La fertilité, et plus particulièrement l’ovulation, dépendrait au moins en partie des dérivés réactifs de l'oxygène. Les antioxydants, pourtant préconisés dans la lutte contre certaines maladies, seraient alors des facteurs pouvant diminuer la fertilité... et favoriser la contraception !

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    Les pilules d'antioxydants remplaceront peut-être les fameuses pilules contraceptives à action hormonale. © DR

    Les pilules d'antioxydants remplaceront peut-être les fameuses pilules contraceptives à action hormonale. © DR

    Les antioxydants ont très bonne réputation et sont de plus en plus utilisés comme arguments de vente. Les fruits en contiennent naturellement, mais les firmes agroalimentaires en ajoutent à toute sorte de produit pour appâter les consommateurs. Ces moléculesmolécules auraient certes un effet bénéfique sur l'organisme en ralentissant le vieillissement cellulaire, mais iraient aussi à l'encontre de l'ovulation, d'après une nouvelle étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

    Les antioxydants protègent contre le vieillissement

    L'oxydationoxydation est un processus naturel qui implique au moins deux substances. L'agent oxydant prend et séquestre des électronsélectrons de ce qui devient alors la substance oxydéesubstance oxydée. Dans certains cas, cela entraîne la formation de radicaux libresradicaux libres, c'est-à-dire des molécules chimiques très réactives du fait de la présence d'électrons non appariés sur la couche externe. Les dérivés réactifsréactifs de l'oxygène (ROS) en sont des exemples.

    Elles peuvent alors s'associer à des molécules et provoquer des réactions en chaîneréactions en chaîne, jusqu'à détruire les cellules et provoquer un vieillissement précoce. Pour éviter l'action de ces molécules réactives, les antioxydants font la réaction inverse et réduisent les ROS pour leur faire perdre leur réactivité. C'est le cas des polyphénols contenus dans le vin rouge ou le thé, mais aussi des vitamines C et E, et de certaines enzymesenzymes comme la peroxydase ou la catalasecatalase. La consommation d'aliments contenant ces substances est donc souvent associée à des effets bénéfiques contre le cancer ou les maladies cardiovasculaires, d'après des études menées régulièrement.

    Les ROS sont indispensables à l’ovulation 

    Mais qu'en est-il de ces antioxydants sur des processus naturels comme la fertilité ? Pour le savoir, des scientifiques de Weizmann Institute of Science en Israël ont testé l'effet d'antioxydants sur l'ovulation. De l'hydroxyanisole butylé (retrouvé notamment dans les chewing-gums) ou de l'acétylcystéine, deux antioxydants, ont alors été injectés dans des ovairesovaires de souris, ensuite activés par des hormoneshormones connues pour déclencher l'ovulation (l'hormone chorionique gonadotrope). Dans ces conditions, le nombre d'ovocytesovocytes ovulés diminue significativement par rapport aux ovaires contrôles. 

    L'application d'eau oxygénée (H2O2) sur le follicule ovarien produit un effet similaire à celui de l'hormone lutéinisante (LH), effet qui n'apparaît pas lorsque l'on bloque l'action de la LH par un antioxydant (LH+BHA). © <em>PNAS</em>

    L'application d'eau oxygénée (H2O2) sur le follicule ovarien produit un effet similaire à celui de l'hormone lutéinisante (LH), effet qui n'apparaît pas lorsque l'on bloque l'action de la LH par un antioxydant (LH+BHA). © PNAS

    Si les antioxydants réduisent l'efficacité de l'ovulation, des ROS peuvent-ils à l'inverse favoriser la fertilité ? Les chercheurs ont alors testé in vitroin vitro l'effet de l'eau oxygénéeeau oxygénée sur le folliculefollicule ovarien, et ont montré qu'elle entraîne le développement du cumuluscumulus (les cellules folliculaires) de façon similaire à ce que fait naturellement l'hormone lutéinisantehormone lutéinisante (LH) responsable de l'ovulation. La présence d'antioxydants inhibe également la synthèse de progestéroneprogestérone, qui est normalement induite par la LH pour favoriser la grossessegrossesse. Les ROS seraient alors indispensables à l'ovulation et agiraient donc comme les médiateurs de l'information apportée par la LH.

    Des antioxydants pour remplacer la pilule ?

    Les ROS seraient donc les garants d'une ovulation en bonne et due forme, et les antioxydants limiteraient fortement leur action. Les auteurs concluent en précisant que ces résultats permettent d'envisager des perspectives d'un point de vue clinique. « Premièrement, ils pointent du doigt les effets délétères possibles des antioxydants sur la reproduction qui doivent être considérés avec attention. Deuxièmement, ils pourraient être traduits en une approche pratique, unique et non hormonale pour une contraceptioncontraception efficace. » Des antioxydants comme contraceptifs ? Une idée qui est donc prise au sérieux et qui sera prochainement testée par ces mêmes chercheurs.