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    La formidable histoire du gouffre

    La formidable histoire du gouffre

    Du trou du diable à la cathédrale de cristal, voici l'incroyable histoire de ce site incomparable : le gouffregouffre de Proumeyssac

    « Cela dépasse l'imagination la plus féconde ; je ne puis vous le décrire ». Nous sommes le 10 mars 1907. Gabriel Galou, puisatier et casse-cou local, face à une foule de curieux massée aux abords de l'orifice, ébloui par ce qu'il vient de voir, ne peut encore livrer tous les secrets du fameux trou du diable. Il est le premier à descendre dans le gouffre à la demande du propriétaire du boisbois, Pierre Francès.

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    Quelques jours auparavant, un effondrementeffondrement a mis à jour une excavation. Le gouffre de Proumeyssac renaît, bouché 130 ans plus tôt. Il faut remonter au début du XVIII e siècle pour retrouver les premières traces de ce gouffre. Il est alors appelé « Cro de Promeissat » (Cro signifie trou en occitan). Les habitants du pays le considèrent comme le cratère d'un volcanvolcan éteint en raison des fumées qui s'en échappent. Ces fumées sont en réalité de la simple condensation de l'air humide exhalée dans l'air froid extérieur de l'hiverhiver.

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    En 1755, un premier téméraire autochtone se fait descendre dans une hottehotte, mais au bout de quelques mètres renonce à son expédition. Il faut dire que depuis des décennies, le gouffre jouit d'une terrible réputation. En bordure de ce qui était alors la grande route allant de Sarlat à Bergerac, il était bien pratique pour faire disparaître quelques cadavres encombrants de voyageurs détroussés et trucidés. Le mercredi 29 avril 1778, François Paule Latapie, inspecteur des manufactures écrit dans son « Journal des tournées » : « A demie-lieue du Bugue, au sud-est, sur un tertre élevé, il y a un trou, fameux dans le pays par la quantité de personnes qui y ont péri, les unes par accidentsaccidents, les autres volontairement. (...) La plus connue de ces victimes est un seigneur de Limeuil du siècle dernier, qui y fut précipité par quelques-uns de ses vassaux las de ses barbaries. Les voisins font des vœux pour que ce trou soit bouché ».

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    On essaya tout d'abord de le combler. Peine perdue. Ils abandonnèrent après avoir versé des tombereaux de pierres pendant des jours dans l'orifice. On décida ensuite de construire une voûte. Les deux premières s'effondrèrent. Jean-Baptiste Pélissier de Barry, juge royal du Bugue dans une œuvre de bienfaisance mit fin à la terreur qu'inspirait ce «solfataresolfatare » en faisant édifier une solide voûte. Pour mener à bien ces travaux, il eut l'idée de donner le gîte et le couvert à tous les clochards de la région qu'il employa. Une croix en bois marqua l'endroit alors que la nature reprenait ses droits. Le souvenir du fameux trou ne persista que dans les récits fantastiques des veillées, les ans et les imaginations se chargeant de nourrir les légendes sur le « trou du diable ». Jusqu'à cet effondrement de 1907. Le puisatier Galou entreprend une deuxième descente le 5 avril de la même année. « Nous posséderions là une grotte extrêmement curieuse, rivale du gouffre de Padirac », lâche t'il à son retour. Très vite, il décide les propriétaires Pierre Francès et Gustave Soulié de l'accompagner dans le gouffre. A la demande de Galou, le père de la spéléologiespéléologie Edouard-Albert Martel se rend à Audrix. « La visite du gouffre de Proumeyssac, avec sa très saisissante descente, la dimension de sa cavité conique, et la réelle beauté de ses concrétionsconcrétions, mérite d'attirer de nombreux touristes », déclare t'il en juillet 1907 après sa descente. Les heureux propriétaires et leur compère Galou organisent dans la foulée des visites payantes. Des cartes postales sont éditées en 1908. Une nacelle pouvant contenir 4 personnes est aménagée ainsi que le conduit du gouffre et une route d'accès au site. En 1910, une société d'exploitation regroupant les 3 hommes est créée. Les visites se multiplient rapidement. Pendant la première guerre mondiale, elles sont suspendues.

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    En 1924, le tourisme souterrain prend son essor à Proumeyssac. L'électricité descend dans le gouffre. La nacelle est consolidée et actionnée par un treuil autour duquel tourne ... un cheval ! Certains parlent même d'un âne, d'autres d'une mule. L'insécurité et la deuxième guerre mondiale mirent fin à ces visites homériques. En 1950, un ascenseurascenseur composé de deux cabines remplace la nacelle, un groupe électrogène la mule. Deux ans plus tard, l'agence Véritas juge l'ascenseur dangereux et ferme le gouffre. Les responsables du site faisant preuve d'une foi et d'une ténacité à toutes épreuves ne se découragent pas et décident en 1956 de percer un tunnel d'accès aboutissant sur une plate-forme de 23 tonnes à mi-hauteur. Une tranchée de 70 mètres à l'air libre et un tunnel de 112 mètres dans le roc sont entrepris. Un spécialiste suédois de la mine est appelé en renfortrenfort pour effectuer ce délicat travail et ne casser aucune concrétion. Le jour de Pentecôte 1957, 4 guides en grand uniforme peuvent accueillir à nouveau les nombreux visiteurs venus admirer « la cathédrale de cristal ».