La découverte d’excréments fossiles, dont certains d’origine humaine, va peut-être apporter une réponse à la question de l’origine des premiers Amérindiens, plus ancienne que le supposait l'hypothèse classique.

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    Le professeur Jenkins devant les coprolithes et autres artefacts exhumés. Crédit : University Oregon Anthropology Faculty

    Le professeur Jenkins devant les coprolithes et autres artefacts exhumés. Crédit : University Oregon Anthropology Faculty

    Depuis longtemps, la culture dite de Clovis (du nom d'une ville du Nouveau-Mexique où ont été découverts des outils de pierre) a été considérée comme la première implantation amérindienne au Nouveau-Monde. Les archéologues ne croyaient plus beaucoup à cette chronologie mais un point de référence précis manquait pour situer cette origine dans le temps. C'est peut-être maintenant chose faite.

    Dennis L. Jenkins, un archéologue de l'Université d'Oregon, a participé à une série d'expéditions sur un site dénommé les Cavernes de Paisley, dans le même Etat, et où une série de cavernes visiblement creusées de main d'homme avait été signalée dès les années 1930.

    Le professeur Jenkins devant l’entrée d’une des cavernes. Crédit : <em>University Oregon Anthropology Faculty</em>
    Le professeur Jenkins devant l’entrée d’une des cavernes. Crédit : University Oregon Anthropology Faculty

    Là, 14 coprolithes ont été découverts, c'est-à-dire des excréments fossilisés, dont 6 d'origine humaine. Cette trouvaille n'est pas anodine, car ces objets renferment l'ADN mitochondrialADN mitochondrial de leurs propriétaires (transmis par la mère), et d'autre part, le site a pu être daté très exactement à 14.300 ans.

    Les coprolithes se mettent à parler

    L'analyse de cet ADN humain, réparti en deux lots de 3 échantillons entre deux laboratoires indépendants, a permis d'établir un lien avec des ancêtres d'Asie de l'Est, lien que l'on retrouve également chez les Amérindiens actuels, selon une étude conduite à l'Université de Copenhague (Danemark). Trois d'entre eux renfermaient aussi de l'ADN pouvant appartenir à un renard roux, un coyote ou un loup, et les chercheurs suggèrent qu'il pourrait avoir été transmis par des animaux ayant uriné sur le site, ou dont les hommes se seraient alimentés.

    Bien que hautement probable, cette conclusion n'est cependant pas encore considérée comme définitive, car une contaminationcontamination accidentelle n'est pas à exclure. Et même si un prélèvement d'ADN a été effectué chez toutes les personnes ayant participé aux fouilles pour voir s'il y avait corrélation, il faudra retourner sur place afin de recueillir de nouveaux échantillons.

    Jusqu'ici, d'autres sites pré-Clovis avaient déjà été identifiés, mais aucun matériaumatériau porteur d'ADN humain n'avait été découvert. La culture de Clovis a débuté entre -13.200 et -12.900 ans, selon une réévaluation publiée dans Science le 23 février 2008 par Michael R. Waters et Thomas W. Stafford. L'origine de ces premiers habitants n'était pas connue, rapporte Jenkins, mais la relation technologique avec la culture de Clovis, apparue un bon millénaire plus tard, était incertaine.

    « Tout ce que nous établissons ici identifie clairement les haplogroupes, affirme Jenkins. Nous ne prétendons pas connaître leur groupe ethnique particulier mais nous savons qu'ils sont très probablement venus de Sibérie ou d'Asie de l'Est. Par les coprolithes, nous savons aussi ce qu'ils mangeaient. »