Treize ans après son lancement, la sonde Mars Express, de l'Agence spatiale européenne, nous surprend encore, cette fois avec une petite caméra qui, aujourd'hui, évoque plutôt une webcam. Conçue pour une mission très limitée, VMC, c'est son nom, connaît une seconde vie étonnante grâce à des étudiants et des amateurs. Ses images sont désormais exploitées par les scientifiques et les superbes vues à grand champ qu'elle donne de Mars sont librement accessibles sur le Web.

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    Souvent, les instruments les plus anodins sont ceux qui fournissent des résultats insoupçonnés. C'est le cas de la caméra VMCVMC à bord de la sonde Mars ExpressMars Express de l'Agence spatiale européenne, première mission européenne à tourner autour de la Planète rouge. Lorsqu'elle est lancée en juin 2003, elle embarque l'atterrisseur Beagle 2 qui doit se séparer de l'orbiteur six jours avant que la sonde ne s'insère en orbite martienne, en décembre 2003. Pour obtenir une confirmation visuelle de la séparationséparation de l'atterrisseur l'Esa avait prévu cette caméra, éteinte dès l'opération terminée.

    On en serait resté là si, en 2007, les contrôleurs au sol de la mission n'avait pas eu l'idée de la rallumer pour voir si elle pouvait être utilisée sans interférer avec les opérations scientifiques de la sonde. Du fait de sa modeste mission, cette caméra est rudimentaire et ne dispose que d'une faible résolutionrésolution, de 640 x 480 pixelspixels. Lors de cet essai, elle a été testée et réglée afin de trouver les paramètres les mieux adaptés à l'observation de la Planète rouge.

    La petite caméra VMC qui ne devait filmer que le départ de Beagle-2 peut aussi nous offrir de très jolis croissants de Mars, impossibles à obtenir depuis la Terre. Son large champ de vision fournit des images globales de la planète. Seule, la sonde indienne <em>Mars Orbiter Mission</em> peut en faire autant. © Esa, CC BY-SA 3.0 IGO

    La petite caméra VMC qui ne devait filmer que le départ de Beagle-2 peut aussi nous offrir de très jolis croissants de Mars, impossibles à obtenir depuis la Terre. Son large champ de vision fournit des images globales de la planète. Seule, la sonde indienne Mars Orbiter Mission peut en faire autant. © Esa, CC BY-SA 3.0 IGO

    Des amateurs au niveau des professionnels

    L'idée était alors de l'utiliser à des fins de vulgarisation scientifique à destination du monde étudiant. Mais ces images se sont finalement révélées utiles pour un certain nombre d'applications. Elles ont par exemple ont été utilisées pour analyser la couverture nuageuse ​​et le comportement des aérosolsaérosols dans l'atmosphèreatmosphère et déterminer l'altitude des nuagesnuages. Mieux encore, des amateurs ont traité eux-mêmes les images pour les rendre plus claires et pour mieux en visualiser les détails intéressants. Ces images sont quotidiennement mises en ligne sur une page Flickr. Elles sont libres de droit pour peu que l'on respecte la licence Creative Commons. La galerie contient près de 20.000 images qui ont été vues plus de deux millions de fois.

    Aujourd'hui, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne souhaite utiliser la caméra VMC à des fins professionnelles. Elle va travailler avec le laboratoire des sciences planétaires de l'université du Pays Basque (Espagne). Durant une période initiale de deux ans, les équipes développeront des logicielslogiciels et mèneront des recherches dans différents domaines d'étude de Mars.

    Cette « webcamwebcam » sera utilisée comme une caméra de contexte pour les autres instruments de la sonde mais également pour ceux embarqués sur d'autres sondes actuellement en orbite autour de Mars. Quant aux photos, elles seront utilisées pour l'étude de l'atmosphère martienne, sa structure et les nuages qui la parcourent. Elle serviront également au suivi des variations des calottes polaires et à la surveillance des tempêtestempêtes de poussières.