Deux inventeurs suédois espèrent lancer le Skarp, un rasoir qui remplace les lames par un laser. Le rasage est annoncé comme étant aussi rapide, voire plus, qu'avec la méthode traditionnelle, les coupures et autres irritations en moins. Lancé le 21 septembre sur KickStarter, le projet suscite un énorme engouement. Mais la démonstration laisse perplexe…


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    Plaisir pour certains, corvée pour d'autres, le rasage n'est jamais exempt d'inconvénients : coupures, éraflures, irritations, échauffements, sans compter le prix exorbitant des lames ou des rasoirs électriques... Bref, une activité dont on se passerait bien mais à laquelle tout le monde ne peut pas couper. Pas étonnant dès lors que Skarp Technologies ait provoqué un grand emballement médiatique en annonçant le « rasoir du futur pour les hommes et les femmes ».

    Lancé le 21 septembre sur la plateforme de financement participatif KickStarter, le projet de rasoir laserlaser a récolté plus de 2,2 millions de dollars (un peu moins de deux millions d'euros au cours actuel) pour un objectif initial de 160.000 dollars (environ 143.500 euros). Plus de 12.000 contributeurs se sont portés acquéreurs de ce produit dont la sortie est prévue en mars 2016. La liste des avantages qu'offre le Skarp Laser Razor est aussi fournie qu'une barbe de trois jours : plus besoin de moussemousse à raser ni même d'eau, plus de rasage à rebrousse-poil, finies les traces de coupures, les infections, exit les épilateurs électriques et autres cires... Ce à quoi s'ajoute la perspective de réduire la production des déchetsdéchets non recyclables que représentent les milliards de lames et rasoirs jetables utilisés chaque année.

    Le rasoir laser Skarp ambitionne de nous libérer des contraintes du rasage classique en éliminant notamment tous les risques de blessures. Pourra-t-il tenir cette promesse ? © Skarp Technologies
    Le rasoir laser Skarp ambitionne de nous libérer des contraintes du rasage classique en éliminant notamment tous les risques de blessures. Pourra-t-il tenir cette promesse ? © Skarp Technologies

    Toute cela est réjouissant mais comment fonctionne le Skarp Laser Razor au juste ? Sa « lame » est composée d'une fibre optique dans laquelle circule un faisceau laser qui, lorsqu'il entre en contact, tranche le poil. La coupe serait nette et ne produirait aucun dégagement de fumée ni odeur typique de poil brûlé. Le rasoir est étanche et peut être utilisé sous la douche par exemple. Il fonctionne grâce à une pile AAA qui lui assure environ un mois d'autonomie et la duréedurée de vie du laser est donnée pour 50.000 heures.

    Une longueur d’onde à laquelle tous les types de poils sont sensibles

    Skarp Technologies dit avoir identifié un chromatophore commun à tous les humains quels que soient l'âge, le sexe ou la couleur de peau, qui réagit à une certaine longueur d'ondelongueur d'onde lumineuse. Les chromatophoreschromatophores sont des cellules pigmentairespigmentaires qui jouent un rôle central dans la couleurcouleur de la peau, des yeuxyeux, des cheveux, poils et plumes. Le laser du Skarp est réglé sur une longueur d'onde capable de sectionner n'importe quel poil avec lequel il entre en contact. Selon la jeune pousse, la puissance du laser est trop basse pour présenter un risque de blessure.

    Par ailleurs, le faisceau ne pénètre pas la peau et sa longueur d'onde n'émet pas d'ultravioletsultraviolets. « Il n'y a absolument aucun risque de développer une quelconque complication ou blessure », affirme l'entreprise. Il faut savoir que l'un des deux fondateurs de Skarp Technologies est Morgan Gustavsson. En 1989, ce Suédois avait inventé la lumièrelumière intense pulsée, aujourd'hui utilisée en esthétique pour l'épilation définitive ainsi qu'en dermatologie, notamment pour traiter les taches pigmentaires.

    Skarp Technologies dit avoir identifié une longueur d’onde lumineuse à laquelle tous les types de poils sont sensibles. Au contact du laser, le poil est sectionné, sans brûlure ni dégagement d’odeur assurent les concepteurs. © Skarp Technologies
    Skarp Technologies dit avoir identifié une longueur d’onde lumineuse à laquelle tous les types de poils sont sensibles. Au contact du laser, le poil est sectionné, sans brûlure ni dégagement d’odeur assurent les concepteurs. © Skarp Technologies

    Une démonstration peu convaincante

    Dans une vidéo de démonstration postée sur la page KickStarter du projet, on peut voir fonctionner un prototype utilisé pour raser des poils sur le dessus d'une main. Mais l'opération n'est pas du tout aussi fluide et efficace qu'annoncé. Les poils ne sont pas coupés à ras de la peau et certains, recourbés, ne sont pas attrapés par le laser : il faut plusieurs passes pour en venir à bout. Skarp souligne qu'il s'agit d'un prototype assemblé avec des moyens techniques limités.

    La start-up assure que le modèle définitif sera doté d'une fibre optique haute précision « montée de manière rigide le long de l'arête de coupe », mais elle reconnaît aussi que la production de massemasse d'une telle technologie pourrait être délicate. À suivre donc... Le Skarp Laser Razor coûtera 189 dollars (environ 170 euros au cours actuel) au moment de sa commercialisation prévue, en principe, au printemps prochain.