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    Le stressstress développe trois états d'urgence de l'instinct (EUI) : la fuite, la lutte et l'inhibitioninhibition. Découvrez-les en détail.

    La fuite

    Le premier étage de la fuséefusée du stress à s'allumer est donc celui de la fuite. On comprend pourquoi, dès que le danger est détecté, les vieilles structures qui impulsent cet état de fuite commencent à préparer l'organisme à détaler : accélération préventive du cœur et de la respiration pour favoriser l'oxygénation des tissus, dilatationdilatation périphérique des petits vaisseaux ou capillaires (vasodilatationvasodilatation), qui permet au sang de mieux irriguer les organes périphériques comme les muscles, augmentation du tonus dans les jambes pour mieux courir, attention dispersée et regard fuyant pour cerner les dangers et les issues possibles. Subjectivement, la fuite insuffle un vécu de peur, un sentiment d'insécurité et d'oppression, là aussi destiné à donner une envie confuse mais efficace que l'on « ferait mieux d'être ailleurs et dans les plus brefs délais ».

    La fuite, l'une des manifestations du stress chez l'animal. © JC112203, Pixabay, DP
    La fuite, l'une des manifestations du stress chez l'animal. © JC112203, Pixabay, DP

    Dans nos structures cérébrales supérieures, cela sème parfois du trouble, car cela peut faire rater notre prestation (professionnelle, littéraire ou amoureuse, etc.). Mais sous l'emprise de l'état de fuite, il est non seulement inutile mais aussi injuste de se culpabiliser d'être mal là où l'on est. L'effet expérimenté est celui de son programme génétiquegénétique, universel.

    La lutte

    Le programme de fuite échoue lorsque l'on ne court pas assez vite, si le chemin est barré... ou lorsque l'on est en situation sociale moderne où il est interdit, voire simplement dévalorisé, de fuir. Le système primitif hypothalamique tente alors la deuxième partitionpartition préprogrammée dont il dispose pour faire face au danger : la lutte. On va se retourner contre l'agresseur, tenter de le repousser, le dissuader. La lutte instinctive, telle que décrite par GrayGray, n'est pas une attitude offensive comme le sont les attitudes de prédation ou de dominance, sous-tendues par d'autres structures cérébrales.

    L'hypothalamushypothalamus évalue la situation comme précaire, mais cela ne signifie pas que l'on en ait conscience : le sujet en état de colère se sent plutôt « gonflé ». Ce genre d'inversion des sensations est fréquent dans les vieilles structures cérébrales qui incitent à agir plus qu'elles ne « renseignent » objectivement sur la situation. Ce management coercitif a cependant sa cohérence : si l'on se sent « culotté », on peut mieux se battre et garder du courage que si l'on pense que la situation est perdue.

    C'est donc une erreur de se culpabiliser si ses propos en lutte sont outranciers, parce que l'on est orgueilleux, susceptible. Cela fait partie du stéréotype génétiquement programmé, destiné à compenser le sentiment primitif de faiblesse devant un ennemi initialement évalué comme plus fort. Cette autosatisfaction réactionnelle de la lutte est sous-tendue par toute une orchestration biologique adéquate : la focalisation du regard, qui fixe dans les yeuxyeux pour connaître l'intention de son adversaire, un certain ralentissement du cœur et de la respiration par rapport à la fuite, car il s'agit moins d'un effort maximum que d'une détente ciblée. La tension se déplace des jambes vers le cou et les mâchoires, pour mordre, et dans les bras et les mains, pour griffer ou taper. La sécrétionsécrétion d'adrénalineadrénaline complète le tableau de la colère, qui tombe aussi vite qu'elle est montée, en fonction de la perception du danger et de l'issue du combat.

    L’inhibition

    Par contre, si l'on perd le combat, ou si le rapport initial de force semble trop dissuasif pour fuir ou lutter, on bascule vers l'inhibition, synonyme d'intense vécu de découragement, d'abattement, de sentiment d'infériorité. Là encore, il est peu utile de chercher une explication psychologique, propre aux territoires supérieurs du cerveaucerveau : ce « manque de confiance en soi » de l'inhibé reptilien est génétiquement programmé.

    Quand l'animal n'est pas encore repéré, l'inhibition lui permet de se rendre (presque) imperceptible : respiration étouffée pour être totalement silencieux (d'où la sensation d'oppression respiratoire), constriction des capillaires sanguins pour économiser la chaleur et l'énergie (d'où la sensation de froid profond), puisqu'il faut désormais « durer », pendant « l'attente en tension », jusqu'à ce que le prédateur parte. Pour économiser l'énergie, le cœur se ralentit, les extrémités se refroidissent, le teint devient blême et des spasmes peuvent apparaître, car la digestiondigestion se bloque. 

    L'inhibition sert aussi, sur un plan social primitif, à se soumettre devant un dominant. Ce rituel d'inhibition soulage ce dernier de son besoin de dominance ou simplement lui laisse la priorité pour la consommation de ce qu'il veut : aliments, relations sexuelles, pouvoir, etc. Cet état sert ainsi à abandonner une attitude dangereuse ou à bloquer notre action en situation prolongée de non-contrôle. Comme pour les précédents états, comprendre que l'inhibition n'est ni volontaire ni aisément contrôlable est déculpabilisant pour celui qui ressent cet état avec intensité ou fréquemment. Interpréter correctement sa fonction primitive permet de mieux l'accepter, étape nécessaire pour mieux gérer l'état.

    Image du site Futura Sciences