Pour se faire entendre dans le vacarme urbain, la Mésange charbonnière a appris à modifier ses chants : elle zinzinule plus vite et sur un ton plus aigu. Une véritable adaptation biologique à un nouvel environnement.

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    Les mésanges des villes ne chantent pas tout à fait comme les mésanges des champs. Les ornithologuesornithologues l'avait déjà remarqué et plusieurs études l'ont prouvé mais sans fournir de détails sur « l'accent citadin ». Hans Slabbekoorn et ses collègues hollandais de l'université de Leiden ont voulu aller plus. Ils ont sillonné l'Europe pour pister la Mésange charbonnièreMésange charbonnière (Parus major) dans dix grandes villes, dont Bruxelles, Londres, Paris, Prague et Rotterdam, et dans leurs campagnes environnantes. En tout, l'équipe a enregistré 213 oiseaux citadins et 252 ruraux, dont une demi-douzaine peuvent être écoutés en ligne.

    Si elle survit très bien dans nos villes, c'est parce que la Mésange charbonnière a appris à chanter plus haut que les voitures… Crédit : Herman Berkhoudt

    Si elle survit très bien dans nos villes, c'est parce que la Mésange charbonnière a appris à chanter plus haut que les voitures… Crédit : Herman Berkhoudt

    Pour étudier l'effet du milieu urbain, la Mésange charbonnière constitue assurément une bonne candidate. Présente jusqu'au cœur des villes, la mésange est très bavarde, du moins le mâle. Elle zinzinule (c'est le terme consacré) de différentes manières pour attirer les femelles et défendre son territoire. Si un oiseauoiseau doit modifier son chantchant parce qu'il est gêné par le bruit de la ville, c'est bien lui...

    Plus vite et plus haut

    Le résultat est sans appel. Dans toutes les villes visitées par l'équipe, les mésanges chantent un ton au-dessus des voisins campagnards. Pour Hans Slabbekoorn, l'explication est évidente : en grimpant dans les aigus « les mésanges se règlent sur un autre canal » pour se décaler par rapport aux bruit des voituresvoitures, camions et engins de travaux publics, qui émettent plutôt dans les graves. En revanche, l'équipe n'explique pas la seconde caractéristique des chants urbains : ils sont aussi plus rapides. Le bruit ambiant impose-t-il d'être plus court dans ses discours chantés ?

    Quoiqu'il en soit, l'hypothèse d'une influence de l'environnement sonore sur la communication des oiseaux est maintenant avérée. On a là un bon exemple d'adaptation d'un comportement. Cette capacité pourrait aussi expliquer, en plus des habitudes alimentaires et comportementales, pourquoi certaines espècesespèces d'oiseaux parviennent très bien à vivre très bien dans les villes et d'autres pas du tout.