001, jusqu'au début de cette année 2004, date à laquelle des explosions et des manifestations en surface ont été observées par les habitants d'Epi.

    • B - De nombreuses campagnes à la mer

    Explosion du volcan sous-marin EPI B le 19 février 2004 © Azur

    Explosion du volcan sous-marin EPI B le 19 février 2004 © Azur

    C'est l'observation d'une explosion depuis l'île de Lopevi le 19 février 2004 par le navire de pêchepêche Azur qui a permis au DGMWR (Department of Geology, Mines and Water Ressources of Vanuatu) de lancer une enquête pour recueillir auprès de habitants de la côte est d'Epi (côte très isolée) des témoignages sur les manifestations récentes : explosions entendues début 1999 ( ?), explosions entendues et suivies de nappes de ponces en mars 2002, et éruption du 16 au 24 février 2004.

    © IRD

    © IRD

    Ces dernières explosions ont été enregistrées par la station de géophysique de mesures infrasons du CEA/DASE (Département d'Analyse de Surveillance de l'Environnement) située en Nouvelle-Calédonie à plus de 600 km et qui participe au réseau international de surveillance du traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

    L'Alis, navire de l'IRD basé en Nouvelle-Calédonie, est équipé d'un sondeur multifaisceaux pour la réalisation de cartes sous-marines jusqu'à 1 000 mètres de profondeur © IRD.

    L'Alis, navire de l'IRD basé en Nouvelle-Calédonie, est équipé d'un sondeur multifaisceaux pour la réalisation de cartes sous-marines jusqu'à 1 000 mètres de profondeur © IRD.

    Des campagnes à la mer d'hydrographie et de géologiegéologie-géophysique (campagne anglaise du H/V HMS HydraHydra en 1974, R.V. Machias en 1981, campagne tripartite SOPAC du SP Lee en 1984, campagne Russe du Akademic Alexander Nesmeyanov en 1990, campagne française CALIS du N.O. Alis en 1991 , campagne australienne VAVE du R/V Franklin en 2001) ont permis de confirmer pour le volcan Epi B, outre son activité, le maintien d'une zone sommitale située vers 34 mètres de profondeur.

    • C - L'édition d'une première carte détaillée

    Bernard Pelletier à bord du navire océanographique Alis surveille en temps réel l'enregistrement des cartes des fonds sous-marins © IRD/G. Cabioch.IRD

    Bernard Pelletier à bord du navire océanographique Alis surveille en temps réel l'enregistrement des cartes des fonds sous-marins © IRD/G. Cabioch.IRD

    La campagne à la mer VATATERME, conduite dans la région par l'IRDIRD, et associant l'IPGP, en mars 2004 à bord du N.O. Alis, a permis d'établir, à l'aide du sondeur multifaisceaux Simrad EM1002 du navire, la première carte détaillée de la zone située à l'est de l'île d'Epi et du volcan Epi B.

    Détails de l'image donnée par le sondeur multifaisceaux : les traces du bateau sont mémorisées (à droite) et les images de fond pour une zone déterminée apparaissent sur l'écran (en bas à gauche) © IRD

    Détails de l'image donnée par le sondeur multifaisceaux : les traces du bateau sont mémorisées (à droite) et les images de fond pour une zone déterminée apparaissent sur l'écran (en bas à gauche) © IRD

    Les trois volcans sous-marin nommés antérieurement Epi A, B, C (ExonExon et Cronan, 1988 ; Crawford et al., 1988) et interprétés par ces derniers comme alignés sur le bord nord d'une grande calderacaldera Est Epi, ont été complètement cartographiés.

    Bathymétrie du volcan sous-marin actif Epi B. Carte réalisée au cours de la campagne à la mer VATATERM à l'aide du sondeur Simrad EM1002 du N.O. Alis de l'IRD (14 mars 2004) (Ballu, Calmant et al., 2004) . Isobathes : 5 m.

    Bathymétrie du volcan sous-marin actif Epi B. Carte réalisée au cours de la campagne à la mer VATATERM à l'aide du sondeur Simrad EM1002 du N.O. Alis de l'IRD (14 mars 2004) (Ballu, Calmant et al., 2004) . Isobathes : 5 m.

    Les données indiquent que ces édifices ne semblent pas marquer le bord d'une caldera et que de nombreux autres volcans plus petits et présentant des cratères existent entre les volcans A et B et la côte nord de la partie est d'Epi. Le volcan Epi B est un cône de 300 mètres de hauteur pour un diamètre à la base de 1800 m environ avec un sommet à 35-40 m de profondeur (- 34 m pour le bord le plus haut au nord-ouest de l'édifice) et un cratère d'environ 150 m de diamètre et situé à - 90m sous le niveau de la mer. Ce cratère est ouvert au Nord le long d'une cassure de 60 m de large, contrairement aux données des campagnes de 1974 et 1984 qui indiquaient respectivement d'après les auteurs une ouverture du cratère vers le Sud (Exon et Cronan, 1983) ou vers le Sud-Sud-Est (Crawford et al., 1988). La carte produite à l'issue de la campagne de 2001 n'indique pas la présence de cratère sommital (McConachy et al., 2001).

    La morphologiemorphologie a-t-elle variée entre 1974, 1984, 2001 et 2004, passant d'un cratère ouvert au Sud (1974) puis à l'absence de cratère (2001) et ensuite à un cratère ouvert au Nord (2004). Bien que les données suggèrent un tel scénario la qualité des données anciennes au sondeur classique ne permet pas de conclure définitivement. Seule une couverture bathymétrique précise et régulière permettrait de suivre l'évolution de ces volcans sous-marins.

    • D - Une menace pour les villages alentours

    Les observations du siècle passé et les manifestations récentes confirment l'activité permanente d'Epi B, qui fait partie avec Gemini (GVN vol. 21, n° 2, February 1996) et Karua (Zone du cataclysme de Kuwae ; Kuwae 1452 A.D. : the forgotten caldera, JVGR, 59 1994 207-218) des volcans sous-marins les plus actifs de l'archipelarchipel ; il présente une menace pour les villages situés à 5 km, en bordure de mer sur la côte est d'Epi (environ 2 000 habitants).

    Pour allez plus loin

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