Des escargots géants africains envahissent les jardins des maisons de Miami. Repoussants, gênants et potentiellement dangereux, ils sont la cible du département de l'Agriculture de Floride, qui cherche à les éliminer et à savoir comment ils sont arrivés aux États-Unis.

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    À Miami, les services agricoles de Floride se rendent chez les habitants pour leur demander s'ils n'ont pas été victimes d'invasion d'escargots géants, gluants et agglutinés par centaines dans leur jardin ! Un matin, Yolanda Garcia Burgos a retrouvé le murmur extérieur de sa maison de Miami couvert d'excréments d'escargots, d'épais filaments noirs enchevêtrés et collés.

    Avec l'aide des inspecteurs du Département de l'agriculture de Floride, elle a ramassé 583 mollusques en une seule semaine dans ses buissons, derrière une planche, près du barbecue ou dans le lierre. Au total, 35.000 gastéropodes ont été capturés à Miami par les inspecteurs entre le début de l'invasion en septembre et le mois de janvier.

    Environ 1.200 œufs d'escargots géants africains par an

    Les escargots géants africains peuvent mesurer jusqu'à 20 cm de longueur et 10 cm de diamètre. Certains ont une duréedurée de vie de neuf ans. Pour ne rien arranger, ils se reproduisent à grande vitessevitesse : 1.200 œufs par an. Un escargot peut, à lui seul, coloniser un quartier !

    Une grenouille rousse (<em>Rana temporaria</em>) sur un escargot géant d'Afrique. © nnic, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Une grenouille rousse (Rana temporaria) sur un escargot géant d'Afrique. © nnic, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Personne ne sait comment cette espèce, l'une des plus grosses et voraces du monde, a débarqué à Miami. Venu d'Afrique de l'Est, l'escargot avait déjà envahi la Guadeloupe, la Martinique, d'autres pays des Caraïbes... et Miami, par le passé.

    En 1966, un garçon avait fait venir trois escargots géants comme animaux de compagnie que, par lassitude, sa grand-mère avait fini par libérer dans la nature. De ces trois spécimens naquirent 18.000 descendants. Il fallut neuf ans et un million de dollars pour les éradiquer.

    Une enquête fédérale pour trouver le coupable

    Il reste interdit d'en importer sans permis aux États-Unis, mais les autorités précisent avec insistance que le gastéropode est la vedette d'une certaine religion afro-caribéenne, la Santeria.

    L'escargot géant est friand de l'enduit des murs qui contient le calcium indispensable à la construction de sa coquille. © wahiawaboy, flickr, cc by nc sa 2.0

    L'escargot géant est friand de l'enduit des murs qui contient le calcium indispensable à la construction de sa coquille. © wahiawaboy, flickr, cc by nc sa 2.0

    Mark Fagan, porteporte-parole du Département de l'agriculture de Floride, se demande si le retour de cet escargot est « lié aux pratiques de cette religion afro-caribéenne ou au fait que quelqu'un les aurait fait venir comme animaux de compagnie, et les aurait ensuite laissé s'échapper ».

    Une enquête fédérale devrait conduire au coupable. En attendant, une cellule de crise a commencé l'extermination. Car ces escargots sont dangereux. Leur bave, très abondante, peut contenir un parasiteparasite qui transmet une forme non mortelle de la méningiteméningite, et qui provoque de violents maux de ventre.

    Lissachatina fulica se cache l'hiver

    Surtout, Lissachatina fulica (ou Achatina fulica) est un gloutonglouton. Au menu : 500 variétés de plantes, de la cacahuètecacahuète au melonmelon. Il raffole également de l'enduit des murs, qui contient le calciumcalcium indispensable à la constructionconstruction de sa colossale coquille.

    « S'ils s'installaient pour de bon, ils pourraient dévaster l'agriculture de Floride, frémit Mark Fagan. L'agriculture est la deuxième activité économique après le tourisme ici. »

    <em>Lissachatina fulica </em>peut mesurer jusqu'à 20 cm. © fiddledydee, Flickr, cc by nc 2.0

    Lissachatina fulica peut mesurer jusqu'à 20 cm. © fiddledydee, Flickr, cc by nc 2.0

    L'inspectrice Suzi Distelberg tombe neznez à nez avec le vainqueur poids lourd du jour, 11 cm de coquillecoquille... Sa bave épaisse recouvre en un instant les gants de Suzi. « On peut voir qu'il est dedans, bien vivant, à cause du poids », explique-t-elle après avoir glissé l'animal dans un sachet plastiqueplastique hermétique.

    Le quartier qu'elle inspecte ce matin d'hiverhiver reste infesté depuis des mois, malgré des dizaines de rondes. Hiver oblige, les escargots entrent en hibernation et se cachent sous terreterre. Seul le haut de leur coquille marron, striée de lignes jaunes dans le sens de la longueur, les trahit.

    Les envahisseurs testés ou tués

    Il faut le regard expert de Suzi pour les repérer. Les équipes sanitaires espèrent réduire au maximum la population avant le retour des pluies tropicales au printemps. Chaque jardin est traité avec des granulés de phosphate de ferfer qui coupent l'appétit des escargots, afin qu'ils arrêtent de s'alimenter.

    Les créatures capturées atterrissent au laboratoire de la cellule de crise, où les attend leur ultime bourreau, Mary Yong. Spécialisée dans les escargots, cette scientifique les passe en revue et en sélectionne quelques-uns pour des tests.

    Les autres sont tués par immersion prolongée dans des seaux remplis d'alcoolalcool, avant d'être jetés à la poubelle. Et quand les seaux sont pleins, Mary plonge les escargots restants dans un congélateur, où le froid aura raison d'eux.