La valeur économique et la fonction de maintien de la vie des récifs coralliens et des mangroves sont mises en relief dans un nouveau rapport du programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Le rapport souligne le rôle essentiel que ces éléments naturels jouent, promouvant le tourisme, refoulant l'érosion côtière et servant de pépinières aux poissons, y compris ceux qui font l'objet d'un commerce (pour aquarium) qui s'élève à des millions de dollars.

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    Corail et mangroves menacés : l'économie les sauvera-t-elle ?

    Corail et mangroves menacés : l'économie les sauvera-t-elle ?

    Le rapport met en évidence le fait que les coraux et les mangrovesmangroves absorbent 90 pour cent de la force d'impact des vaguesvagues. Il y est également souligné que les conserver représente un petit prix à payer comparer aux coûts associés à leur destruction et à la substitution de leur rôle par des structures humaines.

    Le rapport révèle que :

    • les récifs coralliensrécifs coralliens rapportent entre 100.000 et 600.000 dollars américains par kilomètre carré par an ;

    • afin de les préserver, il faut juste $775 par kilomètre carré par an, déduits des frais de gestion d'un parc marin ;

    • les coûts d'installation de brise-lames artificiels faits de tétrapodestétrapodes en bétonbéton autour de Malé, aux Maldives, s'élevaient à $10 millions par kilomètre. Ceci a été entrepris après la dégradation du récif naturel ;

    • en Indonésie, un hôtel dans l'ouest du Lombok a dépensé, en moyenne, $125.000 par an sur sept ans pour réhabiliter sa plage longue de 250 mètres, suite à l'érosion causée par l'exploitation du corailcorail en mer.

    Ces conclusions sont tirées de la publication intitulée In the Front Line: Shoreline Protection and other Ecosystem Services from Mangroves and Coral Reefs (En première ligne : la protection du littoral et les autres services des écosystèmesécosystèmes rendus par les mangroves et les récifs coralliens). Il a été produit par le Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature du Programme des Nations Unies pour l'environnementProgramme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE-WCMC) en collaboration avec le Réseau international d'action sur les récifs coralliens (ICRAN) et l'IUCN (l'Union mondiale pour la conservation de la natureUnion mondiale pour la conservation de la nature).

    L'étude montre à quel point les récifs coralliens et les mangroves sont en voie de disparition rapide. Près d'un tiers des coraux ont déjà disparu et on estime une perte de 60 pour cent d'ici 2030. Plus d'un tiers des zones de mangroves ont été détruites et leur taux de perte est supérieur à celui des forêts tropicalesforêts tropicales.

    Klaus Toepfer, le directeur exécutif du PNUE, a remarqué : « Jour après jour, à travers les océans et les mers du monde, la nature génère des revenus et des modes de subsistances pour des millions, voir des milliards de personnes ». « La tragédie du tsunamitsunami qui a frappé l'Océan indien en décembre 2004 a mis au premier plan le débat sur les capacités de maintien de la vie des récifs et des mangroves sains. Mais ce rapport va plus loin, soulignant que leur importance économique, culturelle et sociale va au delà de tels événements extrêmes » a-t-il ajouté.

    « J'espérer que les réalités financières contenues dans cette étude transformeront radicalement l'attitude et le comportement des gouvernements, de l'industrie, des autorités locales et des individus, de sorte qu'ils apprécient davantage et conservent mieux ce capital naturel ; afin qu'ils réfléchissent à deux fois à la pollution, aux changements climatiqueschangements climatiques, au développement peu raisonable et à d'autres pratiques préjudiciables qui minent rapidement la base économique de tant de communautés côtières à travers le monde » a dit M. Toepfer.

    Jon Hutton, le nouveau directeur entrant du PNUE-WCMC, a ajouté que « cette étude est importante car elle donne non seulement des valeurs réelles aux services de la nature, mais illustre également l'importance critique de la collecte, du stockage et de l'analyse de données qu'entreprend le PNUE au nom du monde ».

    Le rapport est lancé à la veille de la 9ème session extraordinaire du Conseil d'administration du PNUE/Forum ministériel mondial sur l'environnement qui se tiendra à Dubai (Émirats Arabes Unis) en début février et lors duquel les ministres de l'environnement du monde entier débattront des questions clés que sont l'énergieénergie et le tourisme, tous deux liées, directement ou indirectement, aux services des écosystèmes comme les récifs coralliens et les mangroves.

    Valorisation des récifs coralliens et des mangroves côtières

    Aujourd'hui, grâce à des études novatrices telle que L'Évaluation des écosystèmes pour le millénaire publiée l'année dernière, les experts réalisent davantage la valeur des marchandises et des services que les coraux et les mangroves fournissent. Le nouveau rapport note que l'économie des services des écosystèmes est encore à ses débuts et que les évaluations actuelles peuvent sous-estimer leur juste valeur. Il signale toutefois que les études montrent que la plupart des bénéfices tirés des récifs coralliens et des mangroves résultent de la pêchepêche, de l'exploitation du boisbois pour la constructionconstruction et le chauffage, du tourisme et de la protection du littoral.

    Le rapport souligne également que les chiffres au niveau national varient considérablement et que les différents services offerts par ces écosystèmes peuvent avoir des valeurs nettement différentes.

    Néanmoins, la valeur économique totale des récifs est estimée de $100.000 à $600.000 par kilomètre carré par an, alors que celles des mangroves s'élève à plus de $900.000 par kilomètre carré par an.

    En Indonésie, on estime que les récifs, qui sont exploités essentiellement à des fins touristiques, ont une valeur de « $1 million par kilomètre carré, selon le coût de maintien des plages sablonneuses ».

    « Des valeurs semblables ont été calculées pour les Caraïbes, allant de $2.000 à $1 million. Les valeurs les plus élevées ont été enregistrées dans les secteurs fortement dépendant du tourisme », note le rapport.

    À Samoa américaine, les chercheurs estiment que les mangroves valent un peu plus de $100.000 par kilomètre carré, soit $50 millions par année. En Thaïlande, le chiffre est encore plus élevé : la valeur des mangroves est évaluer à $3.5 millions par kilomètre carré.

    La protection des zones côtières

    La capacité des récifs coralliens de protéger la côte des vagues et des tempêtestempêtes varie d'un endroit à un autre et dépend de la topographie et de la taille du récif. Néanmoins le rapport estime qu'un récif corallien typique peut absorber 90 pour cent de la force d'impact d'une vague, protégeant ainsi le littoral et les infrastructures contre l'érosion et les dégâts. Des études du Sri Lanka indiquent qu'un kilomètre carré de récif corallien prévient annuellement contre l'érosion de 2.000 mètres cubes du littoral.

    Selon le rapport, les mangroves dispersent les vagues grâce à la résistancerésistance qu'exercent leurs racines et leurs tiges multiples. L'énergie d'une vague peut être réduite de 75 pour cent lorsqu'elle passe à travers 200 mètres de mangroves.

    De la pêche jusqu'a la commercialisation des poissonspoissons d'aquarium : d'autres marchandises et services importants

    La majorité des quelques 30 millions de petits pêcheurs dans le monde en voie de développement est dépendante, à différents degrés, des récifs coralliens. Aux Philippines, par exemple, plus d'un million de petits pêcheurs dépendent directement des récifs coralliens pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

    Le rapport estime que la pêche dans les récifs rapporte entre $15.000 et $150.000 par kilomètre carré par an. C'est souvent le cas dans des régions du monde où de nombreuses personnes vivent avec moins de deux dollars par jour. En Asie du sud-est, la pêche dans les récifs apporte presque $2.5 milliards annuellement et dans les Caraïbes, $310 millions par an. En général, les poissons de récif représentent un quart de la pêche mondiale, soit une source d'alimentation pour un milliard de personnes.

    Environ 1,5 à deux millions de personnes en Europe et en Amérique du Nord ont des aquariums. La grande majorité des poissons et des autres espècesespèces marines qui alimentent ce commerce proviennent de récifs coralliens.

    Le rapport estime que le Sri Lanka, par exemple, gagne un peu plus de $5.5 millions par an de telles exportations, permettant ainsi à près de 50 000 personnes de subvenir à leur besoin.

    « Le fait que le commerce des poissons d'aquarium est de haute valeur mais de faible volumevolume signifie qu'il pourrait, si bien géré, subvenir aux besoins de beaucoup plus de personnes. Un kilo de poissons d'aquarium valait presque $500 en 2002 contre $6 pour un kilo de poissons d'alimentation, » note le rapport.

    Les mangroves sont également importantes pour la pêche. En moyenne, 75 pour cent des crevettes récoltées commercialement au Queensland (Australie) dépendent des mangroves.

    Une forêt de mangrove de 400 kilomètres carrés à Matang (Malaisie) produit une pêche d'une valeur de $100 millions par an. Les mangroves de Matang génèrent des revenus supplémentaires en fournissant, chaque année, des produits de sylviculturesylviculture d'une valeur de $10 millions.

    Les organismes marins contiennent souvent des composés pharmaceutiques utiles. À ce jour, les organismes de récif ont jusqu'ici révélé un agent anticancéreuxanticancéreux et aujourd'hui promettent de grandes avancées dans le traitement du VIH.

    En 2000, les bénéfices annuels nets du tourisme de plongée dans les Caraïbes s'élevaient à un peu plus de $2 milliards, dont $625 millions rapportés directement par les activités de plongée dans les récifs.