Rien à voir avec une manipulation mentale, la question des moyens mis en œuvre par le cerveau pour se nettoyer intéresse les scientifiques. Par exemple, comment fait-il pour éliminer les grosses molécules comme les bêta-amyloïdes impliquées dans la maladie d’Alzheimer ? La réponse vient d’être apportée…

au sommaire


    Éliminer les déchets est une activité primordiale pour assurer le bon fonctionnement d'un organe. Le cerveau, très actif, n'y fait pas exception. Mais du fait de la barrière hématoencéphalique qui le protège des grosses molécules qui pourraient l'agresser, il faut parvenir à la contourner pour se débarrasser des protéines qui pourraient s'entasser. © Heidi Cartwhright, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Éliminer les déchets est une activité primordiale pour assurer le bon fonctionnement d'un organe. Le cerveau, très actif, n'y fait pas exception. Mais du fait de la barrière hématoencéphalique qui le protège des grosses molécules qui pourraient l'agresser, il faut parvenir à la contourner pour se débarrasser des protéines qui pourraient s'entasser. © Heidi Cartwhright, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Saviez-vous que le cerveau produit des déchetsdéchets - des protéines, notamment - qu'il doit éliminer par le biais du liquide céphalorachidien (LCR) ? Pour éclaircir cet intriguant mécanisme, des chercheurs de l'université de Rochester à New York (États-Unis) se sont intéressés à ce circuit d'évacuation chez la souris. Une piste de travail qui pourrait aboutir à une meilleure compréhension de la maladie d’Alzheimer.

    « Le cerveau produit les mêmes déchets que les autres organes du corps humain : du dioxyde de carbonedioxyde de carbone, de l'ammoniaqueammoniaque... explique Jeffrey Iliff, l'un des auteurs de ce travail. Ces petites moléculesmolécules sont évacuées par le flux sanguin ». En revanche, les déchets de taille plus importante à l'image des protéines comme les bêta-amyloïdesbêta-amyloïdes par exemple, ne peuvent être éliminées ainsi. Ils sont alors drainés par le liquide céphalorachidien.

    La protéine bêta-amyloïde, dont on voit la structure tridimensionnelle, s'accumule dans les cerveaux des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. On ne peut encore affirmer si elle est la cause ou la conséquence de la neurodégénérescence. © Jawahar Swaminathan, Wikipédia, DP

    La protéine bêta-amyloïde, dont on voit la structure tridimensionnelle, s'accumule dans les cerveaux des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. On ne peut encore affirmer si elle est la cause ou la conséquence de la neurodégénérescence. © Jawahar Swaminathan, Wikipédia, DP

    Les déchets du cerveau envoyés dans les aquaporines

    Au cours de leur travail publié dans Science Translational Medicine, les scientifiques américains sont donc parvenus à observer précisément ce curieux ménage. Ils ont pour cela utilisé une technique d'imagerie particulière appelée microscopie à deux photonsphotons.

    Ils ont observé que pour éliminer ses déchets, le cerveau permet au LCR de circuler le long de ses vaisseaux sanguins. Le liquide draine ainsi les protéines coincées entre les cellules - comme les bêta-amyloïdes - mais aussi les débris de cellules mortes... qu'il élimine ensuite par des canaux à eau : les aquaporines.

    Cette découverte ouvre une voie nouvelle pour la recherche contre la maladie d'Alzheimer. Selon Jeffrey Iliff, « une défaillance de ce système d'élimination pourrait expliquer l'accumulation de ce peptide dans le cerveau et le déclenchement de la maladie d'Alzheimer ». Affaire à suivre donc...