En dépit des sanctions occidentales qui frappent la Russie du fait de la crise russo-ukrainiène, la coopération spatiale entre les partenaires du programme de la Station spatiale est bonne. La Russie vient d’annoncer qu’elle allait poursuivre l'aventure ISS jusqu’en 2024 alors qu’il y a quelques mois on se demandait si elle allait poursuivre cette collaboration. Une bonne nouvelle... à ceci près qu’en 2024, la Russie ne partira pas les mains vides. Elle détachera tout ou partie du segment russe du complexe orbital !

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    Les tergiversations de la Russie sur l'avenir de sa participation dans le programme de la Station spatiale internationale ont pris fin avec la décision de Roscosmos de s'en désengager en 2024. Si les partenaires de la Station ont bien accueilli la décision russe de rester à bord de l'ISS jusqu'en 2024, se pose un nouveau problème. À partir de 2024, la Russie va créer sa propre station spatiale en réutilisant certains ou tous les modules du segment russe du complexe orbitalcomplexe orbital.

    Ce projet de séparer la totalité de la partie russe de l'ISS ou seulement une partie plonge la Nasa dans l'embarras. Celle-ci, qui dépend du SoyouzSoyouz russe pour la rotation de ses astronautes à bord de l'ISS, dépend également de la Russie pour maintenir le complexe orbital à une altitude comprise entre 350 et 450 kilomètres au-dessus de la Terre.

    En effet, depuis le dernier vol d'une navette spatiale en juillet 2011 (celui de la navette Atlantis) et la dernière mission du Véhicule automatique de transfert (ATV) de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, le pilotage de la Station, c'est-à-dire le rehaussement de l'orbite et les manœuvres d'évitement de débris spatiaux, est assuré par le module russe Zvezda et les cargos Progress qui ne s'amarrent qu'à la partie russe de l'ISS. La Nasa est donc en train de se demander comment il serait possible de piloter le complexe orbital après 2024. Il est en effet prévu d'utiliser l'ISS jusqu'en 2028 voire jusqu'au début des années 2030.

    Dans sa décision du 24 février, la Russie n'a pas dévoilé complètement ses plans concernant sa future Station et encore moins précisé quels modules resteraient attachés à l'ISS, vraisemblablement parce que plusieurs scénarios sont à l'étude. Une chose est sûre : la Russie souhaite utiliser cette future station comme un avant-poste de l'exploration robotiquerobotique et humaine de la LuneLune.

    Le segment russe de la Station spatiale internationale comporte différents modules. © Nasa, DR

    Le segment russe de la Station spatiale internationale comporte différents modules. © Nasa, DR

    Le segment russe de la Station

    Le segment russe de la Station est constitué des modules Zarya, Zvezda, du port d'amarrage Pirs et de deux Mini module de recherche (MRM) :

    • Zarya est l'élément central de l'ISS. Il a été construit par la Russie et financé par les États-Unis. Il s'agit d'un module autonome en charge de l'alimentation électrique, de la régulation thermique ainsi que de la navigation, la propulsion et les télécommunications de la Station. Ce fut d'ailleurs le premier élément de l'ISS. Il a été mis sur orbite le 20 novembre 1998 par un lanceurlanceur ProtonProton lancé depuis le cosmodrome de BaïkonourBaïkonour.
    • Zvezda est le principal module fonctionnel pour la partie russe. Il mesure 13 m pour un poids de 19 tonnes et est équipé de panneaux solaires d'une envergure de 29,7 m. Quartier d'habitation des équipages, il abrite de nombreux systèmes techniques. Si les conditions le requièrent, il peut être télécommandé depuis le sol pour des opérations de relèvement d'altitude. Son système de gestion des données, le cerveaucerveau du module, a été mis au point par l'Agence spatiale européenne. Zvezda a été lancé par une fuséefusée russe Proton du cosmodrome de Baïkonour le 11 juillet 2000 et s'est amarré à la Station le 25 juillet 2000.
    • Le port d'amarrage Pirs permet la venue des vaisseaux russes Soyouz et Progress et de la navette spatiale américainenavette spatiale américaine. Lancé le 15 septembre 2001 par une fusée russe, il s'est amarré de façon automatique à Zvezda. D'une massemasse de 3.600 kgkg, il sert aussi de sas pour les sorties dans l'espace.

    Quant aux modules MRM, on compte Rassvet (MRM-1) et Poisk (MRM-2) :

    • Poisk a été lancé en novembre 2009 pour remplacer le module Pirs, arrivé en fin de vie. Destiné à l'amarrage des véhicules spatiaux russes, il est également conçu pour permettre des sorties extravéhiculaires et utiliser comme support d'expériences scientifiques installées à l'extérieur.
    • Rassvet, attaché à Zarya, est aussi utilisé comme port d'amarrage pour les vaisseaux russes Soyouz et Progress. Ce module de stockage sera un des points d'attache du futur bras robotisé de l'Esa (Era) qui sera lancé avec le laboratoire scientifique russe Nauka en 2016. Il a été lancé en mai 2010 à bord d'une navette spatiale (STS-13).

    Même si les échanges diplomatiques sont tendus entre d'un côté les États-Unis, les autres partenaires de la Station et de l'autre, la Russie, les relations spatiales restent bonnes. Roscosmos et la Nasa coopéreront donc probablement de manière intelligente pour trouver une solution d'ici 2024. Neuf ans, cela peut paraître une échéance lointaine mais si la Nasa est contrainte de construire un nouveau module de propulsion ou d'adapter une capsule Dragon de SpaceXSpaceX ou le CST-100 de Boeing pour rehausser l'orbite de la Station, il faudra tenir compte des délais de développement et de constructionconstruction.