Des astronomes ont utilisé trois télescopes des observatoires de l’ESO au Chili pour observer la planète naine Makémaké alors qu’elle passait devant une étoile lointaine et occultait sa lumière. Les nouvelles observations ont permis de vérifier pour la première fois si Makémaké était entourée d’une atmosphère.

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    La taille de la planète naine Makémaké (ou Makemake) est environ équivalente aux deux tiers de celle de Pluton. Son voyage autour du Soleil se trouve sur une trajectoire située au-delà de celle de PlutonPluton, mais néanmoins plus proche du Soleil que celle d'Eris, la planète naine connue la plus massive du Système solaire. Les observations précédentes de la glaciale Makémaké l'ont fait apparaître comme semblable à ses compagnons de la famille des planètes naines, conduisant les astronomes à supposer que son atmosphèreatmosphère, si elle existait, serait semblable à celle de Pluton. Toutefois, la nouvelle étude révèle maintenant que, comme ErisEris, Makémaké n'est pas entourée par une atmosphère significative.

    L'équipe, pilotée par José Luis Ortiz (Instituto de Astrofísica de Andalucía, CSIC, Espagne), a combiné de multiples observations en utilisant trois télescopes des observatoires de La Silla et de Paranal de l'ESO au Chili - le VLT (Very Large TelescopeVery Large Telescope), le NTT (New Technology Telescope) et Trappist (Transiting Planets and Planetesimals Small Telescope) - et des données provenant de petits télescopes en Amérique du Sud pour regarder Makémaké lorsqu'elle passait devant une étoile lointaine. « Lorsque Makémaké passe devant l'étoile et occulte sa lumièrelumière, l'étoile disparaît et réapparait de manière très abrupte, au lieu de s'estomper et de se "rallumer" progressivement. Cela signifie que la petite planètepetite planète naine n'a pas d'atmosphère significative, explique José Luis Ortiz. Il avait été supposé que Makémaké avait de fortes probabilités d'avoir développé une atmosphère. Le fait qu'il n'y en ait finalement aucune trace montre simplement que nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur ces corps mystérieux. Obtenir pour la première fois des informations sur les propriétés de Makémaké est donc un grand pas en avant dans notre étude du club très fermé des planètes naines glacées. »

    Ce diagramme montre la trajectoire de l'ombre de la planète naine Makémaké lors de l'occultation d'une étoile peu lumineuse en avril 2011 . Plusieurs sites en Amérique du Sud, incluant les Observatoires de La Silla et de Paranal de l'ESO, ont vu brièvement disparaître l'étoile alors que Makémaké occultait sa lumière. La taille de cette planète naine correspond environ aux deux tiers de celle de Pluton. Son voyage autour du Soleil se trouve sur une trajectoire située au-delà de celle de Pluton, mais néanmoins plus proche du Soleil que celle d'Eris, la planète naine connue la plus massive du Système solaire. On supposait que Makémaké avait une atmosphère, comme Pluton, mais il a été maintenant prouvé que ce n'est pas le cas. © ESO

    Ce diagramme montre la trajectoire de l'ombre de la planète naine Makémaké lors de l'occultation d'une étoile peu lumineuse en avril 2011 . Plusieurs sites en Amérique du Sud, incluant les Observatoires de La Silla et de Paranal de l'ESO, ont vu brièvement disparaître l'étoile alors que Makémaké occultait sa lumière. La taille de cette planète naine correspond environ aux deux tiers de celle de Pluton. Son voyage autour du Soleil se trouve sur une trajectoire située au-delà de celle de Pluton, mais néanmoins plus proche du Soleil que celle d'Eris, la planète naine connue la plus massive du Système solaire. On supposait que Makémaké avait une atmosphère, comme Pluton, mais il a été maintenant prouvé que ce n'est pas le cas. © ESO 

    Une occultation d'étoile révèle Makémaké

    Makémaké est très difficile à étudier, car elle n'a pas de lunes et est très éloignée de la Terre, aussi, le peu de connaissance que nous avons sur ce corps n'est qu'approximatif. Les nouvelles observations de cette équipe apportent donc beaucoup plus de précisions à notre vision de Makémaké - déterminant sa taille plus précisément, mettant des contraintes sur une possible atmosphère et estimant la densité de la planète naine pour la première fois. Ces observations ont également permis aux astronomesastronomes de mesurer le taux de lumière solaire réfléchie par la surface de Makémaké, ce que l'on appelle l'albédoalbédo. L'albédo de Makémaké, à environ 0,77, est comparable à celui de la neige sale, plus haut que celui de Pluton, mais plus bas que celui d'Eris. Il a été possible d'observer Makémaké de manière aussi détaillée uniquement car elle passait devant une étoile, un événement connu sous le nom d'occultationoccultation stellaire. Ces rares opportunités permettent aux astronomes d'enrichir considérablement leur connaissance des atmosphères parfois ténues et délicates entourant ces membres lointains, mais importants, du Système solaireSystème solaire et fournissent des informations très précises sur leurs autres propriétés.

    Les occultations sont particulièrement rares dans le cas de Makémaké car elle évolue dans une zone du ciel où il y a relativement peu d'étoiles. Prédire avec précision et détecter ces événements rares est extrêmement difficile et une observation réussie par une équipe coordonnée, répartie sur différents sites sud-américains, constitue une grande réussite. « Pluton, Eris et Makémaké font partie des exemples les plus gros des nombreux corps glacés en orbiteorbite à grande distance autour du Soleil, précise José Luis Ortiz. Nos nouvelles observations ont considérablement enrichi notre connaissance de l'un des plus gros, Makémaké. Nous utiliserons ces connaissances quand nous explorerons prochainement les curieux objets de cette région de l'espace. »