D’ordinaire, les photos prises depuis l’espace nous montrent des planètes, des étoiles, des nébuleuses ou des galaxies. Pour une fois, les scientifiques de l’Agence spatiale européenne nous livrent un cliché microscopique : des cellules immunitaires humaines sous la gravité zéro. Une œuvre presque digne d’un musée d’art moderne.

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    Exoplanètes, galaxiesgalaxies lointaines ou tout simplement la Terre, nous sommes habitués à recevoir des clichés magnifiques et étranges venus d'un autre monde : celui de l'espace. On met alors en image des structures telluriques ou stellaires dont les tailles dépassent l'imagination humaine.

    Mais l'Esa, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, vient d'innover. Au lieu d'immortaliser quelque planète géanteplanète géante, elle ramène une photo pour le moins originale, visible ci-dessous. Son nom : Goldfinger, comme le titre du troisième épisode des aventures de James Bond. Difficile pourtant d'établir un lien avec l'espion britannique, puisque l'image représente des monocytes, des cellules immunitaires, en apesanteurapesanteur dans la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale (ISS).

    Les cellules ont d'abord été placées en culture sur une lame recouverte d'une fine couche d'or. Le tout a été placé dans un incubateur nommé Kubik, capable notamment de simuler par centrifugation la gravitégravité terrestre, ce qui permet de constituer une population témoin. Après quelque temps, la pellicule dorée a été retirée de manière à visualiser les mouvementsmouvements des monocytes. Des anticorps capables de briller en microscopie à fluorescence permettent de suivre le mouvement de certaines protéines et donnent à l'ensemble cet orange de feufeu, agrémenté de teintes jaunes et vertes.

    Ces monocytes à l'image ont été photographiés dans l'ISS, sous une gravité nulle, de manière à imiter au mieux ce que des êtres humains vivent au niveau cellulaire durant les voyages spatiaux. © Esa

    Ces monocytes à l'image ont été photographiés dans l'ISS, sous une gravité nulle, de manière à imiter au mieux ce que des êtres humains vivent au niveau cellulaire durant les voyages spatiaux. © Esa

    Des cellules de l’espace en prévision des voyages habités

    Pourquoi réaliser de telles expériences à plusieurs centaines de kilomètres d'altitude ? Pour mieux comprendre ce qui peut arriver aux astronautesastronautes qui voyagent dans l'espace. Certaines cellules de l'organisme, comme les monocytes ou les cellules musculairescellules musculaires, sont mobilesmobiles, quand d'autres sont fixes. Ces mouvements dépendent du cytosquelette, une structure conférant la forme et la rigiditérigidité à une cellule.

    Il a été montré qu'en orbiteorbite autour de la Terre, ce cytosquelette est altéré. Inéluctablement, cela se répercute sur la mobilité des cellules. C'est une des pistes envisagées pour expliquer pourquoi le système immunitaire des astronautes est mis à mal durant un voyage spatial.

    Bien que ce cliché puisse revendiquer une place dans un musée d'art moderne, l'intérêt est donc d'abord scientifique. En comprenant mieux ce qui se passe à l'échelle cellulaire, les chercheurs pourront mieux appréhender les futurs voyages dans l’espace ou envisager des missions habitées...