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Jean-Gabriel Cuby

Jean-Gabriel Cuby

Astronome

1960 -

Du décryptage scientifique des aventures de Tintin sur la Lune à celui des extraordinaires fresques rupestres de nos ancêtres africains en passant par le dossier des OGMs, du nucléaire ou du réchauffement climatique, Futura-Sciences est sans aucun doute un site à consommer sans modération !

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Biographie

Je suis né en 1960 à Grenoble et ai passé mon enfance au Maroc jusqu'à l'âge de 12 ans, puis à Rouen et enfin à Montpellier où j'ai passé mon baccalauréat et étudié en classes préparatoires aux grandes écoles. J'ai ensuite passé une longue période en région parisienne d'abord à l'Ecole Normale Supérieure de Cachan pour les études supérieures (Agrégation de PhysiquePhysique, DEA) puis à l'Observatoire de MeudonObservatoire de Meudon pour préparer une thèse de doctorat avant d'y devenir astronomeastronome. Ce séjour fut toutefois interrompu 2 ans pour cause de service national effectué en coopération comme professeur de physique dans un lycée d'une petite bourgade du Nord de la Tunisie, deux années extraordinaires dont je garde un excellent souvenir.

Je suis ensuite parti en Allemagne au siège de l'ESO dans les environs de Munich en 1994, au départ en tant que chercheur associé pour une duréedurée d'un an. L'ESO (Observatoire Européen Austral - European Southern ObservatoryEuropean Southern Observatory) est un organisme européen intergouvernemental fédérant une partie des moyens d'observation astronomique européens au sol. Après un renouvellement d'un an de mon poste de chercheur associé, j'ai finalement opté pour un poste d'astronome sur place en devenant 'Instrument Scientist' de l'instrument ISAAC, prévu pour être installé sur le premier télescopetélescope du VLT au Chili. Le VLT (Very Large TelescopeVery Large Telescope) est un ensemble de 4 télescopes de 8 mètres de diamètre. Je suis par la même occasion devenu 'Instrument Scientist' de SOFI (Son OF Isaac), installé entre temps en 1998 au télescope NTTNTT situé sur l'autre site d'observation de l'ESO au Chili, à l'Observatoire de La Silla.

En 1999, ce fut le démarrage des opérations scientifiques au VLT, à l'Observatoire de Paranal situé dans le désertdésert d'Atacama au Chili. En tant qu'Instrument Scientist d'un des deux premiers instruments mis en opération, je faisais partie des bagages lorsque l'instrument fut livré, et je me suis donc installé au Chili en famille en cette occasion. Le rythme de travail consistait alors à faire des 'turnos' sur la montagne, environ 10 jours (et surtout nuits) par mois, le reste du temps se passant à Santiago à la base arrière de l'ESO au Chili pour y travailler - de jour cette fois. Les premières années, en particulier la première, restent un moment inoubliable : ce fut le début des opérations scientifiques à Paranal, tout était à inventer dans un environnement extraordinairement motivé et dynamique pour faire de cet endroit le meilleur observatoire astronomique au monde, ce qui devint rapidement le cas aux yeuxyeux de la communauté internationale. Non seulement ces télescopes sont techniquement les plus performants et les plus fiables de leur catégorie, mais leur instrumentation et le modèle opérationnel en place en font de loin les meilleurs outils de l'astronomie optique au sol au monde. Ces années resteront certainement comme les plus excitantes et les plus valorisantes de ma carrière.

Après deux années au service d'ISAAC, je devins responsable de l'ensemble de l'instrumentation du VLT et de son mode interférométrique, le VLTI.

Après un retour en France pour convenances personnelles en 2003 au Laboratoire d'AstrophysiqueAstrophysique de Marseille (LAMLAM), je suis devenu 'Monsieur ELTELT-France', en charge de la coordination pour le CNRS - et plus précisément de son Institut National des Sciences de l'UniversUnivers (INSU) - des activités ELT en France. Je suis également fortement impliqué sur les ELTs au niveau Européen, au travers de programmes de l'ESO ou des programmes cadres de recherche et développement (PCRD) de la Communauté Européenne. J'ai fait partie en 2005 du comité de revue du projet de télescope de 100 mètres de diamètre de l'ESO. Je suis également membre d'autres comités, dont le conseil d'administration du télescope franco-canadien situé à Hawaii, et le comité scientifique et technique de l'ESO.

A mes moments perdus, je reste un astronome qui essaie de faire un peu de science. Je m'intéresse en particulier aux galaxiesgalaxies les plus lointaines de l'Univers, celles qui se sont formées les premières et qui ont rendu l'Univers transparenttransparent à la lumièrelumière en l'ionisant sous l'effet d'un rayonnement ultravioletultraviolet intense. C'est grâce à ces galaxies, dont j'ai découvert en 2002 une des trois plus distantes connues à l'époque, que notre ciel nous apparaît aujourd'hui constellé d'étoilesétoiles et autres nébuleusesnébuleuses, nous offrant un spectacle toujours aussi captivant.

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métier

Etre astronome est une chance. Il est étonnant de remarquer l'intérêt que vous suscitez lorsque vous énoncez votre profession. C'est sans doute que tout le monde, un jour ou l'autre, la tête en l'air dans les étoiles, s'émerveille de la beauté du ciel nocturne, et rêve d'en percer les mystères. Certes, certains confondent parfois encore astronomie et astrologie, le prix à payer étant alors de garder son calme... Qu'en est-il au jour le jour ? Les astronomes passent-ils la nuit à observer le ciel pour dormir le jour ? Et bien, à moins d'être un astronome résident dans un des observatoires situés aux quatre coins de la planète et d'y effectuer les ‘opérations', non, il faut bien avouer que le travail se fait plutôt de jour devant un ordinateur la plupart du temps. Le concept de 35 heures de travail hebdomadaires ne s'appliquant pas facilement au métier de chercheur, la nuit reste de fait un refuge toujours utile pour les astronomes, non pas pour observer le ciel mais bien plus souvent pour y travailler tranquillement au bureau ou à la maison (vive l'ADSL !). L'ordinateur, comme partout, mais plus encore peut-être dans les disciplines scientifiques, a envahi le quotidien : qu'il s'agisse du travail scientifique lui-même (analyse des observations, simulations numériques, calculs divers, ...), de la consultation et de l'écriture d'articles scientifiques (le bon temps des photocopies noircies aux coins d'articles issus de volumineux volumes est révolu), la rédaction de documents divers (demandes de temps d'observation, demandes de financement, etc.), et enfin, la plaie des temps modernes : le courrier électronique dont vous devenez d'autant plus dépendant qu'il vous ronge davantage jour après jour... Il convient malheureusement de signaler, sans s'y attarder, les lourdeurs chroniques de l'administration française, qui sont malheureusement un frein quotidien à l'efficacité et à la bonne volonté de tous les acteurs de la recherche. Alors, est-ce là donc tout ? Ordinateur et paperasserie au lieu de ciels étoilés et scintillants ? Et bien oui pour une bonne part, modulable en fonction de l'âge et des responsabilités. Heureusement, restera toujours l'autre part, faite de rêves et d'intenses moments qui font oublier le reste et ne feront jamais regretter son métier à un astronome: un espace de liberté et de créativité au jour le jour, des moments inoubliables passés à observer dans des sites exceptionnels, un défi intellectuel permanent autour des questions existentielles qui hantent l'humanité depuis l'aube des temps...