Un médicament expérimental du laboratoire helvétique Novartis s'est montré très efficace lors d'une vaste étude clinique pour prolonger la vie de malades souffrant d'insuffisance cardiaque, réduisant la mortalité de 20 %. Ce traitement pourrait ainsi remplacer les thérapies actuelles contre cette pathologie qui affecte au moins 26 millions de personnes dans le monde.

au sommaire


    Le LCZ696 de Novartis apparaît comme un traitement très prometteur de l'insuffisance cardiaque. Mais s'il est homologué, il sera probablement très coûteux. © Catalin Plesa/shutterstock.com

    Le LCZ696 de Novartis apparaît comme un traitement très prometteur de l'insuffisance cardiaque. Mais s'il est homologué, il sera probablement très coûteux. © Catalin Plesa/shutterstock.com

    Malgré les traitements existants, le taux de mortalité de l'insuffisance cardiaque demeure élevé, avec jusqu'à 50 % des patients décédant dans les cinq ans après le diagnostic. L'insuffisance cardiaque, qui empêche le cœur de pomper suffisamment de sang dans les organes, entraîne un manque de souffle, de la fatigue et une rétention de liquideliquide dans les membres inférieurs.

    Le géant pharmaceutique suisse Novartis a dévoilé samedi les résultats très attendus d'un essai clinique appelé LCZ696 lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) réunie ce week-end à Barcelone en Espagne. Ces données, qui concernent un traitement pour les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque, ont été publiées simultanément dans la revue médicale New England Journal of Medicine.

    Une réduction significative de la mortalité cardiovasculaire

    Menée auprès de 8.442 patients dans 47 pays suivis durant 27 mois, cette étude visait à évaluer l'innocuité et l'efficacité de ce traitement chez des sujets souffrant d'insuffisance cardiaque en comparant avec ceux soignés avec l'enalapril, le traitement de choix actuel commercialisé sous les marques Renitec et Vasotec. À la fin de cette période d'observation, 21,8 % des participants traités avec le LCZ696 sont morts d'insuffisance cardiaque et 26,5 % chez ceux traités avec l'enalapril, ce qui représente 20 % de moins. Novartis avait annoncé en mars dernier qu'il mettait fin à cet essai clinique plus tôt que prévu car le traitement était nettement supérieur à l'enalapril, le médicament le plus utilisé actuellement contre l'insuffisance cardiaque, l'hypertensionhypertension et des dysfonctionnements du ventricule gauche du coeur.

    L'insuffissance cardiaque est une maladie redoutable qui fait chuter l'espérance de vie des patients lorsqu'elle se déclare. Un traitement efficace prolongerait la vie de dizaines de millions de personnes. © Pressmaster, Shutterstock.com

    L'insuffissance cardiaque est une maladie redoutable qui fait chuter l'espérance de vie des patients lorsqu'elle se déclare. Un traitement efficace prolongerait la vie de dizaines de millions de personnes. © Pressmaster, Shutterstock.com

    Novartis a souligné dans un communiqué que l'ampleur des bienfaits de ce traitement était statistiquement et cliniquement très importante. Outre la réduction de la mortalité cardiovasculaire, cette étude a également démontré que ce médicament réduisait de 21 % le nombre d'hospitalisations pour insuffisance cardiaque. « Je pense que quand les médecins vont voir ces résultats, ils vont les trouver convaincants et nous allons assister à un changement complet dans le traitement de l'insuffisance cardiaque », a estimé le docteur Milton Packer, un professeur de sciences cliniques à l'université du sud du Texas à Dallas, l'un des principaux auteurs de l'étude.

    Un traitement coûteux

    Mais ce nouveau traitement (LCZ696) va probablement être cher, selon l'analyste Tim Anderson, de la firme Sanford C. Bernstein, cité dans le New York Times. Selon lui, ce traitement pourrait coûter sept dollars par jour aux États-Unis (5,33 euros) ou 2.500 dollars par an (1.900 euros), alors que les versions génériques des autres traitements contre l'insuffisance cardiaque peuvent revenir à 4 dollars par jour (3 euros).

    Novartis prévoit de déposer des demandes d'autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché auprès de l'agence états-unienne des médicaments, la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration (FDA), d'ici fin 2014 et auprès de son équivalent de l'Union Européenne début 2015. Parmi les effets secondaires les plus fréquents du LCZ696, ces chercheurs ont relevé davantage d'hypotension mais moins de problèmes rénaux. Selon plusieurs analystes, le nouveau traitement pourrait devenir un médicament dont les ventes dépassent le milliard de dollars par an.