Une étude montre que les personnes soumises aux sons d’avions les plus intenses sont plus à risque de déclarer des maladies cardiovasculaires (maladies du cœur, circulation sanguine) et de mourir d’AVC. Les chercheurs essaient de trouver si les décibels sont directement responsables ou non.

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    Parfois, il est des associations qui paraissent étranges. Ainsi, des études ont montré que la concentration de lampadaires urbains était liée au taux de suicide, ou que les pays consommant le plus du chocolat obtenaient davantage de prix Nobel. Si ces recherches sont à prendre à la légère, d'autres, en revanche, font moins sourire.

    Des scientifiques britanniques de l'Imperial College et du King’s College de Londres ont abouti à des conclusions a priori peu intuitives. Dans les colonnes du British Medical Journal, ils démontrent un lien entre le bruit causé par les avions et les risques de déclarer et de mourir d'un accident cardiovasculaire (AVC) ou de maladies coronariennes ou circulatoires. Reste à savoir si le volumevolume sonore est directement responsable...

    Le bruit des avions et le cri du cœur

    Pour cette recherche, Anna Hansell et ses collaborateurs ont épluché les données de l'aviation civile britannique de 2001 concernant l'intensité sonore mesurée dans 12 arrondissements londoniens et 9 districts situés en dehors de la capitale, localisés à proximité du célèbre aéroport d'Heathrow. Cela concerne 3,6 millions de personnes, soumises à plus de 50 décibels (dB), soit le volume moyen d'une conversation dans une pièce silencieuse.

    Le cœur et tout le système cardiovasculaire pourraient être sensibles au bruit sourd des avions, ou dérangés par la récurrence des vols, au point d'entraîner une hypertension dangereuse. © Spooky Pooka, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Le cœur et tout le système cardiovasculaire pourraient être sensibles au bruit sourd des avions, ou dérangés par la récurrence des vols, au point d'entraîner une hypertension dangereuse. © Spooky Pooka, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Leur analyse montre que pour les 2 % de cette population (70.000 personnes) vivant avec plus de 63 dB, les probabilités d'admission à l'hôpital et de mort d'une maladie du système cardiovasculaire étaient augmentées de manière significative : + 24 % pour les AVCAVC, + 21 % pour les maladies coronariennes, et + 14 % pour les troubles cardiovasculaires. Les paramètres ont été ajustés de manière à éliminer d'autres biais, comme la solitude, les niveaux de pollution de l’air ou la consommation tabagique.

    Ces résultats corroborent ceux explicités dans une autre étude parue dans la même édition de la revue britannique, mais cette fois menée sur la population vivant autour de 89 aéroports des États-Unis.

    Un facteur de risque cardiovasculaire parmi d’autres

    Qu'en conclure ? Aussi rigoureux qu'ait été le déroulement de ces études, elles ne permettent pas de conclure d'un lien de cause à effet entre les deux événements, mais font seulement part d'une association. Les auteurs proposent quelques hypothèses pour expliquer comment les volumes sonores élevés augmenteraient la pressionpression sanguine. Un bruit violent et inattendu peut faire sursauter, et accélérer brièvement la fréquence cardiaque et la tension artérielle. La pénibilité et le stress causés par un bruit régulier peuvent aussi altérer la puissance du débitdébit sanguin.

    Or, les auteurs tendent à rassurer en précisant que les risques observés restent deux à trois fois inférieurs à ceux constatés pour les populations les plus à risques, comme les fumeurs et les non-sportifs. D'autre part, les efforts engagés par l'aéroport londonien pour diminuer les nuisances sonores ont permis de réduire de 90 % le nombre de personnes concernées par les bruits des avions les plus intenses depuis les années 1970, tandis que les vols ont doublé.

    Les investigations vont être poursuivies afin de découvrir le lien exact qui unit maladies cardiovasculaires aux décibels des avions. L'impact de l'heure de l'émissionémission du bruit (jour ou nuit) va également être étudié de plus près.