Diminué par une panne mécanique survenue le 25 janvier, le rover Yutu de l’agence spatiale chinoise n’est plus sous contrôle. C'est d'autant plus dommage que certains de ses instruments et systèmes fonctionnent ! Mais sans contrôle, point de salut.

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    L'avenir du rover chinoisrover chinois Yutu, également appelé Lapin de jade, est bien incertain. Au moment de la tombée de sa deuxième nuit lunaire (les jours lunaires durent 15 jours terrestres), le rover a connu une panne mécanique, sans plus de détail de la part des responsables de la mission.

    Depuis, la situation ne s'est pas améliorée. Elle s'est même aggravée. Le 9 février, lors du lever du jour lunaire, le rover ne s'est pas comporté comme il aurait dû le faire. Bien qu'il ait réussi à émettre un petit signal, le 13 février, les contrôleurs au sol n'ont pas réussi à reprendre le contrôle du rover. Depuis cette date, c'est le silence radio. Si le signal du 13 février laissait à penser qu'il était possible d'en reprendre le contrôle, on ne se fait guère d'illusions dorénavant. Yutu semble condamné, et le temps ne joue pas en sa faveur.

    Pour ce que l'on sait, la panne, d'origine mécanique, aurait empêché un des deux panneaux solaires de se replier pour se protéger du froid nocturnenocturne. Cette opération est d'autant plus importante qu'au cours de la nuit lunaire, les températures chutent fortement pour atteindre -180 °C. À cela s'ajoute une amplitude thermique élevée : le jour, les températures peuvent atteindre 120 °C.

    Panorama du site d'atterrissage de la mission Chang'e 3. Bien que le rover semble hors d’usage, le lander fonctionne toujours. © CNSA, Chinanews, Kremer, Di Lorenzo

    Panorama du site d'atterrissage de la mission Chang'e 3. Bien que le rover semble hors d’usage, le lander fonctionne toujours. © CNSA, Chinanews, Kremer, Di Lorenzo

    Chang'e 3, un succès malgré tout

    Ces éléments sont à prendre au conditionnel. Il est très difficile d'obtenir des informations fiables. L'agence spatiale chinoise (CNSA) ne communique pas aussi bien que celles des États-Unis ou de l'Europe, par exemple. En d'autres termes, pour vous informer, nous en sommes réduits à lire des articles anglophones ou francophones de la presse chinoise. Ainsi, dimanche, La voix de la Russie annonçait la mise en veille du rover.

    Cette absence de communication, quand les choses vont mal, est d'autant plus regrettable que cette mission peut être considérée comme un succès. Après deux missions réussies autour de la Lune (Chang'e 1 en 2007 et Chang'e 2 en 2010), Chang'e 3, qui préfigure des missions de surface encore plus ambitieuses, est avant tout un démonstrateurdémonstrateur de technologie. Certes, le rover n'atteindra pas les objectifs fixés, mais le lander, lui, continue à fonctionner. Poser un engin sur la Lune et le faire fonctionner n'est pas à la portée de tout le monde. Seuls deux autres pays ont réussi cet exploit : les États-Unis et la Russie.

    Pour en savoir plus sur le programme spatial de la Chine, on peut lire ShenzhouShenzhou, les Chinois dans l'espace de Philippe Coué (éditions L'esprit du temps), spécialiste français du sujet et chargé de mission à la direction du programme études générales et espace de Dassault Aviation, qui avait déjà écrit un livre sur les vols chinois habités voilà 11 ans. De la genèse de la station spatiale chinoise à la conquête de la Lune, sans oublier le mystérieux Shuguang qui préfigurera Shenzhou, l'ouvrage détaille les grandes étapes de l'histoire du programme spatial habité de la Chine.