Le rôle de la flore intestinale dans la digestion est bien connu. Une nouvelle étude montre qu’elle influencerait également notre système nerveux. Ces résultats ouvrent la voie vers de toutes nouvelles méthodes de traitement des maladies comportementales.

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    Le système digestif est le lieu de prédilection d'un grand nombre de microbes, qui y trouvent chaleurchaleur et nourriture. Plus de 500 espècesespèces de bactéries cohabitent dans nos intestins, ce qui représente environ 100.000 milliards de cellules, pour un à deux kilogrammeskilogrammes de bactéries !

    Cette flore intestinale a un rôle bien connu dans la digestion et stimule également le système immunitaire. Dans une étude précédente, des chercheurs avaient même montré que les micro-organismes de l'intestin influençaient le comportement de souris. En leur greffant une nouvelle flore intestinale, ils avaient pu changer leur personnalité et les rendre plus aventureuses.

    Le système digestif abrite un grand nombre de micro-organismes qui forment des communautés appelées biofilms (ici sur un grain de sable). Une étude montre qu'en changeant cette flore intestinale, on perturbe les fonctions cérébrales. La barre d’échelle représente deux micromètres. © adonofrio, Flickr, cc by 2.0
     
    Le système digestif abrite un grand nombre de micro-organismes qui forment des communautés appelées biofilms (ici sur un grain de sable). Une étude montre qu'en changeant cette flore intestinale, on perturbe les fonctions cérébrales. La barre d’échelle représente deux micromètres. © adonofrio, Flickr, cc by 2.0

    Une nouvelle publication parue dans Gastroenterology confirme ce résultat chez l'Homme. Les chercheurs de l'université de Californie à Los Angeles ont montré qu'il était possible de modifier les fonctions cérébrales en changeant la flore intestinale.

    Rôle des probiotiques sur l’activité cérébrale

    Pour cette étude, 36 femmes âgées de 18 à 55 ans se sont portées volontaires. Les scientifiques les ont séparées en trois groupes. Les deux premiers groupes ont dû se nourrir de deux yaourts par jour pendant quatre semaines, en complément d'une alimentation normale. Les yaourts ont été présentés nature au premier groupe, et servis avec des probiotiques, des microbes bénéfiques pour la digestion, au deuxième groupe. Enfin, les femmes du dernier groupe ont été utilisées comme groupe témoin, ne se nourrissant pas de yaourts. Le but de cette étude était d'observer l'effet des probiotiquesprobiotiques sur le fonctionnement cérébral.

    Afin d'analyser l'activité cérébrale de toutes les volontaires, des images par résonance magnétique fonctionnelle ont été réalisées avant et après les quatre semaines de l'expérience. Les images du cerveaucerveau ont été captées à deux moments différents, pendant une période de détente et après un exercice de stimulationstimulation cérébrale affective. Ce dernier consistait à observer des photographiesphotographies de visages énervés ou effrayés, puis à les associer avec d'autres visages exprimant des émotions identiques.

    Au cours du test cérébral, les femmes ayant consommé des probiotiques présentaient une diminution de l'activité des cortexcortex sensoriels et insulaire, ce dernier jouant un rôle dans le comportement (agressivité) et en particulier dans diverses émotions. Elles présentaient également une diminution de l'activité du réseau cérébral impliqué dans la gestion des émotions. En revanche, les autres femmes voyaient leur activité augmenter ou rester stable.

    L’alimentation pour contrôler les maladies comportementales ?

    De précédentes expériences avaient déjà montré la capacité du cerveau à envoyer des signaux au système digestif. Les personnes stressées sont d'ailleurs souvent vulnérables aux problèmes gastriques. Cette étude suggère que le dialogue ne se fait pas en sens unique, mais que la flore intestinale peut également communiquer avec le système nerveux. « Les personnes qui souffrent de problèmes digestifs se sentent parfois déprimées ou anxieuses, explique Kirsten Tillisch, principal auteur de cette publication. Nos travaux montrent que les connexions entre le cerveau et le système digestif vont dans les deux directions. »

    Ces résultats mettent en évidence l'influence primordiale de l'alimentation sur notre santé. En modifiant les habitudes alimentaires, les chercheurs pourraient contrôler la personnalité et traiter certaines maladies comportementales. D'autre part, cette étude pose la question de l'effet des antibiotiques sur notre comportement. Elle invite les médecins à être encore plus attentifs et à ne pas en prescrire abusivement.