De la mémoire à moyen terme a pu être restaurée chez des drosophiles âgées en réactivant spécifiquement les neurones devenus inactifs. Les mécanismes biochimiques étant sensiblement les mêmes chez l’Homme, les scientifiques pensent qu’il serait possible de transposer assez facilement ces résultats à notre espèce. Un grand pas en avant vers la fin de la perte de la mémoire liée à l’âge ?

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    Le vieillissement reste encore un processus partiellement incompris par les scientifiques. Avec le temps qui passe, l'activité de certaines cellules décroît, ce qui se répercute à l'échelle de l'organisme par la baisse d'efficacité de certaines fonctions. L'un des exemples les plus connus est de la perte progressive de la mémoire.

    Les chercheurs ignorent encore comment l'activité du cerveau s'altère au cours de la vie. Mais une nouvelle étude vient d'apporter des éléments nouveaux, et même si la mécanique globale reste méconnue, les auteurs de ce travail publié dans les Pnas ont montré qu'il était possible de restaurer les souvenirs disparus.

    Les neurones liés à la perte de mémoire ciblés…

    La recherche a été menée sur des mouches drosophilesdrosophiles, des animaux très différents de nous, mais Ronald Davis, l'un des deux scientifiques du Scripps Research Institute de Floride impliqué dans l'étude, affirme que « les processus biochimiques sous-jacents à la formation de la mémoire chez la drosophile sont remarquablement proches de ceux observés chez l'Homme, donc ce qu'on apprend sur la formation de la mémoire chez la mouche devrait pouvoir être transposé à la mémoire humaine ainsi qu'à ses troubles ». Ces insectesinsectes, comme les mammifèresmammifères, en connaissent aussi avec l'âge.

    Les drosophiles sont des petites mouches très utilisées dans la recherche en biologie, particulièrement en génétique. Mais aussi dans l'étude de la mémoire, comme ici. © Marcos Freitas, Flickr, cc by nc 2.0

    Les drosophiles sont des petites mouches très utilisées dans la recherche en biologie, particulièrement en génétique. Mais aussi dans l'étude de la mémoire, comme ici. © Marcos Freitas, Flickr, cc by nc 2.0

    Dans un premier temps, les chercheurs ont pu observer, grâce à l'imagerie cellulaire fonctionnelle, la mémoire se former dans des régions particulières du cerveau des drosophiles, jeunes et âgées. En couplant une odeur avec un choc électrique, les mouches ont été conditionnées, et ce processus a généré de la mémoire à court terme (quelques dizaines de minutes), à moyen terme (quelques heures) et à long terme (quelques jours). Les scientifiques ont identifié quels neurones encodaient quelles mémoires.

    … et finalement réactivés

    Les animaux âgés ont fini par manifester des troubles de la mémoire, comme prévu. Mais uniquement celle à moyen terme, le court terme étant épargné. Les cellules nerveuses défaillantes ont été stimulées, à l'aide de canaux ioniques sensibles à la chaleurchaleur disposés dans les neurones. Ceux-ci s'ouvrent spécifiquement pour laisser passer des cationscations en cas d'élévation ou d'abaissement de la température.

    Après activation, les mouches âgées retrouvaient leurs souvenirs perdus, en l'occurrence leur conditionnement. La même expérience menée chez les jeunes drosophiles n'a eu aucun effet, ces individus n'ayant pas préalablement perdu la mémoire. Cette expérience montre bien que certains neurones particuliers perdent leur activité avec le temps, mais que la mémoire peut être récupérée lorsqu'on les réactive.

    Cette découverte semble importante, car elle pourrait, à long terme, déboucher sur le développement de médicaments assez précis pour cibler les neurones fatigués et les réactiver. Cependant, il ne s'agit là que d'annihiler les symptômes du vieillissement et non de le guérir. C'est toujours mieux que rien.