Les ongulés, familièrement appelés chevaux dans le langage courant, ont présenté des formes diverses au cours des millénaires. De nombreuses espèces, aujourd'hui disparues telles que celles des genres Miohippus, Hipparion et Megahippus, ont foulé la Terre avant qu'une unique espèce, celle des chevaux domestiques, Equus caballus, ne soit sélectionnée par l'Homme et ne devienne la plus abondante parmi les chevaux actuels.


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    Des restes de chevaux domestiques en Asie centrale datant d'il y a 5.500 ans avaient prouvé la domestication ancienne de ces animaux. Cependant, des analyses ADNADN avaient montré que ces individus n'appartenaient pas à la même lignée qu'E. caballus. Afin de déterminer l'origine des chevaux domestiques actuels, des chercheurs ont effectué des analyses ADN sur des fossiles de 273 chevaux provenant de plusieurs sites d'Eurasie, dont les datations s'échelonnent entre il y a 200 et 50.000 ans.

    Mandibule de cheval sur le site archéologique de Ginnerup, Danemark, juillet 2021. © Rune Iversen, <em>East Jutland Museum</em>
    Mandibule de cheval sur le site archéologique de Ginnerup, Danemark, juillet 2021. © Rune Iversen, East Jutland Museum

    Une diversité génétique… au passé

    Les résultats publiés dans la revue Nature ont permis d'établir qu'il existait bien une grande diversité génétiquegénétique chez les chevaux eurasiens avant -2.000 à -2.200 ans. Après cette période, le profil génétiqueprofil génétique des chevaux originaires du nord du Caucase s'est géographiquement étendu, jusqu'à devenir le profil majoritaire, de la Mongolie à l'Atlantique. Ces chevaux domestiques se sont par ailleurs répandus en Asie à la même période que les chariots et la roue à rayons. Les auteurs indiquent enfin que les chevaux domestiques E. caballus ont probablement été sélectionnés par l'Homme en raison de leur caractère plus docile et de leur robustesse accrue, notamment au niveau de la colonne vertébralecolonne vertébrale, par rapport aux populations de chevaux sauvages.


    Le cheval a été domestiqué il y a plus de cinq mille ans

    Des traces de domestication du cheval remontant à 5.500 ans indiquent que sa domestication a eu un impact encore plus important qu'on ne le pensait jusqu'à présent sur la civilisation.

    Article de Jean Etienne, publié le 07 mars 2009

    D'importants troupeaux de chevaux sauvages parcouraient la steppe d'Asie centrale au quatrième millénaire avant notre ère. Cette époque correspond à la fin du néolithique, et c'est à ce moment que les hommes de la culture Botai aurait appris à les domestiquer pour la première fois, il y a 5.500 ans.

    Une équipe de recherche internationale, à laquelle s'est associé (entre autres) le laboratoire d'archéozoologie du Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle de Paris, a découvert des traces inédites de domestication dans cette région du nord du Kazakhstan.

    Parmi celles-ci figurent des mâchoires de cheval portant les stigmatesstigmates d'un mors, preuve formelle d'un harnachement. Mais s'il est ainsi démontré que ces chevaux étaient montés, étaient-ils pour autant domestiqués et provenaient-ils d'un élevage ?

    Des implications sur l’Histoire des civilisations

    Alan Outram, de l'université d'Exeter (Grande-Bretagne), qui vient de publier ses conclusions dans la revue Science, explique que les ossements des chevaux de la culture Botai sont très différents de ceux des chevaux sauvages retrouvés dans la même région. En revanche, ils sont parfaitement similaires aux chevaux domestiques de l'âge du bronzebronze, venus de 1.500 à 2.000 ans plus tard.

    Cela lève ainsi un doute sur leur origine et leur nature, et indique que les hommes de la culture Botai opéraient déjà une sélection parmi ces animaux en privilégiant certains traits caractéristiques qui présentaient des avantages à leurs yeuxyeux.

    Cette civilisation, ainsi que les suivantes d'ailleurs, ne se contentaient pas d'utiliser les chevaux comme montures, mais en consommaient aussi le lait. En effet, les résidus de graisse relevés sur certaines poteries Botai présentent, à l'analyse chimique et isotopique, certaines caractéristiques du lait de jument. Celui-ci est toujours utilisé aujourd'hui dans la même région, et sert de base à la fabrication du koumiss, une boisson alcoolisée à base de lait de jument fermenté.

    En faisant remonter d'un millénaire l'origine de la domestication du cheval, les chercheurs posent de nouveaux défis aux préhistoriens. Il est en effet convenu qu'en facilitant le déplacement des hommes, l'art du commerce, et aussi de la guerre, ont été profondément modifiés avec toutes les conséquences que cela implique sur le développement des civilisations.

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