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    La préfrontalité naît de la rencontre des informations d'origine néocorticale, qui aboutissent au niveau du préfrontal dorso-latéral, et des informations d'origine reptilienne et limbiquelimbique, qui aboutissent au niveau ventro-médian.

    Cortex préfrontal. © Polygon data, wikimedia commons, CC 2.1 Japan
    Cortex préfrontal. © Polygon data, wikimedia commons, CC 2.1 Japan

    La rencontre de ces deux lignées d'intégration se fait au niveau fronto-orbitaire. En fait, c'est la rencontre des informations d'origine externe et celles d'origine interne :

    • les premières (informations d'origine externe) nous informent sur la situation de l'environnement et ses potentialités ;
    Image du site Futura Sciences
    • les secondes (informations d'origine interne) sur notre état biologique et nos besoins immédiats.
    Image du site Futura Sciences

    La conscience et le préfrontal

    Il existe d'autres grands niveaux d'interférences entre ces deux lignées dans le système nerveux centralsystème nerveux central, notamment au niveau du thalamusthalamus et du gyrusgyrus cingulaire.

    Antonio Damasio a longuement développé ces observations dans son écrit, Le sentiment même de soi, et il attribue à cette convergence un rôle essentiel dans l'émergenceémergence de la conscience.

    Cela, tandis que presque tout le monde a cru jusqu'à présent, ou croit encore, que la conscience siège dans le préfrontal, la partie la plus intelligente de notre encéphaleencéphale, parce que la conscience humaine serait au sommet de notre fonctionnement mental. Damasio, par contre, a souligné que le préfrontal est le seul territoire présentant plus que tout autre cette caractéristique d'être à la fois :

    • au confluent des informations externes et internes ;
    • peu ou pas conscient.

    Mode préfrontal : « la rencontre du cœur et de la raison »

    Il a vulgarisé le fait, bien connu par les neurologues, que les aires néocorticales les plus intelligentes, et tout particulièrement préfrontales, sont peu ou pas impliquées dans les mécanismes de la conscience, et que l'accès de leur production à la conscience est relativement laborieux. Cela explique largement le caractère imprévisible et simultanément culturel de la créativité, et la rationalité, reliées dans ce qu'il a nommé « la rencontre du cœur et de la raison », l'intelligenceintelligence préfrontale. Toute créativité est d'origine préfrontale, puisqu'elle disparaît entièrement par la lobotomie, sa destruction étant irréversible. Cela montre l'extraordinaire puissance et l'étendue des capacités préfrontales, superposables à la culture humaine. Grâce aux neurosciences, la préfrontalité se livre doucement à nos connaissances. Ainsi elle devient plus largement accessible, individuellement et collectivement, avec le développement des nouvelles pratiques métaculturelles et pédagogiques.

    Quelques applications

    Pour nous, humains, désireux de mieux nous connaître, afin de vivre plus harmonieusement notre vie personnelle et relationnelle, trois messages sont à retenir :

    • notre stressstress peut être un stimulus pour, tout d'abord, chercher notre erreur de l'instant, notamment depuis le moment précis où il survient : à quelle réflexion, décision, attitude, action est-il associé ? Nous verrons plus tard que l'erreur n'est pas seulement dans une pensée ou croyance irrationnelle spécifique, comme l'on croyait dans les thérapiesthérapies cognitives, mais plutôt et surtout dans une façon de penser, un mode mental pas adapté ;
    • cela, pour ensuite la corriger en activant le mode adapté, ce qui devrait nous apaiser. Cet apaisement constitue le seul signal crédible de la pertinence de la correction apportée ;
    • en troisième lieu, si rechercher les causes du stress est pertinent, il nous paraît par contre trompeur « d'écouter le stress », au sens de ses symptômessymptômes, par exemple au sens de vouloir se débarrasser de ses émotions ou impulsions.

    S'approprier son stress

    L'intelligence émotionnelle n'est pas de céder à sa colère ou à sa peur, de punir ce qui nous irrite par exemple. Il n'y a pas (ou si peu) de juste colère ou d'anxiété lucide, n'en déplaise à Corneille ou Camus ! Il ne s'agit pas, non plus, d'essayer de maîtriser, voire refouler, les manifestations de ses émotions qui ne sont que des signes qu'il faudrait changer de mode. Est-ce intelligent de tuer le porteur d'une mauvaise nouvelle ?

    Cela peut se traduire dans la psychologie quotidienne : « Ce qu'il dit est intolérable » deviendrait : « Tiens, je me sens irrité, donc... qu'est-­ce que je pense et/ou tends à faire à cet instant à son sujet et que ma propre intelligence censure ? » Et/ou : « Mais je suis intolérant, je ne suis donc pas sur le bon mode mental... Suis-je prêt à regarder cela de plus près pour changer de mode ? »

    En fait, le début de la solution est plus simple qu'il n'y paraît : chacun est avant tout propriétaire (ou locataire !) de son propre stress.