Difficile d’imaginer des trombes d'eau s'abattant sur le plateau de Gizeh. Pourtant, voilà 4.000 ans, des déluges frappaient régulièrement les lieux, détruisant la ville administrative d’Heit el-Ghurab. Pourtant, les Égyptiens sont restés et ont édifié les trois plus fameuses pyramides d’Égypte.

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    Le plateau de Gizeh est mondialement connu pour ses trois grandes pyramides, nécropolesnécropoles des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos. La pyramide de Khéops, édifiée voilà plus de 4.500 ans, est la plus grande d'Égypte avec 146,58 m de haut. La pyramide de son fils Khéphren est la deuxième plus grande d'Égypte, mesurant 143,5 m de haut. Le petit-fils de Khéops, Mykérinos fut moins ambitieux, le sommet de sa pyramide n'atteignant que 65 m. Le plateau de Gizeh est une affaire de famille, un site mortuaire qui s'est transmis de père en fils.

    Alors pourquoi n'y a-t-il que trois pyramides sur le site ? Le fils de Mykérinos aurait très bien pu continuer dans la lignée. Il est difficile de répondre de manière certaine, mais il se pourrait bien que le climat soit en cause. En contrebas du plateau de Gizeh, une ville administrative était implantée. Elle accueillait les travailleurs et logisticiens chargés de la constructionconstruction des édifices. Mykérinos contrôlait l'Égypte entière depuis cette cité, alors appelée Heit el-Ghurab. La ville était un véritable centre administratif entouré de maisons, de fours à pain, etc. Mais elle était souvent confrontée aux déluges destructeurs.

    La pyramide de Khéops est la plus grande et la plus ancienne des trois pyramides de pharaons sur le site de Gizeh. © Alex lbh, GNU 1.2

    La pyramide de Khéops est la plus grande et la plus ancienne des trois pyramides de pharaons sur le site de Gizeh. © Alex lbh, GNU 1.2

    Depuis son abandon, la ville a peu à peu disparu sous des dizaines de mètres de sable et fut rayée de la carte. En 2001, une équipe américano-australienne d'archéologues mit au jour le site, qui fait l'objet de fouilles depuis. L'équipe a découvert que durant le règne de Khéphren, soit 26 ans, la ville a été inondée par trois fois, une fois détruite, et avec des dommages considérables à deux reprises. Sous le règne de son fils, Mykérinos, la fréquence des événements d'intempéries s'est accrue, si bien qu'en 45 ans, Heit el-Ghurab a été inondée dix fois. Les archéologues ont découvert des couches de boue et de sable qu'ils ont réussi à dater à partir des reliques qu'elles piégeaient et de la datation au carbone 14.

    Mykérinos s’ancre à Gizeh

    Le premier événement fut une surprise pour Mykérinos. À peine avait-il agrandi la ville administrative qu'elle était détruite par un déluge. Celui-ci apporta des torrentstorrents de sédiments, de boue et de roches réduisant les bâtiments à néant. Les archéologues ont identifié cette série d'événements grâce aux couches de fondations et décombres visibles dans les sédiments. La description complète est publiée dans le Journal of Archaeological Science.

    À la suite de ce déluge, Mykérinos fit construire le murmur des Corbeaux, de 70 m de haut, pour protéger sa cité. Mais rien n'y a fait, les inondations ont continué de plus belle. Néanmoins, les Égyptiens sont restés. Et la raison est loin d'être claire. Les Égyptiens étaient plutôt de bons météorologuesmétéorologues, alors pourquoi choisir une zone inondable comme lieu de résidence, qui plus est durant plusieurs décennies ? « Mykérinos pourrait bien être en cause. Il avait un problème avec son ego. Il était le fils des dieux, et pensait que s'il priait assez fort, les choses seraient favorables pour lui. Mais elles ne l'étaient pas », explique Elisabeth Butzer, archéologue impliquée dans l'étude, au magazine New Scientist.

    C'est peut-être bien pour cela qu'après la mort de Mykérinos, son fils a souhaité quitter le site de Gizeh. La pyramide de Mykérinos est la dernière et la plus petite du plateau. D'autres ont été construites plus tard, mais plus aucune dynastie n'est retournée à Gizeh.