Mémoire et imagination de situations à venir reposeraient sur les mêmes mécanismes, enfouis dans l'hippocampe. C'est ce que suggère une étude sur des amnésiques, qui ont autant de mal avec le futur qu'avec le passé.

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    Appelées à décrire des situations imaginées mais plausibles, des personnes amnésiques ont eu le plus grand mal à former des images détaillées. L'expérience a été menée en Grande-Bretagne, à l'University College London, par l'équipe de Eleanor Maguire, et récemment publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

    Les scientifiques ont choisi cinq patients volontaires présentant de graves troubles de la mémoire depuis un traumatisme ayant touché l'hippocampehippocampe, une région du système limbique connue pour jouer un rôle clé dans le processus de mémorisation. Il leur a été demandé de décrire le mieux possible différentes scènes, portant sur des expériences banales : un rendez-vous avec un ami, se promener sur une plage, entrer dans un barbar, visiter un marché... Dix personnes en bonne santé, issues de milieux semblables et d'âges voisins, ont subi le même test.

    Présent dans chacun des deux hémisphères, l'hippocampe (ici à l'intérieur du rectangle rouge) est impliqué dans la mémorisation des souvenirs à long terme. Il serait aussi important pour construire des images mentales. Crédit : Eleanor Maguire

    Présent dans chacun des deux hémisphères, l'hippocampe (ici à l'intérieur du rectangle rouge) est impliqué dans la mémorisation des souvenirs à long terme. Il serait aussi important pour construire des images mentales. Crédit : Eleanor Maguire

    Une scène imaginée aussi détaillée qu'un vrai souvenir

    Ces dix témoins ont décrit les scènes imaginaires avec moult détails, de la courbure de la plage aux odeurs du marché, expliquant ce qu'ils ressentaient et comment ils percevaient la chaleurchaleur du sablesable de la plage sous leurs pieds nus. Les personnes souffrant d'amnésie, elles, n'ont pu se représenter que des images mentales très pauvres en contenu, dépourvues, notamment, d'éléments sensoriels et émotionnels. Questionnées à l'issue du test, elles ont expliqué qu'elles ne parvenaient qu'à créer des suites d'images indépendantes qui ne formaient jamais une scène complète.

    Ces résultats jettent une lumièrelumière nouvelle sur le processus de mémorisation, qui reposerait sur les mêmes mécanismes que la constructionconstruction d'images mentales. Ils donnent également à penser que le rôle de l'hippocampe ne se limiterait pas à un simple enregistrement de souvenirs. Interrogé par Science, Morris Moscovitch, un neurologue de l'université de Toronto, au Canada, estime que cette expérience rejoint un travail récent montrant que l'hippocampe est capable de lier des éléments disparates pour former une scène imaginaire cohérente.