Initié par la Darpa, l’agence de recherche et développement de l’armée américaine, le Darpa Robotics Challenge vise à favoriser la création de robots capables d’assister les humains pour accomplir des tâches dangereuses dans des zones sinistrées. Durant deux jours, 16 équipes se sont affrontées au cours de huit épreuves. Grand vainqueur, Shaft fait partie des deux modèles de robots conçus par des sociétés appartenant désormais à Google.

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    Quoi de mieux pour évaluer les capacités des robots que d'organiser une compétition qui leur est destinée ? Tel est l'objectif du Darpa Robotics Challenge (DRC) créé par l'agence de recherche et développement de l'armée américaine, la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa). Lancé l'année dernière, ce concours veut encourager le développement de robots terrestres capables d'assister ou de remplacer les humains pour des tâches à réaliser dans des environnements dangereux ou dégradés. Pour cela, ils doivent posséder quatre aptitudes : allier mobilité et dextérité pour évoluer dans des environnements dégradés, être capables de manipuler et utiliser des outils conçus pour les humains, pouvoir être pilotés par des opérateurs n'ayant pas d'expérience en robotique et disposer d'une semi-autonomie décisionnelle basée sur des capteurscapteurs et des commandes externes. Un cahier des charges ambitieux qui permettra des avancées sans doute déterminantes pour l'avenir de la robotique.

    Les 20 et 21 décembre derniers, 16 équipes se sont affrontées à Miami, en Floride. Leurs robots disposaient de 30 minutes pour accomplir les huit tâches imposées : marcher sur un sol irrégulier, dégager des débris d'une passerelle, ouvrir une vanne, percer un trou dans un murmur, grimper à une échelle, franchir plusieurs portesportes, manipuler un tuyau, et enfin monter dans une voiturevoiture et la conduire sur un circuit semé d'obstacles. À ce petit jeu, c'est le robot Schaft qui s'en est le mieux sorti, en marquant 27 points sur les 32 possibles. Il a devancé les robots d'IHMC Robotics (20 points), de l'université Carnegie-Mellon (18 points) et du Massachusetts Institute of Technology (16 points).

    Le robot Chimp développé par l’université Carnegie-Mellon. Pour s’adapter au terrain, ce robot bipède utilise ses chenilles et se transforme en minitank. © <em>Darpa Robotics Challenge</em>

    Le robot Chimp développé par l’université Carnegie-Mellon. Pour s’adapter au terrain, ce robot bipède utilise ses chenilles et se transforme en minitank. © Darpa Robotics Challenge

    La Darpa a retenu les huit meilleures équipes, qui auront droit à un financement pour poursuivre le développement de leur robot en vue de l'ultime compétition, qui se tiendra fin 2014. À cette occasion, les robots finalistes devront enchaîner une série de tâches physiquesphysiques à travers un circuit. Pour corser l'affaire, les communications entre le robot et ses opérateurs seront volontairement altérées. Le vainqueur remportera un prix de deux millions de dollars.

    Google remporte le Darpa Robotics Challenge par procuration

    Schaft, le vainqueur du Darpa Robotics Challenge, a été conçu par une entreprise née des travaux de chercheurs de l'université de Tokyo. Il a passé avec succès les huit épreuves et s'est particulièrement illustré pour le dégagement des débris, la montée à l'échelle et la manipulation du tuyau. Deuxième du classement, le robot de l'IHMC (Institute for Human and Machine CognitionCognition, basé en Floride) a quant à lui brillé pour l'ouverture des portes et pour percer un trou dans un mur. Vient ensuite Chimp (CMU Highly Intelligent MobileMobile Platform), le petit protégé de l'université Carnegie-Mellon. Contrairement à ses autres concurrents bipèdes, il a la capacité de se transformer pour se déplacer plus aisément sur un terrain irrégulier. Grâce à des chenilles installées sur ses avant-bras et sous ses pieds, Chimp se met à quatre pattes et roule comme un tank.

    À noter que le robot totalement quadrupède le mieux classé est à la cinquième place. Il s'agit du RoboSimian issu du Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory de la NasaNasa. L'agence spatiale américaine avait également un autre robot en compétition. Il s'agit du superbe Valkyrie, créé par le Johnson Space Center. Sans conteste le robot le plus séduisant du DRC, il n'a hélas pas brillé. Avec Chiron et Mojavaton, Valkyrie fait partie des trois robots qui n'ont marqué aucun point sur les huit épreuves ! Une déconvenue pour la Nasa, qui voit en Valkyrie un précurseur des robots qui pourraient être envoyés sur Mars pour préparer l'arrivée des astronautesastronautes.

    Il est important de préciser que 7 des 16 équipes engagées dans le DRC ont travaillé à partir du même modèle de robot. Le robot en question, Atlas, a été mis au point par la société Boston Dynamics, qui travaille pour le compte de la Darpa. On lui doit notamment le robot-mulet AlphaDog et le robot-sprinter Cheetah. Cinq des concurrents ayant choisi Atlas pour participer au DRC figurent dans le dernier carré sélectionné pour la finale.

    Et il se trouve que GoogleGoogle vient juste de racheter Boston Dynamics. Le géant américain possède désormais huit entreprises spécialisées dans la robotique, y compris la société japonaise qui a mis au point le robot Schaft. À court terme, Google a indiqué qu'il comptait développer des systèmes autonomes pour la manutention dans les entrepôts ou l'assistance aux personnes âgées, deux domaines dans lesquels la robotique est promise à un avenir florissant. Mais l'intérêt des fondateurs de Google pour les thèses du transhumanisme les incite peut-être à voir beaucoup plus loin...