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    Durant l'Antiquité égyptienne, rentrer dans une « maison de vie » signifiait en sortir vingt ans après. On y apprenait à écrire, lire, construire, devenir scribe, prêtre ou vizir de père en fils. Le savoir y était enseigné de manière sectaire. Une partie de ce savoir était visible à la GéodeGéode de la Cité des sciences, à Paris, en 2007.

    Le savoir de l'Égypte ancienne était à la Géode, à Paris, en 2007. © Antonio Garcia, CC by-nc 2.0
    Le savoir de l'Égypte ancienne était à la Géode, à Paris, en 2007. © Antonio Garcia, CC by-nc 2.0

    Pour les curieux qui osaient mettre les pieds dans une maison de vie sans y être conviés, les prêtres se mettaient alors à divulguer des informations erronées à leurs élèves de façon à perturber les non-initiés, et ce jusqu'à ce qu'ils partent.

    Très peu de choses de ce savoir oral étaient transcrites directement sur papyrus. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles aucune trace de plan de pyramide n'est attestée dans les archives.

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    Il faudra attendre bien des millénaires pour dévoiler à nouveau cette science. C'est dans la boule futuriste de la Géode de la Cité des sciences, à Paris, que Jean-Pierre Houdin et l'équipe de Dassault Systèmes proposèrent en 2007 une forme de « plan de la pyramide ». Celui-ci n'utilisait pas un support papyrus ou un ostracon, mais un support numériquenumérique, et en 3D !

    La Géode de la Cité des sciences, à Paris. L’exposition « Khéops révélé » s’y est déroulée en 2007 sous l’impulsion de Jean-Pierre Houdin. © Urbanizer
    La Géode de la Cité des sciences, à Paris. L’exposition « Khéops révélé » s’y est déroulée en 2007 sous l’impulsion de Jean-Pierre Houdin. © Urbanizer

    Michaël Bagot : « Khéops révélé » à la Géode, c'était un projet pharaonique ! Comment avez-vous pu mettre cela en place ? Quels sont les acteurs importants pour la mise en place de cette diffusion ? Combien de temps a-t-il fallu pour réaliser ce projet ?

    Jean-Pierre Houdin : Je suis parti de rien et j'ai tout construit à la force du poignet depuis mi-2000. Puis, il y a eu la création de l'ACGP, l'association qui m'a soutenu depuis 2005. C'est moi qui suis allé chercher les mécènes, les uns après les autres, avec mon petit ordinateurordinateur et mes images 3D. Ensuite, il y a eu les documentaires, les livres, donc les droits d'auteur. Je ne suis pas riche, mais je vis une vraie passion. Je me suis fixé un challenge : expliquer la constructionconstruction des grandes pyramides !

    Michaël Bagot : Comment avez-vous considéré qu'il y avait une « école d'architecture » de la IVe dynastie ?

    Jean-Pierre Houdin : Parce que je suis architectearchitecte, et que pour les pyramides de la IVe dynastie, c'est évident ! Je fais de la rétro-ingénierierétro-ingénierie en remontant dans le temps avec Khéops, la pyramide rouge, la pyramide rhomboïdale, etc. En remontant ainsi à contresens des évolutions, je découvre beaucoup de choses.

    Michaël Bagot : Que peut-on retenir sur les approches techniques des Égyptiens et le savoir qu'ils possédaient en matière de géométrie, de résistancerésistance des matériaux, d'architecture, de méthodes ? Et en quoi peuvent-ils nous servir aujourd'hui ?

    Jean-Pierre Houdin : Les Égyptiens ont implanté les pyramides sur le plateau de Gizeh en fonction d'une contrainte principale : la meilleure implantation des unes et des autres en fonction de la topographie. Le domaine des topographestopographes de l'époque, c'était la vue depuis la vallée du Nil, les pentes naturelles et les accès. Les carrières étaient du domaine des géologuesgéologues. Les architectes, ingénieurs, géomètresgéomètres, analystes, planificateurs, logisticiens, gestionnaires de chantier, économistes, etc. s'occupaient des chantiers.

    Simulation du plateau de Gizeh. © Dassault Systèmes
    Simulation du plateau de Gizeh. © Dassault Systèmes

    Michaël Bagot : S'entendaient-ils bien sur le chantier ?

    Jean-Pierre Houdin : Il est écrit sur un papyrus : « Parmi eux, l'ancien s'appuyait sur le garçon, le puissant soutenait le trembleur. Le cœur s'enthousiasma, leurs bras prirent de la force » (extrait du livre Le Secret de la grande pyramide, p. 115). On peut donc imaginer l'entente cordiale et solidaire régnant sur le plateau de Gizeh au service du pharaon, vu comme un dieu vivant.

    Les hiéroglyphes de la paroi du tombeau de Djehoutyhotep relatent la méthode employée pour déplacer les charges lourdes. © Dessin de Faucher-Gudin (statue colossale de Djehoutyhotep)
    Les hiéroglyphes de la paroi du tombeau de Djehoutyhotep relatent la méthode employée pour déplacer les charges lourdes. © Dessin de Faucher-Gudin (statue colossale de Djehoutyhotep)

    Michaël Bagot : Avons-nous encore des choses à apprendre d'eux qui pourraient nous servir à l'avenir ?

    Jean-Pierre Houdin : La simplicité pour arriver à un résultat extraordinaire et la logique comme état d'esprit.