Des chercheurs français de l’Inserm et de l’AP-HP sont parvenus à injecter à un patient des globules rouges créés à partir de ses propres cellules souches. À l’avenir, les malades ayant besoin d’une transfusion sanguine deviendront-ils leurs propres donneurs ? L’espoir semble permis.

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    Peut-être une solution pour une nouvelle source de produits sanguins dont « nous avons cruellement besoin ». © Phovoir

    Peut-être une solution pour une nouvelle source de produits sanguins dont « nous avons cruellement besoin ». © Phovoir

    Depuis longtemps, on cherche à réaliser du sang artificiel par différentes méthodes, comme la reprogrammation de cellules de peau ou même par moulage d'hydrogel. À l'université Pierre et Marie CurieMarie Curie (UPMC) à Paris, Luc Douay et son équipe explorent la voie des cellules souches et vient de parvenir à un résultat remarquable, présenté dans la revue Blood. L'étude s'est déroulée en deux temps. En utilisant des cellules souches d'un donneur humain, les scientifiques ont d'abord réussi à produire des milliards de globules rouges cultivés. Ils ont pour cela utilisé des facteurs de croissance spécifiques « qui régulent la prolifération et la maturation des cellules souches en globules rouges ».

    Mais l'énorme pas en avant est venu lorsque l'équipe française a réinjecté des globules rouges cultivés à partir des cellules souches d'un patient. « Au bout de cinq jours, poursuit Luc Douay, le taux de survie de ces globules rouges dans la circulation sanguine était compris entre 94 et 100 %. Et au bout de 26 jours, entre 41 et 63 %. » Ces résultats sont très positifs puisque « ce taux est comparable à la demi-viedemi-vie moyenne de 28 jours des globules rouges natifs normaux. Nous démontrons donc que la duréedurée de vie et le taux de survie des cellules cultivées sont similaires à ceux des globules rouges natifs, ce qui étaye leur validité en tant que source possible de transfusion ».

    Les globules rouges (ou érythrocytes), sans noyau mais gorgés d'hémoglobine, apportent l'oxygène aux cellules du corps et emportent le dioxyde de carbone vers les poumons. © Ethan Hein, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Les globules rouges (ou érythrocytes), sans noyau mais gorgés d'hémoglobine, apportent l'oxygène aux cellules du corps et emportent le dioxyde de carbone vers les poumons. © Ethan Hein, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Une réserve illimitée de cellules sanguines ?

    Cette étude est la première à démontrer que ces cellules peuvent survivre dans le corps humain. Pour Luc Douay, il s'agit d'une « percée majeure pour la médecine transfusionnelle. Nous avons cruellement besoin de nouvelles sources de produits sanguins pouvant être transfusés, en particulier pour faire face à la pénurie de donneurs de sang et pour réduire le risque d'infection lié aux nouveaux virusvirus émergeants, associé à la transfusion classique ».

    Le prochain défi des chercheurs sera d'envisager une production à grande échelle de ces cellules. Une autre histoire. Comme le souligne Luc Douay, « cela nécessite des progrès technologiques supplémentaires dans le domaine de l'ingénierie cellulaire. Mais nous sommes convaincus que les globules rouges cultivés pourraient constituer une réserve illimitée de cellules sanguines et une alternative aux produits de transfusion classiques ».