Une start-up française développe une technologie utilisant pour la première fois des neurones humains comme un véritable laboratoire pour tester des médicaments.

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    Une culture de cellules endothéliales de cerveau de bœuf

    Une culture de cellules endothéliales de cerveau de bœuf

    Le directeur du Laboratoire de l'Université d'Artois à la Faculté des Sciences de Lens, Roméo Cecchelli, a d'abord créé un modèle de culture de cellules endothéliales de cerveau de bœuf (qui tapissent les vaisseaux sanguins et lymphatiques), permettant de tester la propriété de certaines moléculesmolécules à franchir la barrière hématoencéphalique qui protège le cerveau de ce qui l'entoure. Depuis, Cellial Technologies, entreprise fondée à partir de ces travaux pour tester des molécules pour le compte de laboratoires pharmaceutiques, se prépare à passer à l'homme...

    Comment utiliser une culture de neurones humains comme un véritable laboratoire ?

    Une culture de neurones humains<br />&copy;  Cellial Technologies

    Une culture de neurones humains
    © Cellial Technologies

    Ce serait une première. Et les enjeux sont importants. La barrière hématoencéphalique protège le cerveau tout en laissant passer les nutriments essentielsnutriments essentiels aux tissus cérébraux, mais fait un barrage à pratiquement 95% des médicaments qui pourraient soigner les maladies neurodégénératives. Ces dernières comptent en particulier les deux grandes pathologies phares que sont l'accident vasculaire cérébral (AVC ou ischémie cérébrale) et la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer.

    Cellial Technologies bénéficie de l'expertise du Professeur Denis Vivien, en tant que conseiller scientifique. Il dirige l'équipe Avenir de l'Inserm « Activateur tissulaire du plasminogèneActivateur tissulaire du plasminogène (tPA) dans le fonctionnement cérébral » au sein du centre CYCERON. Dix-huit personnes y travaillent sur l'AVC et la maladie d'Alzheimer, avec un axe spécifique sur une famille de protéinesprotéines, les protéasesprotéases. L'équipe est aujourd'hui la seule au monde capable de réaliser des cultures de neuronesneurones humains ce qui a permis aux chercheurs de caractériser et de reproduire des modèles de maladies neurodégénératives.

    « Nous avons été sollicités par des laboratoires pharmaceutiques pour utiliser ces modèles » explique Denis Vivien à Tech&Co pour Futura-Sciences. Si elle ne souhaite pas commercialiser les neurones cultivés, en revanche rien n'empêche cette équipe de proposer son savoir-faire en testant des médicaments sur ces cultures pour le compte de sociétés pharmaceutiques. « D'où l'idée de nous rapprocher de Roméo Cecchelli et sa société Cellial Technologies», qui compte 7 personnes. « Sur le plan scientifique, avec l'aide de l'ANVAR, nous associons nos deux compétences afin de développer des modèles de barrière hématoencéphalique humains, celui développé par Roméo Cecchelli étant issu de cellules endothéliales de cerveau de bœuf ». Premiers résultats attendus dans quelques mois.

    Pour en savoir plus

    tPA :disponible depuis une dizaine d'années, la protéase connue sous le nom de "Activateur tissulaire du Plasminogène" ou tPA est le principal sujet d'étude de l'équipe du professeur Denis Vivien. Elle a permis de réaliser d'importants progrès dans la prise en charge de l'AVC (accident vasculaire cérébral), en réduisant la mortalité de manière significative. Rappelons que les AVC ont pour origine l'obstruction d'une artèreartère cérébrale par un caillot de sangcaillot de sang. Des zones importantes du cerveau sont alors privées d'alimentation en oxygène et en glucoseglucose, d'où une mort cérébralemort cérébrale. Le rôle du tPA est de désagréger les caillots. Mais cette molécule présente des inconvénients qui font l'objet de travaux depuis plusieurs années.