Après deux années de relative accalmie dans l'édition de solutions peer-to-peer, l'année 2008 signera-t-elle l'arrivée de nouveaux réseaux P2P populaires ? L'espagnol Pablo Soto, qui est à l'origine de l'excellent Blubster, officialise la sortie d'Omemo, un réseau P2P d'un nouveau genre avec une promesse supplémentaire : l'anonymat.

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    Logo d'Omemo

    Logo d'Omemo

    Et si tous nos disques durs n'en formaient plus qu'un seul ? Omemo est dans les tuyaux depuis près d'un an. Son créateur espagnol Pablo Soto est connu de longue date des amateurs de logiciels de P2P. C'est lui qui a créé le protocole MP2P (Manolito P2P) à l'origine de certains des logiciels d'échange de fichiers musicaux les plus populaires : Blubster, Piolet, Rockitnet. Mais depuis qu'eMuleeMule et BitTorrentBitTorrent se sont imposés comme les références du peer-to-peer, Soto est resté très discret. Mais pas inactif. Il préparait en coulisse ce qui sera peut-être bientôt une révolution dans le paysage des protocoles d'échange de fichiers, et un nouveau cauchemar pour les maisons de disques et les studios de cinéma. Omemo, qui vient d'être lancé officiellement (pour Windows et sous licence GPLGPL), reprend les recettes de Freenet et les rend accessibles au grand public.

    Via une interface léchée, Omemo met anonymement en commun l'espace disponible sur les disques durs des utilisateurs pour créer un gigantesque espace de stockage commun, de taille illimitée, que la communauté organise avec les recettes d'un Wikipedia. 

    Sur Omemo, tous les contenus multimédias (musique, films, logiciels, documents, images...) partagés par l'ensemble des utilisateurs sont ainsi accessibles directement, comme avec n'importe quel réseau P2P, mais en plus parfaitement classés dans des dossiers comme sur un disque dur bien rangé. Les utilisateurs participent collectivement à l'organisation des contenus qu'ils envoient, à la manière d'un wikiwiki. Vous pouvez ajouter un dossier ou même en supprimer un (en expliquant pourquoi), et télécharger les fichiers que vous souhaitez y glisser. Les contenus ainsi uploadés sont ensuite classés ou écartés en fonction des votes des utilisateurs, qui s'assurent que les contenus sont bien pertinents et de qualité - on regrette tout de même l'absence de tags et de métadonnées. Si la sauce entre la technologie et le classement organique prend, Omemo pourrait devenir le plus grand disque dur virtuel du monde, dans lequel il sera facile de trouver n'importe quel contenu.

    Avantage supplémentaire, Pablo Soto promet l'anonymat à l'ensemble des utilisateurs d'Omemo. Le réseau est structuré de telle manière qu'il est très difficile de retracer qui a envoyé un fichier sur le réseau et qui l'a téléchargé. Ces techniques de camouflage sont de mieux en mieux maîtrisées et les conclusions de l'accord Olivennes en France (qui souhaite couper l'accès à InternetInternet des abonnés dont la ligne est utilisée pour télécharger) devraient précipiter leur adoption.

    Des téléchargements lents... pour le moment

    Concrètement, lors de l'installation d'Omeno, l'utilisateur doit d'abord choisir le pourcentage d'espace libre sur ses disques durs qu'il souhaite consacrer au disque commun (le disque "O:\"). Cet espace recevra alors sa quote-part de fichiers cryptés, sans jamais que l'utilisateur sache ce qu'il héberge. Et contrairement à Freenet, les risques d'héberger des fichiers pédophiles ou criminels sont quasiment nuls puisque les fichiers sont tous publics. Un fichier répréhensible sera vite dénoncé et écarté par la communauté.

    Omeno est donc, sur le papier, un projet très prometteur. En pratique, la grande lenteur des téléchargements (due à la bande passantebande passante consommée pour garantir l'anonymat) risque de décourager un grand nombre d'utilisateurs. Mais pour combien d'années ? La vitessevitesse des réseaux augmente constamment et sera telle qu'un jour, il sera peut-être possible d'utiliser un tel disque dur virtuel sans même avoir à télécharger les contenus.