Une prothèse auditive a été implantée pour la première fois en France lors d'une opération guidée par ordinateur sur un patient atteint d'aplasie auriculaire, né sans oreille gauche.

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    La prothèse auditive présentée par le Pr Eric Truy lors d'une conférence de presse au CHU de Lyon.

    La prothèse auditive présentée par le Pr Eric Truy lors d'une conférence de presse au CHU de Lyon.

    Cette maladie congénitale concerne environ une naissance sur 20.000. Elle se traduit par l'absence d'oreille (des deux oreilles dans 20 à 30 % des cas), par une malformationmalformation du conduit auditif externe et de l'oreille moyenneoreille moyenne. L'oreille interneoreille interne reste parfaitement fonctionnelle dans la plupart des cas, mais ne reçoit plus les signaux sonores qu'avec une atténuation de 60 à 70 décibelsdécibels suite à l'absence de la structure externe. On parle alors de surdité "de transmission".

    La seule solution jusqu'à présent était d'ordre esthétique, et consistait à reconstituer l'apparence d'un pavillon auriculaire par autogreffeautogreffe, sans résoudre le problème de surdité. Cette intervention était généralement conseillée vers 8 ans.

    Le professeur Eric Truy, responsable du programme implantation cochléaire au département d'ORL de l'Hôpital Edouard Herriot à Lyon, a réussi à franchir l'étape suivante en implantant entre la boîte crânienneboîte crânienne et la peau d'un patient âgé de 20 ans une prothèseprothèse d'environ 5 cm, plate, comprenant un microphone, un processeur, une batterie et un transducteur conduisant les sons à l'oreille interne. Le seul inconvénient du dispositif est actuellement la recharge de la batterie, qui prend environ une heure et s'effectue par induction électromagnétique à travers la peau du crânecrâne.

    Cette intervention est une première en France, seule jusqu'ici l'Allemagne l'avait tentée, mais uniquement sur des personnes dont l'infection du conduit auditif ou sa déformation par des opérations multiples ne permettait pas d'utiliser une prothèse classique.

    Selon le Pr Truy, l'opération représente un véritable défi car il faut respecter l'oreille déjà créée par chirurgiechirurgie esthétique, éviter le nerfnerf facial, et surtout intervenir dans un environnement totalement inconnu, car les malformations diffèrent considérablement d'un patient à l'autre.

    Lors d'une conférence de presse, Pierre-Alexandre Nouveau a déclaré qu'il s'était porté volontaire pour cette première tentative car sa surdité faisait obstacle à son intention d'intégrer l'armée. Le son perçu était assez brut lors du premier allumage, et ressemblait à celui d'un talkie-walkie, mais cela s'est nettement amélioré et l'audition est devenue plus nette au fur et à mesure des réglages et de l'adaptation de son cerveaucerveau, annonce-t-il en substance.

    Plusieurs interventions du même type sont encore prévues cette année, qui seront financées par le budget "stratégie et opérations innovantes" de l'hôpital universitaire. Le coût de la prothèse est actuellement de 2.500 €. A terme, l'objectif est d'opérer les patients souffrant d'aplasieaplasie bilatérale, qui représentent 20 à 30 % des cas et dont la surdité est presque totale.