Après une panne, le télescope spatial Kepler s'était placé lui-même en « mode d'urgence », un fonctionnement minimal qui empêchait les observations, consommait du carburant et laissait craindre un problème grave. La Nasa vient d'annoncer la reprise du contact et espère résoudre le problème.

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    Mise à jour le 11 avril à 19 h 30

    La Nasa vient d'annoncer le retour sous contrôle du télescope spatialtélescope spatial Kepler dans un communiqué. Un problème grave, mais inconnu, avait ces derniers jours amené l'instrument à se placer en « mode d'urgence », inhibant la plupart de ses fonctionnalités. Le télescope a pointé son antenne vers la Terre, ce qui permettra de télécharger les données de télémétrie, c'est-à-dire liées au fonctionnement de l'instrument, grâce auxquelles il sera peut-être possible de comprendre ce qui s'est passé.

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    Article paru le 11 avril à 15 h 25 :

    Début 2013, la Nasa avait eu de sérieuses inquiétudes sur la capacité du télescope spatial Kepler à poursuivre sa chasse aux exoplanètes. Pour repérer ces astres par la méthode des transits planétairestransits planétaires, il faut pointer le télescope avec précision, ce qui nécessite au moins 3 roues de réaction, des volants d'inertie utilisés dans les sondes et les satellites pour modifier leur moment angulaire sans consommer de carburant.

    En effet, en mettant en rotation ces volants par des moteurs électriques, on peut changer le moment cinétiquemoment cinétique propre à un satellite qui, par conservation du moment cinétique total, doit se mettre en rotation dans le sens opposé, et selon un nouvel axe. Cella permet donc de changer l'orientation d'un engin spatial afin de pointer adéquatement un astre avec un télescope ou une antenne parabolique par exemple.


    Comme le montre cette vidéo, le champ de gravitation d'une exoplanète nomade massive dévie les rayons lumineux de l'étoile devant laquelle elle passe et agit comme une lentille augmentant temporairement sa luminosité (brightness). Kepler doit pouvoir observer un effet de microlentille gravitationnelle de ce genre. © NASA's Ames Research Center, YouTube

    La chasse aux exoplanètes nomades est différée

    Kepler était équipé de quatre roues, par sécurité. Quand deux d'entre elles ont lâché, la question de la poursuite de la mission s'est posée. Mais les ingénieurs de la Nasa sont malins et le programme de travail, modifié, a pu être poursuivi (voir un précédent article).

    Malheureusement, la semaine dernière, ces mêmes ingénieurs, à l'occasion d'une reprise de contact de routine avec Kepler, ont découvert que l'instrument s'était placé en « Emergency Mode » (EM). Kepler dispose de cinq modes de fonctionnement (qui conditionnent les opérations effectuées à bord et les possibilités de manœuvres) : un pour l'observation, deux pour la maintenance et deux à déclencher en cas de défaillance. Le mode EM est le pire car la mémoire de massemémoire de masse interne (SSDSSD) est effacée. Les dernières données d'observation, en attente de téléchargement vers la Terre, ont donc disparu (le lecteur intéressé, et anglophone, trouvera les explications sur le manuel technique, Kepler Instrument Handbook, en particulier page 85). De plus, explique le communiqué de la Nasa, l'engin consomme davantage de carburant, ce qui va donc réduire son temps de vie.

    Les responsables de la mission ignorent la raison de ce dysfonctionnement et, même, si Kepler pourra être à nouveau être utilisé. Juste avant cette panne, les astronomesastronomes étaient sur le point de l'utiliser pour détecter des exoplanètes nomades au sein de la Voie lactéeVoie lactée par effet de microlentille gravitationnelle.

    Kepler nous a permis de découvrir plus de mille exoplanètes (1.041 ont été validées) et en a repéré des milliers d'autres qui attendent de voir leur existence confirmée par des observations au sol.