Tout le monde n’est pas équipé des mêmes facultés intellectuelles. Pourquoi ? Au cours d’une vaste étude génétique et neurologique, des chercheurs britanniques ont identifié un gène qui contrôle la quantité de matière grise dans le cerveau. Cela pourrait expliquer une partie des différences... mais pas toutes.

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    La matière grise, lieu des opérations mentales et du stockage des informations nerveuses, est composée des corps cellulaires et des dendrites des neurones. Ce cortex, qui signifie « écorce » en grec ancien, tire son nom de sa couleurcouleur grise qui contrastecontraste avec celle des tissus qu'elle enveloppe, appelés substance blanche. La matièrematière grise est souvent considérée comme la clé de l'intelligence. Plusieurs études ont en effet découvert un lien entre son abondance dans le cerveau et la performance à des tests de quotient intellectuel.

    Pourquoi sommes-nous inégaux face à ce don que nous fait le cerveau ? Cette question intéresse de nombreux neurobiologistes, mais le mystère est encore loin d'être résolu. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry, des chercheurs du King's College de Londres ont fait un pas en avant sur ce sujet. Ils déclarent en effet avoir mis le doigt sur une des origines de l'intelligence. Cette découverte pourrait les aider à mieux comprendre les mécanismes biologiques cachés dans certaines formes de déficience intellectuelle.

    Les synapses sont les zones de communication entre deux neurones. La protéine Nptn, impliquée dans le fonctionnement de ces liaisons synaptiques, contrôlerait en partie la quantité de matière grise présente dans le cerveau. © Birth Into Being, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les synapses sont les zones de communication entre deux neurones. La protéine Nptn, impliquée dans le fonctionnement de ces liaisons synaptiques, contrôlerait en partie la quantité de matière grise présente dans le cerveau. © Birth Into Being, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Pour réussir cet exploit, les chercheurs ont mis les grands moyens : ils ont analysé le génomegénome et réalisé des images par résonancerésonance magnétique (IRMIRM) du cerveau de 1.583 adolescents âgés de 14 ans. Ils ont également fait passer différents tests aux participants afin d'analyser leur niveau d'intelligence, à la fois verbale et non verbale. Après de nombreux mois de travail à examiner en détail les 54.837 différences génétiquesgénétiques potentiellement impliquées dans le développement du cerveau, les chercheurs ont enfin trouvé ce qu'ils cherchaient. Ils ont en effet découvert que les candidats portant un variant génétique particulier possédaient un cortex plus fin à certains endroits du cerveau et en particulier au niveau des lobes temporaltemporal et frontalfrontal de l'hémisphère gauche. D'autre part, ces adolescents réussissaient moins bien aux tests intellectuels que les autres.

    Nptn, le gène de la matière grise ?

    En étudiant ce phénomène de plus près, les chercheurs ont montré que ce variant génétique affectait l'expression du gènegène Nptn, qui code pour une protéineprotéine jouant un rôle dans la communication entre les neuronesneurones au niveau des synapses. Autrement dit, ce variant altère la façon dont les neurones parlent entre eux et font circuler les informations nerveuses dans le cerveau.

    Pour finir, les scientifiques ont analysé chez la souris l'expression du gène Nptn dans les neurones localisés dans différentes régions de la matière grise. Ils ont alors découvert que ce gène était exprimé différemment dans les hémisphères gauche et droit. Cela expliquerait donc pourquoi les candidats portant le variant génétique possèdent un cortex moins épais, mais uniquement au niveau de la région cérébrale gauche. Selon les auteurs, l'ensemble de ces résultats suggère que le gène Nptn contrôle en partie l'intelligence chez l'Homme.

    Ces résultats, bien qu'intéressants, sont à prendre avec des pincettes. Tout d'abord, les auteurs précisent que cette variation génétique entraîne une différence intellectuelle de seulement 0,5 %, ce qui n'est pas très élevé. D'autre part, les tests utilisés ne reflètent pas toutes les formes d'intelligence, comme l'intelligence émotionnelle qui permet aux individus de contrôler leurs émotions et d'évoluer dans la société. « L'intelligence est influencée par de nombreux facteurs, à la fois génétiques et environnementaux, conclut Sylvane Desrivières, la directrice de cette étude. Le gène que nous avons identifié explique seulement une infime partie des différences dans les capacités intellectuelles chez l'Homme. Il ne s'agit en aucun cas du "gène de l'intelligence". »