Alors que la France venait de connaître une vague de chaleur sans précédent, le Ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées demandait, le 20 août dernier, à deux experts de l'Inserm, Denis Hémon et Eric Jougla de mettre en œuvre une mission d'estimation de la mortalité liée à cette canicule.

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    Canicule : impact de la vague de chaleur sur la mortalité

    Canicule : impact de la vague de chaleur sur la mortalité

    Le 25 Septembre, a été rendue publique la première phase de cette mission, à savoir, l'importance de l'excès de mortalité constaté au cours de la période de caniculecanicule - et des jours qui l'ont suivie - selon les personnes, leur âge, sexe, résidence, lieu de décès.
    Dans un second temps, une analyse approfondie et spécifique de ces résultats sera réalisée et des propositions méthodologiques devant permettre l'amélioration de la réactivité des systèmes d'information sur les risques et les facteurs de risque seront faites.

    Une élévation majeure et brutale de la surmortalité à court terme : + 60 %

    La vaguevague de chaleurchaleur a été d'une duréedurée et d'une intensité exceptionnelles. Elle a entraîné une surmortalité majeure : environ 15 000 décès supplémentaires par rapport à la mortalité attendue.
    Cette surmortalité observée porteporte sur la période du 1er au 20 août et correspond à un excès de + 60 % par rapport à la mortalité moyenne.

    La surmortalité a été synchronesynchrone avec la période de canicule :
    élévation significative de la surmortalité le 4 août,

    • accroissement régulier jusqu'à un pic le 12 août,
    • amorce de régression le 13 août,
    • régression rapide dans les jours suivants,
    • retour à une mortalité normale le 19 août.

    La surmortalité a été particulièrement élevée (+ 70%) chez les sujets âgés de 75 ans et plus et très importante également (+ 30%) dans toutes les classes d'âges comprises entre 45 et 74 ans.
    L'augmentation de la mortalité a été de 40 % chez les hommes et de 60 % chez les femmes.
    La surmortalité a été très prononcée dans la région Centre (+100 %) et en Ile-de-France (+130 %).

    La région Ile-de-France totalise à elle seule près du tiers de l'ensemble de la surmortalité observée en métropole. La surmortalité s'élève à :

    • + 127 % pour Paris,
    • + 147 % dans l'Essonne,
    • + 161 % dans les Hauts-de-Seine,

    • + 160 % en Seine-Saint-Denis,
    • + 171 % dans le Val-de-Marne.

    Les nombres de décès qui ont eu lieu à domicile et en maisons de retraite ont été multipliés environ par deux par rapport à leur valeur habituelle et les décès en excès sont survenus pour :

    • 42 % dans des hôpitaux,
    • 35 % à domicile,
    • 19 % dans des maisons de retraite,
    • 3 % en clinique privée.

    La plupart des causes de décès sont concernées par la surmortalité. Dans les cas de surmortalité observés en 2003, les causes directement liées à la chaleur (coups de chaleur, déshydratations, hyperthermies) représentent 28,9 % des décès, les maladies cardio-vasculaires 20,6 % et les maladies de l'appareil respiratoire 7,7 %.

    Août 2003 comparée à d'autres vagues de chaleur

    Une élévation brutale de la mortalité à court terme associée à la survenue de vagues de chaleur a déjà été observée dans plusieurs pays, notamment européens.

    En France, la canicule de 2003 présente un certain nombre de caractéristiques épidémiologiques semblables à celles de l'été 1976 (à l'origine d'une surmortalité de 6000 décès). Toutefois, l'analyse de la vague de chaleur de cet été fait clairement ressortir son ampleur exceptionnelle par sa durée, son intensité et son étendue territoriale.
    Enfin, elle met aussi en avant l'amplitude sans précédent de la surmortalité qui l'a accompagnée.

    Une méthodologie rigoureuse

    Les sources d'informations qui ont permis de déterminer les résultats de cette mission proviennent de l'Inserm, de l'Insee (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), de l'InVS (Institut de Veille SanitaireInstitut de Veille Sanitaire) et de MétéoMétéo France.
    Les informations - transmises dans la première quinzaine de septembre - portent sur plus de 56 000 décès survenus au mois d'août 2003 dans les quelque 36 000 communes métropolitaines. Elles sont toutes validées.
    Le dénombrement des décès pour l'ensemble du mois d'août 2003 en France métropolitaine est exhaustif au 17 septembre.
    Les sources Inserm et Insee ont permis de cerner les principales caractéristiques épidémiologiques de la surmortalité d'août 2003. La source Inserm a donné une information sur les causes médicales de décès impliquées dans cette surmortalité.

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