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    Contrairement aux espècesespèces migratrices qui regagnent des quartiers d'hiverhiver prédéterminés et souvent immuables, la stratégie des chouettes harfangs relève du pur nomadisme. L'oiseauoiseau n'a, a priori, pas d'itinéraire bien défini et se déplace selon des mouvements purement individuels.

    De ce fait, les déplacements post-nuptiaux sont bien plus difficiles à appréhender, d'autant plus que ces régions sont réfractairesréfractaires à toute observation de terrain dès les premiers frimas de l'automneautomne arctiquearctique et l'obscurité continue de la nuit polaire. D'où un grand flou quant au sort des familles de chouettes harfangs en fin de saisonsaison de nidification.

    Uppik, un jeune mâle, a été équipé d'une balise juste avant son envol en août 2004. Il a été recapturé 250 kilomètres plus au sud. © A. Aebischer, tous droits réservés
    Uppik, un jeune mâle, a été équipé d'une balise juste avant son envol en août 2004. Il a été recapturé 250 kilomètres plus au sud. © A. Aebischer, tous droits réservés

    Pour apporter de nouveaux éclairages, la télémétrie satellitaire peut évidemment ouvrir des perspectives inédites. Mais une telle option est aussi une véritable gageure au vu de tous les impératifs tant financiers que logistiques associés à un tel projet. Sans compter que ce système doit aussi prendre en considération d'autres aléas liés à la présence de l'espèce en un site ou une période donnés et surtout à la capture d'individus dans un milieu aussi découvert.

    Une balise Argos

    Le premier succès a été la capture d'Uppik, une jeune chouette harfang équipée dès 2004 d'une petite balise Argos de 30 grammes. Après avoir quitté son territoire natal vers la fin août et avoir erré dans un rayon de 50 kilomètres pendant encore quelques semaines, son périple a mené l'oiseau vers le sud du Groenland.

    Par un hasard incroyable, l'animal a été recapturé par des ornithologuesornithologues américains près de Scoresby Sund. Ces derniers y avaient déployé leurs pièges destinés à capturer et baguer des faucons gerfauts en migration. Ils ont pu confirmer que l'oiseau était en très bonne santé et qu'il avait pris 500 grammes depuis le jour de la pose de la balise. Immédiatement relâché, Uppik a poursuivi sa route vers le Cap Farewell, à la pointe sud du Groenland. C'est là que sa dernière localisation a été enregistrée, après un parcours de plus de 1.200 kilomètres.

    Les scientifiques ont suivi les déplacements de cinq chouettes harfangs munies de balises Argos sur l'île de Traill (nord-est du Groenland). Timmiaq est une femelle adulte, les quatre autres étaient des juvéniles. © LPO, tous droits réservés
    Les scientifiques ont suivi les déplacements de cinq chouettes harfangs munies de balises Argos sur l'île de Traill (nord-est du Groenland). Timmiaq est une femelle adulte, les quatre autres étaient des juvéniles. © LPO, tous droits réservés

    La chouette Uppik aurait-elle disparu en essayant de traverser l'océan où est-ce que ce silence relève d'une simple défaillance de la balise ? La première hypothèse est plus vraisemblable car, contrairement aux autres populations de harfangs nichant dans des régions continentales, celles du nord-est du Groenland doivent affronter de longues traversées si elles veulent se rendre au Canada ou en Europe.