Des chercheurs français ont montré le rôle joué par les plaquettes sanguines lors d’infections grippales sévères. Ceci suggère que des antiplaquettaires pourraient aider à traiter efficacement ces formes graves.

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    Le virus de la grippe cause parfois des infections sévères. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC BY NC ND 2.0

    Le virus de la grippe cause parfois des infections sévères. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC BY NC ND 2.0

    Dans le monde, les épidémies annuellesannuelles de grippe sont responsables d'environ trois à cinq millions de cas de maladies graves et de 250.000 à 500.000 décès, principalement parmi les groupes à haut risque (les très jeunes, les personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques). Dans les cas de grippes sévères, les poumons sont le siège d'une inflammation excessive et délétère.

    Des chercheurs de l'Inra, de l'Inserm et de l'Université Claude BernardClaude Bernard Lyon 1 se sont intéressés au rôle des plaquettes pendant l'infection par les virus grippaux chez des souris. Ils ont tenté de comprendre les mécanismes responsables de l'inflammation exagérée des poumons qui survient dans les cas les plus graves. Leurs travaux paraissent dans la revue American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.

    En révélant un afflux massif de plaquettes agrégées et activées, les scientifiques ont mis en évidence, pour la première fois, le recrutement des plaquettes dans les processus associés à la sévérité des infections pulmonaires.

    Les plaquettes (ici en vert) jouent un rôle dans la coagulation. En rouge : hématies, en orange : lymphocytes. © ZEISS Microscopy, Flickr, CC BY NC ND 2.0

    Les plaquettes (ici en vert) jouent un rôle dans la coagulation. En rouge : hématies, en orange : lymphocytes. © ZEISS Microscopy, Flickr, CC BY NC ND 2.0

    Les antiplaquettaires limitent la sévérité de la grippe

    Dans un second temps, cette même équipe a démontré le lien entre l'activation plaquettaire dans le poumon et la suractivation de l'inflammation. Ainsi, en suractivant les plaquettes, on observe une augmentation de la mortalité. Inversement, des souris ayant un défaut de fonction plaquettaire sont protégées.

    Enfin, l'effet bénéfique des antiplaquettaires sur l'inflammation excessive dans le poumon a été prouvé. Les chercheurs ont testé, chez des souris, quatre moléculesmolécules antiplaquettaires (dont deux sur le marché) et trois souches différentes de virus de la grippe. Il s'agissait de souches humaines modifiées pour entraîner des grippes sévères et de fortes pneumoniespneumonies chez les souris.

    En donnant une dose semi-létale de virus (entraînant une mortalité de 50 %), l'administration locale (ou par voie aérienne) d'antiplaquettaires a assuré une survie avoisinant 100 %. Ces travaux suggèrent donc que les médicaments antiplaquettaires (déjà présents dans la pharmacopée) pourraient être utilisés pour développer des traitements anti-inflammatoires efficaces lors des infections sévères à influenzainfluenza. Ces résultats de recherche biologique pourraient donc connaître des développements en recherche clinique visant à évaluer leur transposition dans l'espèceespèce humaine.