Après avoir été testés aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Italie et en Irlande, une nouvelle technique de chimiothérapie contre les tumeurs du foie arrive au Royaume-Uni. Ce traitement très ciblé contre le cancer pourrait se généraliser à l’avenir du fait de son efficacité et du peu d’effets secondaires qu’il entraîne.

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    La chimiothérapie n'est pas la seule solution contre les cancers. La radiothérapie ou l'immunothérapie sont d'autres méthodes utilisées. Mais ces traitements dépendent de la maladie elle-même. Ainsi, les bains chimiques pourraient ne pas correspondre à toutes les tumeurs. © kendrak, Flickr cc by nc sa 2.0

    La chimiothérapie n'est pas la seule solution contre les cancers. La radiothérapie ou l'immunothérapie sont d'autres méthodes utilisées. Mais ces traitements dépendent de la maladie elle-même. Ainsi, les bains chimiques pourraient ne pas correspondre à toutes les tumeurs. © kendrak, Flickr cc by nc sa 2.0

    La chimiothérapie entre dans une nouvelle ère. Ces médicaments s'en prennent principalement aux cellules qui se divisent rapidement, exactement comme les cellules tumorales. Mais ces principes actifs ont tendance à s'attaquer aussi à des organes sains du corps et à les abîmer, ce qui entraîne des effets secondaires parfois lourds : manque d'appétit, grosse fatigue, chute de cheveux, troubles de la fertilité, etc.

    L'objectif des médecins consiste donc à cibler au mieux l'organe concerné par le cancer. Alors ils ont imaginé la chimiosaturation avec perfusion hépatique percutanée, que les Anglo-Saxons simplifient par l'expression « chemo-bath ». Attention, ce terme existe déjà pour qualifier une autre technique, que l'on traduit par « bain de chimiothérapie ». Il s'agit de tremper les organes malades dans un liquideliquide riche en agents thérapeutiques chauffé à 43 °C. Pour distinguer les deux procédés, nous appellerons celui que nous décrivons « bain chimique », même s'il n'existe pas à notre connaissance de dénomination précise en français.

    Déjà testée aux États-Unis, la technique fait son entrée en Europe. Après l'Allemagne, l'Italie, l'Irlande et la France, le procédé vient d'être pratiqué avec succès sur deux patients avec des métastases atteignant le foie, au Southampton General Hospital (Royaume-Uni).

    Les cancers ne se limitent pas toujours à un seul organe. Ils envahissent aussi d’autres tissus via des cellules métastasiques. Quand une tumeur se propage jusqu’au foie, comme à partir d’un cancer du pancréas (cellules à l’image), l’espérance de vie ne dépasse pas 4 mois. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr cc by nc nd 2.0

    Les cancers ne se limitent pas toujours à un seul organe. Ils envahissent aussi d’autres tissus via des cellules métastasiques. Quand une tumeur se propage jusqu’au foie, comme à partir d’un cancer du pancréas (cellules à l’image), l’espérance de vie ne dépasse pas 4 mois. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr cc by nc nd 2.0

    Le foie prend un bain chimique

    Le traitement consiste dans un premier temps à isoler la circulation sanguine du foie de manière temporaire. Puis la chimiothérapie est injectée directement au niveau de l'organe par l'intermédiaire d'un cathétercathéter placé juste en amont. Le médicament est délivré à des doses plus élevées que dans les traitements classiques.

    Une fois qu'il a traversé sa cible, le principe actif est filtré par un cathéter à double ballon spécialement conçu pour le récupérer. Le reste du sang, purifié, est réinjecté dans la veine jugulaire et poursuit son trajet normalement dans les vaisseaux.

    Ainsi, seul l'organe malade bénéficie du traitement adapté et même si quelques résidus de chimiothérapie ont pu franchir la barrière mise en place, les quantités sont faibles et les effets secondaires très limités. Les deux patients britanniques qui ont testé le procédé se portent bien, leurs tumeurstumeurs ayant même régressé après des séances d'une heure.

    Faire reculer la mortalité du cancer

    C'est un grand pas dans le traitement des cancers. Certaines tumeurs, comme le mélanome de l’œil ou le cancer du pancréas, se répandent jusque dans le foie. Lorsque la maladie en arrive à ce stade, il n'existe aucun traitement réellement efficace, car ceux utilisés sont tellement destructeurs pour les autres organes qu'ils ne peuvent être délivrés à haute dose. En conséquence, l'espérance de vieespérance de vie est très courte. Elle est en moyenne de 4 mois et seuls 10 % des malades survivent au-delà d'une année.

    Une étude du Moffitt Cancer Center (Tampa, Floride) publiée plus tôt dans l'année révèle que ce bain chimique augmente l'espérance de vie de 5 ans chez des personnes touchées par un mélanomemélanome de l'œilœil métastasé au foie. Même s'il ne résout pas définitivement le mal, ce bain chimique accroît les délais durant lesquels la maladie n'évolue plus, offrant aux patients un confort de vie bien plus important.

    Peu à peu, les découvertes et les nouvelles thérapiesthérapies qui en découlent font reculer la mortalité du cancer. Si le combat est encore loin d'être gagné, la situation ne devrait cesser de s'améliorer dans les années à venir.