Un groupe de chercheurs dirigé par Catherine Hänni du laboratoire Paléogénétique et évolution moléculaire (CNRS, École Normale Supérieure de Lyon) a déchiffré la plus vieille séquence néandertalienne jamais analysée.

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    En la comparant à l'ADN fossileADN fossile de 9 spécimens de Néandertaliens plus récents déjà déchiffrés depuis 1997, leurs résultats permettent d'en savoir plus sur la diversité génétique des Hommes de NéandertalNéandertal et sur les relations qu'ils auraient pu entretenir avec les Hommes modernes durant leur cohabitation.

    La découverte des premiers fossiles Néandertaliens date de 1856. Pourtant, aujourd'hui encore, les relations qu'ont pu entretenir les Hommes de Néandertal avec les Hommes modernes durant leur cohabitation en Europe sont au cœur des débats les plus animés : y a t-il eu métissage ou l'Homme de Néandertal s'est-il éteint sans descendance ?

    Depuis 1997, les méthodes d'analyse de l'ADN fossile ont permis de déchiffrer une petite partie de l'information génétique de 9 spécimens de Néandertaliens. Les séquences obtenues pour l'ADN mitochondrial ne semblent trouver aucun équivalent parmi nos contemporains, qu'ils soient européens, africains, amérindiens ou asiatiques. Ainsi, il n'y a guère de trace d'un supposé métissage.

    L'avantage d'utiliser l'ADN mitochondrial pour ce genre d'analyse réside dans le fait que les mitochondries sont transmises uniquement par la mère. Cela permet donc de suivre des populations en comparant le degré de similarité de leur ADN mitochondrial.

    La séquence déchiffrée par l'équipe de Catherine Hänni a été obtenue à partir d'une molaire d'enfant datant de 100 000 ans, provenant de la grotte de Scladina en Belgique. Compte tenu de son grand âge, la séquence se limite à une courte région de 123 nucléotidesnucléotides de long. Pourquoi avoir choisi particulièrement ce spécimen, si vieux ? À l'époque, seuls les Néandertaliens vivaient en Europe. L'information obtenue permet donc de se faire une idée de la diversité génétique des Néandertaliens avant tout contact avec l'Homme moderne. Or, les séquences néandertaliennes déjà connues correspondaient globalement à la période où les Néandertaliens cohabitaient avec les Hommes modernes. Par comparaison avec la nouvelle séquence néandertalienne, elles permettent donc d'estimer l'impact que le contact avec les Hommes modernes a eu sur le génomegénome des Néandertaliens.

    Cette analyse a permis tout d'abord de confirmer que du point de vue de leur ADN mitochondrial, les Néandertaliens sont plus proches entre eux qu'ils ne le sont de nous, et ce indépendamment de leur cohabitation avec l'Homme moderne. Ils sont donc bien nos lointains cousins et non pas nos aïeux directs. Mais alors que les séquences néandertaliennes déjà connues se ressemblaient beaucoup, la séquence de Scladina a montré plus de différences. Une partie de la diversité génétique des Hommes de Néandertal n'avait donc pas été observée à partir des échantillons plus récents. Il est probable que la chute démographique qui a accompagné les Néandertaliens jusqu'à leur extinction ait contribué à éroder toute une part de leur diversité.

    Références :
    « Revisiting neandertal diversity with a 100,000 year old mtDNA sequence » ; Ludovic Orlando, Pierre Darlu, Michel Toussaint, Dominique Bonjean, Marcel Otte et Catherine Hänni. Current Biology, 6 juin 2006

    Contacts :

    Chercheur
    Catherine HÄNNI
    T 04 72 72 84 63
    [email protected]

    Presse CNRS
    Delphine Kaczmarek
    T 01 44 96 51 37
    [email protected]

    Communication École Normale Supérieure
    Virginie de Charentenay
    T 04 72 72 88 16
    [email protected]