Grâce à la découverte d’os dans les déjections d’un léopard tanzanien, nous savons maintenant que ce félin se nourrit parfois de chimpanzés, mais dans quel contexte ? La question reste ouverte. Les primates sont-ils chassés, auquel cas ils auraient plus de prédateurs qu’on ne le pensait jusqu’alors, ou le léopard s’est-il simplement servi sur un cadavre ?

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    Les chimpanzés sont-ils soumis à une faible pressionpression de prédation en Afrique de l'Est ? En d'autres termes, ont-ils des prédateurs qui les chassent pour s'en nourrir ? Une étude publiée en 2009 affirme que cette situation serait rare, mais d'autres indices laisseraient plutôt penser l'inverse. Tous ont un point commun, puisqu'ils ont été observés ou récoltés dans le Parc national des monts Mahale, au cœur de l'une des régions les plus isolées de la Tanzanie. Ce site de 1.613 km2, où évoluent également lionslions et léopards, en plus des 800 chimpanzés recensés, se compose principalement de forêts tropicales.

    Une étude parue en 1993 rapporte par exemple le cas de lions qui se seraient nourris de quatre chimpanzés communschimpanzés communs Pan troglodytes. Plus récemment, voilà seulement quelques jours, un nouvel article publié dans le Journal of Human Evolution a rapporté une découverte qui mérite de plus amples investigations : un léopard aurait aussi consommé de la chair d'un chimpanzé.

    Pourtant, lors des rares rencontres observées avec ces deux animaux, le comportement des primates laissait plutôt penser qu'ils avaient le dessus, leurs cris et gestes agressifs ayant bien souvent suffi à faire fuir les félins. Visiblement, ils ne gagnent pas à tous les coups. 

    Carte de répartition des chimpanzés communs <em>Pan troglodytes</em> (différentes couleurs en fonction des sous-espèces) et des bonobos <em>Pan paniscus</em> (en rouge) en Afrique. © Cody.pope, <em>Wikimedia common</em>, DP

    Carte de répartition des chimpanzés communs Pan troglodytes (différentes couleurs en fonction des sous-espèces) et des bonobos Pan paniscus (en rouge) en Afrique. © Cody.pope, Wikimedia common, DP

    Une identité confirmée par des analyses génétiques

    Les monts Mahale sont l'un des seuls sites de recherche où les aires de répartition des chimpanzés et des léopards se chevauchent. Entre juin et août 2012, des scientifiques, menés par Nobuko Nakazawa de l'université de Kyoto (Japon), ont parcouru ce parc de long en large pour récolter puis analyser des déjections de léopards, afin d'en apprendre plus sur leurs habitudes de vie. C'est dans l'une d'entre elles que les chercheurs ont découvert des patelles (ou rotulesrotules) et plusieurs phalangesphalanges, des os que l'on trouve notamment chez des hominidés.

    Des analyses génétiquesgénétiques ont confirmé l'identité de leur propriétaire : un chimpanzé adulte de sexe féminin appartenant à la sous-espèce schweinfurthii. À ce stade,  il est impossible de dire si ce primateprimate a été chassé, tué puis consommé, ou si le léopard s'est servi sur un cadavre, comme le font d'autres félins. Cependant, ce résultat pousse maintenant les chercheurs à réétudier des lésions trouvées sur trois chimpanzés du parc de Mahale ces dernières années. En effet, leur profondeur était bien plus importante que ce qui s'observe habituellement à la suite d'un combat entre primates. Ainsi, peut-être ont-elles été causées par un léopard ?

    Quoi qu'il en soit, cette nouvelle étude montre bien que les chimpanzés de Mahale peuvent être consommés par des prédateurs, reste à savoir dans quelles conditions.