Des chirurgiens belges viennent de décrire un nouveau ligament, situé dans le genou humain, à partir de l’autopsie de 41 cadavres. Bien que supposée depuis 1879, jamais cette structure n’avait été aussi bien décrite d'un point de vue anatomique. Pourtant, elle pourrait expliquer pourquoi certains sportifs ont tant de mal à se remettre d’une rupture des ligaments croisés.

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    Un nouveau ligament du genou pourrait expliquer pourquoi les sportifs ayant subi une rupture du ligament croisé antérieur ont parfois du mal à récupérer toute la mobilité de leur articulation. © ArnoldReinhold, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Un nouveau ligament du genou pourrait expliquer pourquoi les sportifs ayant subi une rupture du ligament croisé antérieur ont parfois du mal à récupérer toute la mobilité de leur articulation. © ArnoldReinhold, Wikipédia, cc by sa 3.0

    À l'heure où la technologie nous montre l'infiniment petit puisque l'on peut par exemple observer le mouvementmouvement d'un électron, ou bien à l'inverse partir en quête de mondes éloignés de millions de milliards de kilomètres, en oublie-t-on de se regarder le nombril ? Ou plutôt le genou. Car, à lire les travaux de chirurgiens belges de l'hôpital universitaire de Louvain, il est possible que nous ignorions encore certains détails de l'anatomie humaine. La preuve avec ce nouveau ligament du genou qu'ils viennent de découvrir et de décrire plus précisément que jamais dans le Journal of Anatomy.

    Cette articulation, reliant le fémur au tibia et au péronépéroné, joue évidemment un rôle crucial dans notre locomotion, bipèdes que nous sommes. Elle constitue également une région particulièrement exposée aux blessures, surtout chez les sportifs, qui en se réceptionnant mal ou par l'intermédiaire d'un choc violent peuvent rompre les ligaments. Souvent, c'est le ligament croisé antérieur (LCA) qui, sous le poids d'une tension excessive, lâche.

    Malheureusement, malgré les traitements préconisés et la rééducation, les personnes concernées peuvent toujours sentir des faiblesses dans le genou accidenté et conservent une grande fragilité, ce qui augmente les risques de rechuterechute. On ignore encore exactement la raison.

    Ce schéma du genou semble dépassé. Il faut désormais rajouter le ligament antérolatéral qui prend son origine à côté du ligament collatéral fibulaire (en marron) au niveau du fémur, et part en travers pour s'insérer à son autre extrémité au niveau du tibia. © Dimdle, Wikipédia, cc by sa 3.

    Ce schéma du genou semble dépassé. Il faut désormais rajouter le ligament antérolatéral qui prend son origine à côté du ligament collatéral fibulaire (en marron) au niveau du fémur, et part en travers pour s'insérer à son autre extrémité au niveau du tibia. © Dimdle, Wikipédia, cc by sa 3.

    Le ligament que l’on soupçonnait mais jamais encore aussi bien observé

    Cette découverte de Steven Claes et Johan Bellemans pourrait aider à le comprendre. En réalité, on savait depuis 1879, et la description du chirurgien français Paul Segond, qu'il existait dans le genou une bande de tissu fibreux et résistant, que l'on n'avait jamais réellement pu définir jusque-là. La preuve : on l'a affublée de différents noms. Les derniers en date à avoir évoqué ce ligament étaient français, et en avaient pourtant proposé une description anatomique. Probablement insuffisante aux yeuxyeux des chercheurs.

    Les médecins belges sont donc partis à sa recherche, en observant de près les genoux de cadavres humains. Sur la partie antérieure de l'articulation de 40 des 41 corps étudiés, ils ont noté la présence d'une structure fibreusefibreuse bien définie, reliant le fémur et le tibia, qu'ils ont nommée ligament antérolatéral (LALLAL). Rien de nouveau sous le soleilsoleil ? Eh bien si : à les entendre, ce ligament diffère de celui décrit dans l'étude précédente car il n'a pas le même point d'insertion dans l'articulation.

    Par une analyse biomécanique et fonctionnelle, les scientifiques émettent l'hypothèse qu'il est impliqué dans la faiblesse du genou ressentie par les patients qui auraient normalement dû être remis d'une rupture du LCA. Ils pensent effectivement que le choc peut également atteindre le LAL, mais puisqu'il était jusqu'alors mal décrit, il n'était pas remis en place lors des opérations chirurgicales. Désormais donc, les spécialistes espèrent pouvoir réparer plus efficacement cette lésion articulaire.