Vingt-huit ans après son lancement, Hubble continue d’émerveiller le public mais aussi (et surtout) les astronomes. Comme chaque année, pour fêter cet anniversaire, la Nasa et l’ESA ont rendu publique une superbe image. Cette année, leur choix s’est porté sur la nébuleuse de la Lagune, dite aussi du Lagon. 

au sommaire


    Près de trois décennies après son lancement, le télescope spatial Hubble fonctionne toujours. Et comme chaque année, à la date anniversaire de son lancement, le 24 avril 1990, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne et la Nasa diffusent une image pour fêter l'évènement. Après le couple de deux galaxies spirales très proches l'une de l'autre (NGC 4302 et NGC 4298) pour ses 27 ans, cette année les deux agences ont choisi la nébuleuse de la Lagunenébuleuse de la Lagune, de plus en plus souvent appelée du Lagon, alias M8 (huitième objet du catalogue de Messier), ou NGC 6523, située à quelque 4.000 années-lumière de la Terre. Ce bel endroit avait déjà choisi pour l'anniversaire de 2015 (voir l'article au bas de celui-ci).

    Ce nouveau cliché n'apporte rien de nouveau à la connaissance de cet objet, lieu de formation d'étoiles et d'activité intense en raison de la présence d'étoiles très chaudes. Toutefois, au-delà de l'aspect esthétique du cliché, cette image a un intérêt scientifique. Elle nous montre différents processus du cycle de la vie et de mort des étoiles.

     Hubble a observé la nébuleuse du Lagon a plusieurs et dans différentes longueurs d’onde, notamment dans le visible (image de gauche) et l’infrarouge (image du centre). Si les observations dans l'optique permettent aux astronomes d'étudier les gaz en détail, l'infrarouge permet de voir ce qui se cache derrière les nuages de poussières et de gaz, souvent sombres. En combinant ces données, les astronomes peuvent avoir une idée plus précise des processus en cours dans la nébuleuse (image de droite). © Nasa, ESA, STSci

    Hubble a observé la nébuleuse du Lagon a plusieurs et dans différentes longueurs d’onde, notamment dans le visible (image de gauche) et l’infrarouge (image du centre). Si les observations dans l'optique permettent aux astronomes d'étudier les gaz en détail, l'infrarouge permet de voir ce qui se cache derrière les nuages de poussières et de gaz, souvent sombres. En combinant ces données, les astronomes peuvent avoir une idée plus précise des processus en cours dans la nébuleuse (image de droite). © Nasa, ESA, STSci

    Cette nébuleuse s'étend sur 55 années-lumière pour une largeur 20 années-lumière. Une telle dimension ne permet pas au télescope spatial Hubble de la photographier en entier. L'image qu'il vient d'acquérir entre le 12 et le 18 février 2018 montre une région grande de 4.000 années-lumière, centrée sur l'étoile Herschel 36. Entourée de nuagesnuages sombres, celle-ci érode et sculpte le milieu où elle s'est formée en soufflant une partie du gazgaz, créant des régions denses et d'autres moins denses. 

    Parmi les sculptures créées par Herschel-36, on note deux tornadestornades interstellaires. Ces structures, semblables à des cordes, mesurent chacune une demie année-lumière et sont assez similaires à leurs homonymes sur Terre souligne le communiqué de la Nasa et de l'ESA. Les astronomesastronomes pensent que leur forme d'entonnoir s'explique par les différences de température entre les surfaces chaudes et l'intérieur froid des nuages. Dans le futur, ces nuages de gaz et de poussières s'effondreront sur eux-mêmes et donneront naissance à une nouvelle génération d’étoiles.


    Hubble nous plonge dans la magnifique nébuleuse du Lagon

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 01/08/2015

    Les images du télescope spatial Hubble suscitent toujours l'émerveillement. Cette dernière livraison nous fait revisiter l'antre de l'une des plus belles nébuleuses du ciel d'été : celle dite du Lagon. Point de mer paisible toutefois mais un océan qui essuie une tempêtetempête.

    Cela fait déjà 25 ans que le télescope spatial Hubble nous émerveille avec les différents objets célestes qu'il nous dépeint grâce à sa vue pénétrante. Et à chaque fois, pour chaque nouvelle image publiée, c'est toujours l'étonnement et l'admiration qui reviennent. Cette fois, nous revisitons Messier 8 (M8 ou encore NGC 6523) connue aussi sous son nom plus poétique de nébuleuse du Lagon que l'astronome Agnes Clerke lui a prêté à la fin du XIXe siècle.

    Mais qu'on ne s'y trompe pas, rappelle l'Esa dans son communiqué de presse : en lieu et place d'un paisible et doux lagon que l'on croit observer (vue dans son ensemble, M8 se caractérise en effet par une traînée sombre qui peut évoquer un lagon), la région est bien au contraire un océan de gaz et de poussière très tourmenté par quelques étoiles à peine nouveau-nées . Ce nuage s'étend sur environ 40 années-lumière, à quelque 5.000 années-lumière de la Terre, en direction du centre de la Voie lactéeVoie lactée, dans le Sagittaire. C'est d'ailleurs une constellationconstellation richement dotée en nébuleuses et autres amas, ouverts (grappes d'étoiles très jeunes) ou globulairesglobulaires, qui sont, quant à eux, beaucoup plus lointains... Bref, une région du ciel d'été rempli de trésors, observable dès le début de la nuit, que nombre d'astronomes amateurs (chevronnés ou pas) aiment fouiller avec leurs instruments.

    La nébuleuse du Lagon (M8) photographiée presque tout entière, depuis le sol terrestre, par l’astronome Adam Block. On la voit surpiquée d’étoiles de l’amas ouvert NGC 6530 avec, au centre, le lagon. C’est un des plus beaux objets célestes à admirer dans le ciel d’été, en direction de la constellation du Sagittaire. L’image a été publiée sur le fameux site <a href="http://apod.nasa.gov/apod/ap150729.html" title="The Deep Lagoon" target="_blank">Apod</a>, le 29 juillet. © Adam Block, <em>Mt. Lemmon SkyCenter, University Arizona</em>

    La nébuleuse du Lagon (M8) photographiée presque tout entière, depuis le sol terrestre, par l’astronome Adam Block. On la voit surpiquée d’étoiles de l’amas ouvert NGC 6530 avec, au centre, le lagon. C’est un des plus beaux objets célestes à admirer dans le ciel d’été, en direction de la constellation du Sagittaire. L’image a été publiée sur le fameux site Apod, le 29 juillet. © Adam Block, Mt. Lemmon SkyCenter, University Arizona

    Entre chaos et création

    Pour cette livraison de 2015, Hubble nous emmène à l'intérieur, sur l'un des rivages du lagon, à la découverte de l'environnement de la turbulente étoile Herschel 36. La vue perçante de la caméra WFC2 (remplacée en 2009 par la WFC3) du télescope spatial nous donne à voir dans le domaine du visible et de l'infrarougeinfrarouge, un paysage érodé par les ventsvents ultraviolents de la jeune étoile dominante. De précédentes observations nous l'avaient montré exclusivement dans le visible. À présent, l'infrarouge nous dévoile ce qui se trame dans les parties ténébreuses de l'un de ces nuages moléculaires de la GalaxieGalaxie qui enfante des étoiles.

    Enfouie dans une massemasse sombre de gaz et de poussière, la jeune et ardente Herschel 36 ionise au moyen de son rayonnement ultravioletultraviolet fulgurant, le milieu qui l'a vu naître. À l'instar des célèbres « piliers de la création » (ou plutôt des piliers de la destruction), au cœur de la nébuleuse de l’Aigle, qu'Hubble nous a fait redécouvrir au printemps dernier, la région est aussi entièrement bousculée par une étoile massive. Agressés, des pans entiers de la nébuleuse tombent en morceaux.

    Comme vous pouvez le constater, un nuage vrillé comme une tornade relie deux grands continents de gaz et de poussières, à l'image de l'isthmeisthme de Panama. Sa formation est sans doute provoquée par la différence de températures : la partie extérieure plus chaude s'enroule autour de l'intérieur, plus froid. On découvre une myriademyriade de jeunes étoiles tapies dans les ténèbres et plusieurs globules de Bokglobules de Bok, turgescents, qui résistent aux tempêtes stellaires. D'autres nouvelles étoiles sortiront de ces bourgeonsbourgeons d'ici quelques milliers de millénaires.