La société américaine Knightscope s’apprête à commencer des tests en conditions réelles d’un robot de surveillance autonome. Le K5 est doté de multiples capteurs, caméras et systèmes de reconnaissance, grâce auxquels il peut collecter et analyser les données afin de donner l’alerte en cas de danger. Ce robot-vigile sera proposé à la location à des sociétés privées ou des services de police pour sécuriser des centres commerciaux, des écoles et toutes sortes de bâtiments.

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    Son nom : K5. Sa mission : patrouiller dans les lieux publics ou les bâtiments et donner l'alerte au moindre événement suspect. Il ne s'agit pas du thème d'un énième film de science-fiction, mais d'un programme tout ce qu'il y a de plus réel. Le robot K5 a été conçu aux États-Unis par la société Knightscope, qui commencera l'année prochaine un test pilote avec plusieurs partenaires dans la Silicon Valley (Californie). Le K5 peut se déplacer de façon autonome, voir à 360°, y compris la nuit, et lire les plaques d'immatriculation. L'idée est de s'en servir pour surveiller notamment des campus, des centres commerciaux, des écoles, des parkings ou des quartiers. Il jouera les agents de sécurité, l'arme en moins.

    Le K5 mesure un peu plus de 1,5 m de haut et pèse 136 kgkg. Sa forme cylindrique n'est pas sans rappeler le sympathique R2D2 de la saga Star Wars. Le châssis à trois roues est basé sur celui du gyropodegyropode Segway. Le prototype qui sera déployé l'année prochaine est équipé de quatre caméras haute définition disposées de manière à lui assurer un champ de vision à 360°. Ces caméras fonctionnent de nuit et peuvent également faire de l'imagerie thermique. Le robot est autonome dans ses déplacements grâce au lidar, un système de télédétection laserlaser qui produit une cartographie 3D de l'environnement, et son GPS qui lui permet de se géolocaliser.

    Le robot K5 a été conçu par la société américaine Knightscope, qui réunit une équipe composée d’anciens officiers de police et d’entrepreneurs diplômés des universités de Californie à Berkeley, Carnegie-Mellon et Stanford. © Knightscope

    Le robot K5 a été conçu par la société américaine Knightscope, qui réunit une équipe composée d’anciens officiers de police et d’entrepreneurs diplômés des universités de Californie à Berkeley, Carnegie-Mellon et Stanford. © Knightscope

    Des capteurscapteurs à ultrasonsultrasons lui servent à déterminer la proximité des objets ou des personnes en mouvementmouvement. Le K5 peut évoluer à une vitessevitesse maximale de 29 km/h, mais son allure de patrouille sera comprise entre 1,5 et 5 km/h. Sa batterie lui offre une autonomie de 24 heures, et il est capable de retourner automatiquement à sa station de charge. Grâce à un scanner et à une technologie de reconnaissance optique de caractères, K5 peut lire les plaques d’immatriculation des véhicules. En croisant ces données avec celles de la police, il pourra identifier un véhicule volé ou un fugitif, puis envoyer une alerte. Mais ce n'est pas tout...

    Un robot-surveillant pour faire chuter la criminalité de 50 %

    Car Knightscope compte rapidement faire évoluer son robot pour le rendre encore plus performant. Des microphones analyseront les bruits ambiants afin de détecter par exemple de cris ou des coups de feufeu. Il est aussi question d'utiliser les caméras pour faire de la reconnaissance faciale en s'appuyant sur des bases de données. Enfin, K5 sera aussi équipé de capteurs pour détecter les radiations ainsi que les émanations chimiques et bactériologiques. Ce flux d'informations sera traité en temps réel par un logiciellogiciel prédictif qui pourra déclencher l'envoi d'une alerte à l'opérateur humain chargé de contrôler le robot. L'ensemble des données collectées durant un cycle de surveillance sera sauvegardé et transmis aux opérateurs concernés.

    Grâce à sa technologie, Knightscope pense pouvoir faire chuter la criminalité de 50 % dans une zone couverte par ce robot-vigile. À partir de 2015, elle compte louer ses services pour 1.000 dollars par mois sur une base de 40 heures d'utilisation par semaine. Le K5 pourra être configuré en fonction du type de mission qui lui est assigné. Et l'on peut imaginer que son logiciel d'analyse sera perfectionné au fur et à mesure, notamment grâce aux données collectées sur le terrain. L'entreprise le verrait bien sécuriser les établissements scolaires ou des campus, qui ont été le théâtre de nombreux faits divers meurtriers ces dernières années aux États-Unis. Selon les chiffres du National Center for Education Statistics cités par Knightscope, 1,9 million d'incidents (violences, vols, autres crimes) ont été recensés durant l'année scolaire 2009-2010. Et plus de 790.000 étudiants ont reconnu porter une arme dans des lieux scolaires, car ils ne se sentaient pas en sécurité. Le K5 pourrait assister les vigiles lors de concerts ou d'événements sportifs. D'ailleurs, Knightscope a passé un accord avec la Fifa pour qu'il soit testé durant la Coupe du monde de football qui se déroulera au Brésil l'été prochain. Des pourparlers sont également en cours avec des centres commerciaux, une compagnie d'assurance et des sociétés de sécurité.

    Aussi impressionnant soit-il du point de vue technique, ce concept de surveillance soulève plusieurs questions, en premier lieu celles de la collecte, de la conservation et de l'utilisation des données enregistrées par les caméras et les capteurs. Comment s'assurer qu'une société privée qui louera un K5 ne s'en serve pas pour faire de la surveillance abusive ou du profilage à but commercial ? Qu'arrivera-t-il si le robot se trompe et déclenche une alerte à tort ? Knightscope assure que celui-ci n'enregistrera pas les conversations à la volée, mais comment en être sûr ? Dans un entretien avec le site Viva Technics, William Santana Li, fondateur et PDG de Knightscope, a expliqué que toutes les informations recueillies qui servent à lancer une alerte seront rendues publiques en temps réel via une plateforme en ligne. Mais de manière plus générale, il estime que les questions de confidentialité que soulève le K5 sont moins importantes que les bénéfices qu'il apporte en matièrematière de sécurité. Abandonner un peu de sa vie privée pour être mieux protégé, voilà un discours qui n'est pas nouveau et que l'on entend de plus en plus fréquemment...