A force de chercher la vie sur Mars, les sondes spatiales risquent surtout de la lui apporter... Ce qui était un doute il y a quelques années est devenu une certitude. La stérilisation des engins spatiaux ne peut pas être parfaite, comme l'ont démontré des tests effectués dans les salles stériles de la Nasa. Environ un milliard d'organismes vivants ont probablement déjà fait le voyage jusqu'à Mars ! Et les conditions, certes difficiles, ne sont pas mortelles pour les plus résistantes des bactéries...

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    Viking-1, première sonde américaine sur la Planète rouge. Crédit Nasa

    Viking-1, première sonde américaine sur la Planète rouge. Crédit Nasa

    Véritable casse-tête pour la Nasa, le problème de la stérilisation des instruments scientifiques, mais aussi de la sonde tout entière, préoccupe de plus en plus les chercheurs. Même si les techniciens et responsables de la mission PhoenixPhoenix assurent que tout a été fait pour que leur robotrobot soit soigneusement stérilisé, ils doivent aussi admettre qu'ils courent en réalité derrière une chimèrechimère...

    En septembre 2007 déjà, des spécialistes avaient parcouru les divers locaux d'assemblage présumés stériles de la Nasa, prélevant au moyen de tampons humides des échantillons de ce qui pouvait se trouver sur le sol. Résultat : 193 espècesespèces différentes de bactériesbactéries avaient été découvertes, dont 13 inconnues par la science. La salle d'assemblage du robot Phoenix, au Jet Propulsion Laboratory, (JPL) bénéficiait quant à elle de mesures de désinfection plus poussée en raison de la nature de l'engin qui y était construit. Le même examen y révéla, en avril 2007, 132 espèces différentes de bactéries pour une densité de 100.000 par mètre carré.

    Traque aux bactéries à la Nasa. Crédit Nasa

    Traque aux bactéries à la Nasa. Crédit Nasa

    Des passagers clandestins par dizaines de milliers...

    Las, un travail acharné de nettoyage et de nouvelles désinfections appliqués aux locaux a permis de réduire en deux mois la faunefaune bactérienne à 45 espèces et 35.000 organismes au mètre carré, puis encore deux mois plus tard à 26.000 par mètre carré. On touchait là à une limite, difficile de faire mieux sans porter atteinte aux délicats mécanismes ou aux dispositifs électroniques de la sonde elle-même. C'est précisément à ce moment qu'elle quitta la chambre "stérile" pour être expédiée, via Cap Canaveral, vers la planète Mars.

    Le taux de contamination relevé dans les salles stériles de la Nasa est extraordinairement faible en comparaison de notre propre intestin, qui abrite des milliards de micro-organismesmicro-organismes. Mais tous ceux qui rêvent de maintenir une planète autre que la Terre dans un état de pureté absolu afin de ne pas interférer avec les analyses et recherches d'une vie exotiqueexotique se rendent compte, devant ces relevés, de ce qu'est leur ambition : précisément, un rêve.

    On pourrait évidemment penser que ces petits êtres vivants ne résisteront pas à l'environnement martien en raison de la température qui règne en surface, ainsi que du bombardement diurnediurne incessant par les rayons UVUV en provenance du Soleil sur une planète pratiquement dépourvue d'atmosphèreatmosphère, cela après un séjour de plusieurs mois dans le vide spatial entre la Terre et Mars.

    Mais on peut se rassurer pour elles. De nombreuses espèces survivent très bien à une longue période de dessiccation (par sporulationsporulation) ou même d'exposition au vide. Quant à l'environnement martien, plusieurs expériences ont déjà été conduites sur Terre. Ainsi, le JPL, tout comme le professeur Kasthuri Venkateswaran, microbiologistes environnemental pour le compte de la Nasa, ont présenté il y a une semaine les résultats de leurs expériences lors du congrès annuel de la Société américaine de microbiologie.

    Si la plupart des bactéries périssent sous l'effet des radiations, le JPL en a isolé une, Bacillus pumilus, une espèce très répandue capable de résister là où toutes les autres disparaissent. Une véritable petite martienne d'adoption... Kasthuri Venkateswaran a complété ces expériences en plaçant des bactéries dans des bocaux simulant l'environnement martien (température, atmosphère, rayonnement UV). Plusieurs espèces ont péri dans les cinq premières minutes. Mais disposées dans un sol qui pouvait faire écran contre les radiations, certaines survivaient.

    <em>Bacillus pumilus</em> sera-t-elle la première forme de vie que nous découvrirons sur Mars ? Crédit Nasa

    Bacillus pumilus sera-t-elle la première forme de vie que nous découvrirons sur Mars ? Crédit Nasa

    Comment reconnaître un Martien d'un Terrien inconnu ?

    Le problème est bien là : il est aujourd'hui démontré, grâce aux missions américaines et européennes (Mars OdysseyMars Odyssey, Mars Global surveyor, Mars ExpressMars Express entre autres), que le sous-sol martien renferme d’énormes quantités d’eau et vraisemblablement d'eau liquideliquide à une certaine profondeur. Ces conditions sont très favorable à certaines formes de vie, même terrestres. Des découvertes récentes ont même montré que des organismes prolifèrent dans les sédimentssédiments terrestres ou sous la glace, dans un milieu ressemblant au sous-sol martien.

    A en croire certains rapports d'experts, ce sont un milliard de spores de bactéries qui auraient été transportés sur la Planète rouge au fil des missions qui s'y sont succédé, au point d'être susceptibles d'interférer avec les futures recherches de traces de vie. Au vu des rapports de la Nasa et du JPL publiés après les recensements de bactéries organisés depuis début 2007, il est même possible que des espèces encore inconnues sur Terre soient présentes sur la Planète rouge, voire y vivent et s'y reproduisent. Autrement dit, si nous découvrons un jour une forme de vie inconnue sur la Planète rouge, il ne sera pas si facile de déterminer avec certitude si elle est martienne ou terrestre !