Pour tromper ses prédateurs, une araignée péruvienne a innové : elle construit des leurres en forme… d’araignée. Ses créations faites de débris végétaux et de restes d’insectes sont même 5 fois plus grandes qu’elle !

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    Les animaux ont développé de nombreuses stratégies pour échapper à leurs prédateurs. Par exemple, des grenouilles amazoniennes particulièrement colorées sécrètent des poisons. Sous l'eau, des seiches peuvent changer de couleurcouleur pour se fondre dans le paysage. Les papillons affichent quant à eux des yeuxyeux colorés sur leurs ailes afin d'effrayer les oiseaux souhaitant s'en repaître. Dans d'autres cas, des espèces ont même recours à la fabrication de leurres. 

    L'une d'elles vient d'être découverte dans la jungle péruvienne à proximité du centre de recherche de Tambopata. Cet événement nous a été présenté sur un blog par l'entomologisteentomologiste Phil Torres. L'histoire commence par l'apparition d'une toile d'araignée sur le bord d'une piste, un fait qui n'a rien d'étonnant dans cette région du monde. Son propriétaire de 2,5 cm de long semble alors se tenir en son centre. À première vue, on le croirait mort et desséché. Ah non, voilà qu'il bouge rapidement d'avant en arrière au fur et à mesure que l'équipe s'avance... et se rend compte qu'il s'agit en réalité de débris végétaux et de restes d'insectes ! Voilà qui interloque. 

    Les trois araignées de droite sont des fausses. Elles ont été construites par ce qui semble être une nouvelle espèce de <em>Cyclosa </em>(à gauche). Les membres de ce genre vivent principalement dans des milieux boisés. © Jeff Cremer, Phil Torres

    Les trois araignées de droite sont des fausses. Elles ont été construites par ce qui semble être une nouvelle espèce de Cyclosa (à gauche). Les membres de ce genre vivent principalement dans des milieux boisés. © Jeff Cremer, Phil Torres

    Des prédateurs dupés, une araignée qui fuit

    Une fois les premiers instants d'émotion passés, le sculpteur de cette œuvre surprenante est rapidement identifié. Il s'agit ni plus ni moins d'une véritable araignée de 5 mm de long qui a pris l'habitude de se cacher sur le devant ou l'arrière de sa création. Des experts pensent que cet animal devrait appartenir au genre Cyclosa, mais une description plus complète doit être réalisée par des spécialistes pour le confirmer. 

    Des araignées du genre Cyclosa peuvent être trouvées dans le monde entier, à l'exception des pôles. Elles se différencient justement des autres par le fait qu'elles collent des débris végétaux sur leurs toiles, plus précisément sur des soies appelées stabilimenta. L'objectif est simple : attirer des proies ou tromper les prédateurs des araignées. Selon une étude menée chez une autre espèce de ce genre, la technique fonctionnerait à merveille, même si les créations artistiques ne sont pas parfaites. Des polistes (une sous-famille de guêpe) ont ainsi déjà été observées en train d'attaquer des leurres... tandis que leurs créateurs prenaient discrètement la fuite.  

    Précisons toutefois que seule cette nouvelle Cyclosa réaliserait des imitations parfaites d'elle-même en version agrandie. Après 3 jours de recherche, 25 toiles dominées par de faux arachnides ont été répertoriées à proximité de la station scientifique, mais pas au-delà. L'aire de répartitionaire de répartition de ce nouvel animal serait donc relativement petite. Les scientifiques sont dorénavant à la recherche de spécialistes qui pourraient étudier le comportement de cette « nouvelle » espèce d'aranéides d'un peu plus près.