La présence d'une certaine bactérie intestinale dans le tube digestif favoriserait la sécrétion de molécules essentielles à notre santé. Selon des chercheurs belges, elle pourrait jouer un rôle dans la prévention de l’obésité et du diabète.

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    Photo d'une souris obèse (à gauche) à côté d'une souris de poids normal. Selon une étude, les rongeurs obèses possèdent 100 fois moins de bactéries Akkermansia muciniphila que les animaux normaux. © Bigplankton, Wikimedia Commons, DP

    Photo d'une souris obèse (à gauche) à côté d'une souris de poids normal. Selon une étude, les rongeurs obèses possèdent 100 fois moins de bactéries Akkermansia muciniphila que les animaux normaux. © Bigplankton, Wikimedia Commons, DP

    Notre système digestif abrite près de 500 espècesespèces de micro-organismes qui participent à de nombreux processus physiologiques, comme la digestion et l'immunité. Une équipe belge de l'université catholique de Louvain vient d'attribuer une nouvelle fonction à une espèce de bactéries intestinalesAkkermansia muciniphila. Elle jouerait un rôle prépondérant dans le contrôle de l'obésité et du diabète de type 2. Ces travaux sont publiés dans la revue Pnas.

    La bactérie Akkermansia muciniphila représente entre 3 et 5 % des microbesmicrobes contenus dans les intestins. Cependant, chez les Hommes et les souris obèses, cette proportion est nettement plus faible. Au vu de ces résultats, les chercheurs ont voulu comprendre le rôle de ce microbe dans le développement de l’obésité.

    L’obésité touche plus de deux millions de Français de moins de 18 ans. © robad0b, Flickr, cc by sa 2.0

    L’obésité touche plus de deux millions de Français de moins de 18 ans. © robad0b, Flickr, cc by sa 2.0

    Conformément à leur hypothèse, les scientifiques ont montré que des souris avec une alimentation riche en graisse possédaient 100 fois moins d'Akkermansia muciniphila que des rongeursrongeurs alimentés normalement. Pour rééquilibrer la flore intestinale des souris gavées, les chercheurs leur ont administré l'espèce bactérienne et ont encouragé sa croissance avec des prébiotiques, des nutrimentsnutriments spécifiques favorisant leur développement. L'expérience est un succès : non seulement l'écosystèmeécosystème microbien intestinal est rétabli, mais les souris perdent du poids ! Encore mieux, elles se mettent à sécréter plus efficacement de l'insuline, l'hormonehormone impliquée dans le diabète.

    Une bactérie qui dialogue avec l’organisme

    Comment ce micro-organisme agit-il pour maîtriser l'obésité et le diabète ? L'équipe belge a montré que sa progression dans l'intestin était associée avec une augmentation du taux d'endocannabinoïdes. Ces derniers sont impliqués dans le contrôle du taux de sucresucre dans le sang, et jouent un rôle dans la stimulationstimulation immunitaire contre les pathogènespathogènes intestinaux. Face à la croissance bactérienne, l'organisme se met aussi à produire plus de mucus intestinal, l'aliment favori du microbe. « C'est comme si la bactérie disait à l'organisme qu'en échange de ses bons services, elle commandait plus de nourriture », explique Patrice Cani, directeur de l'étude.

    Ces travaux ne sont pas les premiers du genre, et le rôle de certaines bactéries intestinales dans le développement de maladies comme le diabète et l'obésité avait déjà été mis en évidence. Selon Patrice Cani, Akkermansia muciniphila pourrait être utilisée dans le traitement de ces pathologiespathologies.