Parfois, un astéroïde géocroiseur vient passer un peu de temps avec la Terre. Il devient alors, temporairement, une petite lune, un « quasi-satellite » pour les astronomes. La Nasa vient d'épingler « le meilleur et le plus stable exemple à ce jour ».

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    Combien la Terre a-t-elle de satellites naturels ? Un seul. C'est plus que Mercure et VénusVénus, mais beaucoup moins que les planètes géantes comme JupiterJupiter et SaturneSaturne qui en comptent, chacun, plus d'une soixantaine connus.

    Cependant, il arrive que des corps minuscules viennent danser un moment autour de notre planète avant de s'en détacher de nouveau. Des astéroïdes qui croisent notre route (des géocroiseurs) et jouent les compagnons terrestres. Certes, pas de quoi rivaliser avec notre Lune (3.474 km de diamètre), actuellement distante en moyenne de 384.399 km et liée gravitationnellement à la Terre depuis environ 4,5 milliards d'années. Ce ne sont donc que des mini-lunes, en somme, qui viennent passer un peu de temps avec la Terre...

    Parmi les cas les plus célèbres identifiés depuis la fin du XXe siècle, citons 2003 YN107, découvert le 21 décembre 2003, dont l'orbite s'est enroulée autour de la Terre, sans se refermer, durant une dizaine d'années. Il fut promu quasi-satellite au cours de cette brève période. Plus récemment, 2014 OL339, découvert le 29 juillet 2014, a été déterminé comme compagnon temporaire de la troisième planète du Système solaire. Une proximité qui dure vraisemblablement depuis plus de sept siècles.

    Mais les astronomesastronomes ont trouvé mieux. Selon les premières études du Centre de recherche des objets géocroiseursgéocroiseurs de la NasaNasa au JPLJPL, le petit dernier, désigné 2016 HO3, détecté le 27 avril avec le télescopetélescope Pan-Starrs 1 à Hawaï, est « le meilleur et le plus stable exemple à ce jour de quasi-satellite ».


    Animation de l’orbite autour du Soleil (en vert) de l’objet 2016 HO3. Ce petit astéroïde devrait rester un quasi-satellite de la Terre durant plusieurs centaines d’années. © Nasa, JPL

    Quand les routes se croisent

    D'une taille estimée pour l'instant entre 40 et 100 mètres dans sa plus grande longueur, 2016 HO3 apparaît selon les calculs comme un astéroïde avec une orbite stable en compagnie de la Terre depuis au moins un siècle. Il devrait conserver cette relative proximité avec nous, sans pour autant nous menacer, au cours des prochains siècles.

    Sa trajectoire est assez originale. L'astéroïde exécute des sauts de grenouille au-dessus ou en dessous de notre planète tout au long de son orbite autour du SoleilSoleil. À peu près au même rythme que la Terre, mais en empruntant une route différente, il gravite donc autour de notre étoileétoile. Lorsque les deux routes se croisent, comme actuellement, son orbite se cale sur la nôtre. La moitié de l'année, 2016 HO3 est un petit plus proche du Soleil, donc devant la Terre. Durant l'autre moitié, il s'en éloigne et passe derrière. Une danse qui devrait encore durer quelques siècles, et cela malgré une dérive progressive.

    « Les boucles de l'astéroïdeastéroïde autour de la Terre se décalent un peu devant ou derrière d'année en année, mais lorsqu'il dérive trop loin vers l'avant ou vers l'arrière, la gravitégravité terrestre est juste assez forte pour inverser le processus et maintenir l'astéroïde, de sorte qu'il ne se promène pas plus loin que cent fois la distance de la Terre à la Lune », explique Paul Chodas, directeur du programme Neo (Near-Earth Object) de la Nasa. Il ajoute que c'est ce « même effet qui empêche l'astéroïde d'approcher de la Terre à moins de 38 fois la distance avec la Lune ». Soit environ 14,6 millions de km. La prochaine aura lieu le 9 novembre 2030...