Des séquences virales de trois genres d’arbovirus responsables d’infections parfois mortelles chez l’Homme ont été détectées dans le parc national Phou Hin Poun, au Laos. C'est l'un des résultats obtenus par des virologistes, deux ans après leur participation à une expédition inédite sur la biodiversité de la forêt tropicale de ce pays d'Asie du Sud-Est. Une collaboratrice de Futura-Sciences était sur place. 


au sommaire


    FlavivirusFlavivirus, Alphavirus et Phlebovirus, trois genres d'arbovirus, ont été détectés à des taux non négligeables dans les spécimens de moustiques, de phlébotomes et d'exoparasites (puces et tiques) collectés entre mai et juin 2012 dans la province laotienne de Khammouane. C'est ce que constatent Marc Grandadam, responsable de l'unité de virologie de l'institut Pasteur du Laos, à Vientianne, et ses collègues, après analyse génétiquegénétique de leurs 10.000 échantillons appartenant à une trentaine d'espèces. Ces arbovirusarbovirus, dont le nom provient de l'anglais arthropod-borne viruses (virus porté par des arthropodes), sont responsables de pathologiespathologies humaines comme la denguedengue, l'encéphalite japonaiseencéphalite japonaise ou encore la fièvre jaunefièvre jaune, des maladies faisant de nombreuses victimes au Laos et ailleurs.

    Pour Marc Grandadam, « ces résultats préliminaires ne permettent pas de conclure quant au pouvoir pathogènespathogènes de ces virus mais justifient une poursuite des travaux dans des conditions de haute sécurité ». L'analyse d'autres prélèvements effectués pendant la mission par d'autres chercheurs sur des vertébrés (serpents, chauve-souris et rongeurs), autant d'autres vecteurs potentiels de ces virus, permettront de mieux comprendre les cycles de transmission à l'être humain.


    Le reportage « Des virus qui ont du piquant » raconte le travail de terrain des virologistes de l'institut Pasteur au Laos, sur la piste des insectes vecteurs de parasites. © Andréa Haug et Johann Haug

    D'autres résultats viendront des analyses et d'une nouvelle mission

    Autres découvertes issues de cet inventaire pluridisciplinaire : de nouvelles espèces de scorpions (Euscorpiops alexandreanneorum, Lychas aberlenci), plusieurs nouveaux papillons dont Peratophyga phouhinpounensis (du nom de la localité Phou Hin Poun) ou encore une trouvaille unique au monde : un individu femelle de Calleremites subornata. L'espèce n'était connue à ce jour que sous sa forme mâle capturée en 1894.

    On note aussi une nouvelle espèce de serpent, Oligodon nagao sp. novembre, qui présente notamment sur son dosdos des taches sombres en forme de papillon. En mammalogiemammalogie, un article scientifique traite de la composition végétale de l'alimentation de Leopoldamys neilli, un rongeur capturé lors de la mission, en vue de mieux comprendre son écologieécologie et les causes de son endémismeendémisme aux montagnes karstiques du site d'études.

    <em>Lychas aberlenci sp. n.</em>, une nouvelle espèce de scorpion découverte dans la canopée de la forêt tropicale de la province laotienne de Khammouane. © Wilson R. Lourençon, Muséum national d'histoire naturelle

    Lychas aberlenci sp. n., une nouvelle espèce de scorpion découverte dans la canopée de la forêt tropicale de la province laotienne de Khammouane. © Wilson R. Lourençon, Muséum national d'histoire naturelle

    On manque d'experts en botanique et en entomologie

    Du côté des plantes, les botanistesbotanistes spécialistes des bambous ont vraisemblablement découvert un nouveau genre original. Il a la particularité de perdre ses feuilles et de diminuer de diamètre en saisonsaison sèche, puis, par un effet accordéon, de se regonfler d'eau à la saison des pluies.

    Ces premiers résultats devraient s'enrichir de nouvelles publications scientifiques dans les mois et les années à venir, les analyses restant longues, au vu de la quantité de données et d'échantillons récoltés, mais aussi par manque d'experts pour les étudier, comme en entomologieentomologie. Dans le cadre d'une convention pluriannuelle avec le gouvernement laotien, une nouvelle mission d'exploration tropicale organisée par l'association Opération canopée pourrait se concrétiser en 2015.


    « En route pour la canopée » explique les attentes des chercheurs, en l'occurrence des ornithologues, de leur expédition en forêt tropicale laotienne. © Andréa Haug et Johann Haug

    Le webdocumentaire À la recherche de la biodiversité laotienne, dont sont extraits les deux reportages ci-dessus, retrace les péripéties de l'expédition 2012. Composé de 60 reportages, il a obtenu la seconde place officielle dans sa catégorie au Festival international du film d'environnement (FIFE 2014).