Voilà près de 130 ans que cette tombe d'un haut dignitaire égyptien du quinzième siècle avant notre ère avait été découverte à Louxor... pour être ensuite perdue. Elle vient d'être à nouveau mise au jour par une équipe belge de l'Université libre de Bruxelles, dirigée par Laurent Blavay, qui nous a décrit cette découverte.

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    En 1882, près de la Vallée des rois, à Louxor, l'égyptologue suédois Karl Piehl fouille la nécropole de l'ancienne Thèbes, utilisée par les hauts dignitaires du Nouvel Empire (1550-1050 avant J.-C.). Sur la colline de Cheikh Abd el-Gourna, il découvre la tombe d'Amenhotep, au service du Pharaon Touthmosis III, qui vécut de 1479 à 1427 avant notre ère.

    Recouverte de sablesable, la tombe fut ensuite perdue, malgré plusieurs campagnes de fouilles, pour n'être redécouverte qu'à la fin du mois de janvier 2009 par une équipe du Centre de Recherches archéologiques de l'Université libre de Bruxelles (ULB), sous la direction de Laurent Bavay. Cette mission archéologique travaille dans la nécropole de Thèbes depuis 1999 et a déjà étudié deux tombes de hauts fonctionnaires du Nouvel Empire.

    La tombe encombrée de débris, telle qu'elle a été redécouverte. Les fouilles de l'équipe belge ont montré qu'un moine copte l'avait utilisée au huitième siècle comme lieu d'ermitage. Découverte dans les années 1880, elle fut aussi pillée puis ensevelie et oubliée avant d'être retrouvée par les scientifiques. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) © Université libre de Bruxelles

    La tombe encombrée de débris, telle qu'elle a été redécouverte. Les fouilles de l'équipe belge ont montré qu'un moine copte l'avait utilisée au huitième siècle comme lieu d'ermitage. Découverte dans les années 1880, elle fut aussi pillée puis ensevelie et oubliée avant d'être retrouvée par les scientifiques. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) © Université libre de Bruxelles

    Dans les coulisses du pouvoir

    La tombe d'Amenhotep, creusée dans la roche, comporte plusieurs salles. Le plafond de la première est soutenu par six gros piliers et ses mursmurs sont garnis de peintures indiquant les fonctions de la personne. Malheureusement, la plupart de ces peintures ont été détruites au dix-neuvième siècle, « probablement pour être vendues », estime Laurent Blavay.

    Amenhotep était le premier substitut du chancelier du pharaon, c'est-à-dire un des plus hauts personnage de l'état. Le chancelier, en l'occurrence Senneseri, était au sens propre le garde des sceaux royaux et s'occupait des affaires financières. « C'était en quelque sorte le ministre de l'économie, résume Laurent Bavay, et Amenhotep était son premier assistant ». Il faisait même partie de sa famille puisqu'il avait épousé Renena, la fille de Senneseri. Son père, Ahmose, était responsable des troupeaux du dieu d'Amon et donc lui aussi un haut fonctionnaire. Ces éléments sont mentionnés par les écrits retrouvés au sein des peintures murales de la tombe et sont également corroborés par d'autres découvertes.

    La tombe de Senneseri se trouve à deux cents de mètres de là et a été étudiée dans les années 1990. « On y a trouvé une statue, très bien conservée, qui représente Amenhotep et que l'on peut voir aujourd'hui au musée du Caire, rapporte Laurent Bavay. Avec l'emplacement de la tombe, proche de celles des plus hauts dignitaires, et sa dimension considérable, ces éléments montrent bien la valeur scientifique de cette découverte. »